Le fruit de l'Esprit

INTRODUCTION

Comme il est indiqué dans le premier chapitre de ce petit livre, l'auteur eut le privilège de donner cette série d'études bibliques sur le fruit de l'Esprit au cours annuel de la grande école biblique de l'Eglise « Filadelfia » à Stockholm, probablement la plus grande assemblée de Pentecôte du monde entier. Elle est publiée en réponse aux bienveillantes et nombreuses demandes de ceux qui désiraient les avoir en permanence, c'est pourquoi ce livre a été tiré, au cours d'un voyage en Afrique du Sud, de notes prises sur ces études.

Le sujet si attrayant du « Fruit de l'Esprit » et des formes diverses de sainteté pratique qui s'y rattachent ont inspiré tant de volumes à tant d'auteurs doués, qu'en ajouter un autre, si modeste fût-il, paraît presque une présomption.

Cependant, une manière très attrayante d'aborder ce sujet, semble, en grande partie, avoir été négligée jusqu'ici : c'est celle du Fruit de l'Esprit considéré du point de vue particulier de la Pentecôte. Il est inévitable que l'expérience spirituelle si puissante, si importante par elle-même, raison d'être de ce grand mouvement, nécessite une réévaluation des expériences précédentes et une révision de quelques doctrines antérieures. Dans ce petit livre il a été fait un essai dans ce sens, et les vérités essentielles contenues dans ce sujet sont abordées et expliquées, et leur utilité pratique démontrée, du point de vue de celui qui fait définitivement partie du mouvement de Pentecôte. Un aspect légèrement distinct de la question, qui vient peut-être s'y ajouter, est l'application fréquente de cette étude à ceux qui sont engagés dans l'oeuvre du ministère.

Le lecteur reprochera peut-être à cet ouvrage de ne pas entrer d'une manière approfondie dans les questions théologiques qui s'y rattachent. La raison en est qu'il est écrit spécialement pour les personnes fidèles et bien-aimées qui constituent la plus grande partie de nos assemblées, et de l'Eglise Universelle, et vise, par conséquent, à être pratique plutôt que théorique. Nous espérons que le caractère particulier de ce travail le rendra utile pour un plus grand nombre de personnes que ne le seraient des esquisses purement théologiques. Les étudiants zélés n'auront pas de difficultés à découvrir les convictions personnelles de l'auteur en fait de doctrine, car elles font nécessairement partie intégrante de toute l'étude elle-même.

Mais pour ceux qui s'intéressent spécialement à l'aspect théologique je dirai ce dont je suis moi-même persuadé : la doctrine de la Trinité implique nécessairement que les oeuvres accomplies par les différentes personnes de la Divinité peuvent, et doivent, être considérées de points de vues divers, chacun étant correct comme aspect particulier de la vérité, sans toutefois la contenir entièrement. Ainsi, nous savons que « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique », et cependant, nous savons en même temps, et d'une manière tout aussi vraie, que « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même ». De même, le Saint-Esprit est quelquefois envisagé comme l'Esprit du Père, ou l'Esprit du Fils, mais à d'autres reprises comme une Personnalité tout à fait distincte, séparée des deux autres.

L'application de ces mystères sublimes au sujet qui nous est présenté est à mon avis la suivante : les différentes qualités du caractère chrétien énumérées comme « Fruit de l'Esprit » résultent d'une manière définie d'un principe nouveau de vie au dedans d'un homme, principe apporté par la naissance d'« En Haut ». La source de cette vie, et par conséquent la Source dernière de ce « Fruit », c'est Christ Lui-même, le Sauveur, demeurant en nous. Les Écritures ramènent d'une manière évidente ces choses à Christ. (Galates 2.20, Jean 15.3, Phi 1.11 etc). Mais cette présence de Christ demeurant dans le croyant lui est nécessairement donnée par le Saint-Esprit, envisagé sous ce rapport comme « l'Esprit de Christ », parce que le Fils lui-même, dans sa Personnalité propre, comme Seconde Personne de la Trinité, est maintenant assis à la droite du Père dans les lieux célestes. Il en résulte que la source divine, du « Fruit » est le Saint-Esprit vu sous Sou aspect particulier, « d'Esprit de Christ ».

Il apparaît, dans le Nouveau Testament, comme un fait historique indéniable que le Saint Esprit peut et doit être reçu par le croyant, sous Sa Personnalité propre et distincte. Cette expérience doit suivre à première venue à la régénération ; elle est appelée le Baptême du Saint-Esprit, dont le but n'est pas de donner la Vie mais la puissance. Ses manifestations particulières ne sont pas les fruits, mais les dons spirituels.

Ce point de vue aide certainement beaucoup à résoudre le plus grand nombre des difficultés que rencontrent dans l'étude de ces sujets, les personnes observatrices et réfléchies. Car il montre comment il est possible aux croyants ayant reçu le Saint-Esprit dans Sa puissance régénératrice comme « Esprit de Christ » demeurant en eux, de manifester beaucoup de « fruit », sans avoir jamais connu l'expérience définie du baptême du Saint-Esprit. Et, d'un autre côté, il montre comment certains chrétiens peuvent exercer les dons spirituels reçus par ce baptême sans manifester le fruit de l'Esprit — s'ils négligent de maintenir la plénitude de la vie de Christ au dedans d'eux mêmes ; autrement dit, s'ils ne prennent garde de « marcher selon l'Esprit ».

Je sais fort bien que l'opinion théologique ci-dessus peut être discutée ; mais je dirai au moins ceci : la vérité de la Divinité en trois Personnes dépasse tellement la compréhension humaine que tout en nous sentant en droit de maintenir d'une manière dogmatique la vérité centrale, nous pouvons et devons montrer une grande tolérance vis-à-vis des doctrines personnelles qui essaient d'en définir les différentes manifestations. Ceci est particulièrement vrai du Saint-Esprit, car la définition exacte de sa Personne et de Son Œuvre, formant partie du mystère insondable de la Divinité, représente une profondeur de vérité théologique digne de beaucoup d'étude, et que seule la lumière de la révélation peut nous dévoiler. Je suggère respectueusement qu'une doctrine qui semble rencontrer d'une manière satisfaisante tant de faits d'expérience renferme sans doute une vérité de première importance. On n'en demande pas plus. Ceci dit, je suis heureux de laisser les questions purement théologiques pour aborder le côté toujours plus agréable, et, je crois, plus important et plus pratique.

Donald GEE.
A bord du « Balmora Castle »
Janvier 1934.

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