Histoire de la Bible en France

27. Inexactitudes catholiques dans la traduction du Nouveau Testament

La plupart de ces inexactitudes ont été relevées par M. Douen dans un article paru en 1868 dans la Revue de Théologie et de Philosophie dite de Strasbourg. En voici d’abord une série commune en grande partie aux quatre révisions suivantes : de Leuse (1548), de Bay (1572), Deville (1613), Frizon (1620).

Véron, dans la première révision du Nouveau Testament de Louvain (1647), ajouta d’autres altérations :

Amelote, dans la 4e révision du Nouveau Testament (1688), fait adorer Pierre par Corneille (Act.10.25), transforme les frères de Jésus en parents (Actes 1.14) et en cousins (1 Corinthiens 10.5), omet une fois dans Hébreux 9.12 (il est entré une fois dans les lieux saints), traduit, 1 Timothée 3.2 : Il faut que l’évêque n’ait épousé qu’une seule femme au lieu de : soit mari d’une seule femme, pour favoriser le célibat des prêtres, et, Jacques 5.14 : Quelqu’un est-il malade, qu’il appelle les prêtres.

La 5e révision ou Nouveau Testament dit de Mons (1667), traduction janséniste, contient moins d’altérations, mais n’en est pas exempte. On y trouve : Pendant qu’ils sacrifiaient (Actes 13.2), Ils ordonnèrent des prêtres (Actes 14.23), Le sacrement du mariage (Éphésiens 5.32), et des sommaires comme ceux-ci : confession et primauté de saint Pierre (Matthieu 16.13), mariage indissoluble (Mathieu 19.1), ordination des prêtres 2 Timothée 5.17).

Le chef-d’œuvre du genre, c’est la septième révision, le Nouveau Testament de Bordeaux (1686), où on lit :

Une dernière révision (la 8e) du Nouveau Testament de Louvain fut celle de Girodon (1692). On y lit à Jean 2.4 : Femme, que m’importe et à vous aussi ? pour : qu’y a-t-il entre toi et moi ? et on y trouve : Le baptême de pénitence.

Dans cette révision de Girodon, les notes sont pires que la traduction. Donnons-en un seul exemple, emprunté à la table.

Marie… avait fait vœu de virginité (Luc 1.34). Elle n’a jamais commis aucun péché, autrement elle ne serait pas pleine de grâce (Luc 1.28).

Excepté : Marie pleine de grâce (Luc 1.28), — il devint invisible (Luc 24.31), — n’ait eu qu’une seule femme (1 Timothée 3.2), — pénitence (Actes 19.4, etc.), — les prêtres (Jacques 5.14), aucune des altérations ci-dessus (35, si nous avons bien compté) ne se retrouve dans la version de l’abbé Crampon. — Il est dommage que cette version traduise, 1 Corinthiens 9.5, une sœur, au lieu de une sœur femme. Néanmoins, le progrès est immense.

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