Histoire de la Bible en France

6. Révisions d’Ostervald

Au siècle dernier parurent diverses révisions d’Ostervald. Une révision de l’Ancien Testament parut en 1805 à Genève. A Lausanne, une révision de la Bible parut en 1822. Plusieurs des éditions de la Société biblique de Paris furent plus ou moins retouchées, sans que le titre en fasse mention.

En 1835, parut une nouvelle révision dont l’initiative fut prise, en Angleterre, par la Société pour la propagation des connaissances chrétiennes, surtout en vue de pourvoir aux besoins des Églises françaises de Jersey, de Guernesey et du Canada. Cette Société s’adressa à M. Jacques Matter, ancien élève de la Faculté de théologie de Strasbourg, qui occupait dans l’Université la haute position d’inspecteur général des études, et qui fut père de M. Albert Matter, président de la Société biblique de France. M. Matter, avec l’aide du pasteur luthérien R. Cuvier (cousin du naturaliste du même nom) et de plusieurs jeunes savants, fit paraître la révision du Nouveau Testament en 1842 et celle de l’Ancien en 1849. Le format de cette Bible est immense et incommode. Ce travail, malgré ses mérites, passa à peu près inaperçu.

Une révision du Nouveau Testament qui eut plus de succès fut celle du pasteur Charles Frossard (1869), faite sur le texte dit reçu, que la Société biblique de France publia en 1872, sur le vœu de la Conférence pastorale de Paris.

La Société biblique de France entreprit, en 1868, la révision de l’Ancien Testament. Cette révision, œuvre de cinq réviseurs, parut en 1881. La traduction de certains livres, Job par exemple, était entièrement nouvelle. A cet Ancien Testament révisé fut joint le Nouveau Testament Frossard.

Le Synode officieux de Nantes (1889) décida de confier une nouvelle révision à une « commission des versions bibliques ». Cette commission, dont le premier président fut M. Bersier, prépara la révision du Nouveau Testament sur un texte critique. Ce Nouveau Testament révisé parut en 1894, et fut soumis à l’examen des Églises et des synodes particuliers. Ceux-ci ayant demandé de nombreuses retouches, le synode de Sedan (1896) chargea divers réviseurs, qu’il désigna, de revoir minutieusement le texte du Nouveau Testament de 1894.

En 1903, la Société biblique de France publia la Révision synodale du Nouveau Testament, et en 1905 le Nouveau Testament avec les psaumes révisés. Cette révision du Nouveau Testament a une grande valeur. Elle représente dix-sept ans de travail (la première révision en prit dix, la seconde sept), et elle est le fruit des travaux d’une centaine de collaborateurs, dont une trentaine réguliers. Parmi ceux-ci, les principaux ont été M. le professeur A. Matter et MM. les pasteurs Ernest Bertrand, Elisée Lacheret, William Monod, Jacot. Les autres collaborateurs appartenaient à toutes les Églises évangéliques et à tous les pays de langue française. Cette traduction est donc une œuvre œcuménique. La révision synodale du Nouveau Testament fut accueillie dans les Églises avec enthousiasme (1). Le comité de révision achève en ce moment la préparation de l’Ancien Testament. Les principaux réviseurs de l’Ancien Testament ont été MM. les pasteurs Ernest Bertrand, Philémon Vincent et William Monod. C’est aux deux premiers qu’on doit l’excellente révision du psautier publiée en 1905. La révision du Psautier publiée en 1875 était l’œuvre de M. William Monod. La révision synodale de la Bible sera en fait une traduction entièrement nouvelle, dans laquelle il faut nous préparer à saluer la meilleure version protestante française de la Bible (2).

[Le Nouveau Testament in-16 a eu trois éditions (1903, 1905, 1907. — 18 000 exemplaires). Le Nouveau Testament in-24 a eu deux éditions (1906, 1908. — 50 000 exemplaires). Le Nouveau Testament in-8 avec psaumes de 1905 a été publié à 3000 exemplaires.

Le psautier est la seule partie de l’Ancien Testament qui ait encore paru au moment où ces pages sont écrites. Cette traduction des psaumes nous paraît extrêmement remarquable. Elle a été encore révisée depuis. Voici, dans le texte définitif, le psaume 87 :

      1. Des enfants de Coré. — Psaume. Cantique.
Les fondements de Jérusalem reposent sur les montagnes saintes :
      2. L’Éternel aime les portes de Sion ;
Il la préfère à toutes les demeures de Jacob.
      3. Un avenir de gloire t’est destiné,
O cité de Dieu ! — (Sélah).
      4. Je mentionnerai l’Égypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent,
Ainsi que les Philistins et Tyr, et l’Ethiopie :
C’est ici que sera leur lieu de naissance !
      5. Oui, on dira de Sion : Chacun d’eux est né dans cette ville ;
Et le Très-Haut lui-même l’a fondée.
      6. L’Éternel passe les peuples en revue, et il écrit :
Celui-là aussi est enfant de Sion ! — (Sélah).
      7. Alors chanteurs et joueurs de flûte disent de concert
Tu es la source où nous allons tous puiser !

Voici le psaume 131 :

1. Cantique des pèlerinages. De David.
      Éternel, mon cœur ne s’est pas enflé d’orgueil ;
Je n’ai pas porté trop haut mes regards,
Je ne recherche pas les grandeurs,
Et je n’aspire pas aux choses trop élevées pour moi.
      2. J’impose plutôt à mon âme le calme et le silence,
Comme l’enfant sevré dans les bras de sa mère :
Tel un enfant sevré, telle est mon âme.
      3. Israël, espère en l’Éternel,
Dès maintenant et à toujours !

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant