Les règles du combat

6. La plus difficile des épreuves

Quelle épreuve considéreriez-vous comme la plus difficile pour un soldat de l'armée de Dieu ? Si je devais poser cette question à un groupe de personnes, je recevrais certainement une grande variété de réponses. Ma réponse va certainement vous surprendre, mais elle se base sur plus de cinquante ans de ministère chrétien à plein temps. Je crois que l'épreuve la plus difficile que nous pouvons affronter — et celle que nous sommes le moins susceptibles de passer — est celle du succès.

Salomon nous avertit : « Mieux vaut la fin d'une chose que son commencement ; mieux vaut un esprit patient qu'un esprit hautain. » (Ecclésiaste 7.8) Pour le dire autrement : ce n'est pas la façon dont vous commencez une course qui fait de vous un vainqueur, mais la façon dont vous la terminez. Un pasteur chinois expérimenté, qui avait passé plus de vingt ans en prison pour sa foi et qui est parti auprès du Seigneur il y a peu, a fait ce commentaire personnel : « J'ai vu beaucoup de gens bien commencer mais très peu ont bien fini. » Je pourrais dire la même chose.

Pour avoir des exemples de ceux qui ont connu le succès avec des résultats variables, nous allons nous tourner vers l'Écriture.

Des rois de l'Ancien Testament

Le premier roi d'Israël, Saül, était un jeune homme exceptionnel et fort qui dès le début de sa carrière militaire avait remporté de nombreuses victoires. Mais quand il a été envoyé par Dieu pour une mission contre les Amalécites, il a laissé la crainte du peuple le détourner de l'obéissance au commandement de Dieu. Le résultat, c'est que le prophète Samuel est venu le voir pour lui dire que Dieu l'avait rejeté en tant que roi.

La racine du problème de Saül était résumée dans le message de Samuel : « Lorsque tu étais petit à tes yeux, n'es-tu pas devenu le chef des tribus d'Israël, et l'Éternel ne t'a-t-il pas oint pour que tu sois roi sur Israël ? » (1 Samuel 15.17) Tant que Saül demeurait humble, Dieu pouvait le bénir. Mais quand il est devenu orgueilleux, Dieu a dû le mettre de côté.

Cela s'applique à chacun d'entre nous. Quand nous sommes petits à nos yeux, nous avons de la place pour la grandeur de Dieu. Mais quand nous devenons grands à nos propres yeux, nous ne laissons pas la place pour que Dieu manifeste sa grandeur à travers nous.

L'orgueil de Saül l'a conduit à une fin tragique. La dernière nuit de sa vie, il a consulté une sorcière, et le jour suivant il s'est suicidé sur le champ de bataille.

Le roi suivant, David, était un homme selon le cœur de Dieu. Durant des années, il a dû vivre comme un fugitif, persécuté et harcelé par le roi Saül. Pourtant il s'en est sorti victorieusement et finalement, il a laissé un témoignage magnifique.

« Il m'a mis au large. Il m'a sauvé, parce qu'il m'aime. L'Éternel m'a traité selon ma droiture. Il m'a rendu selon la pureté de mes mains. » Psaume 18.20-21

Mais plus tard, David change, ainsi que son langage :

« O Dieu ! aie pitié de moi dans ta bonté ; Selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ; Lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché. Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi. » Psaume 51.3-5

Que s'est-il passé ? Pourquoi ce changement ? David a expérimenté un succès total. Établi comme roi sur tout Israël, victorieux sur tous ses ennemis, il jouissait des fruits de son succès. Il ne sortait plus à la bataille. Il restait chez lui à Jérusalem, libre de se livrer à tout ce dont il avait envie.

Il n'a donc pas hésité à séduire Bath-Schéba, la femme de son voisin Urie. Ni à faire assassiner Urie pour couvrir son péché. À partir du moment où il a réussi, David a oublié les principes selon lesquels il vivait avant de devenir roi.

Merci Seigneur parce que David a fini par se repentir et Dieu a pardonné son péché ! Néanmoins, le péché de David a jeté une ombre sur ses descendants de génération en génération. Dieu l'avait averti : « Maintenant, l'épée ne s'éloignera jamais de ta maison. » (2 Samuel 12.10) Il est important pour nous tous de nous souvenir que le pardon de Dieu n'annule pas nécessairement toutes les conséquences de nos péchés.

Le fils de David, Salomon, qui lui a succédé en tant que roi, était aimé et choisi par Dieu. Parce qu'il a humblement reconnu son besoin de sagesse, Dieu lui a aussi donné des richesses et l'honneur. Il est devenu le roi le plus sage, le plus riche et le plus célèbre de tous les rois d'Israël.

Pourtant, malgré toute sa sagesse, Salomon n'a pas réussi le test du succès.

« À l'époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes inclinèrent son cœur vers d'autres dieux... Salomon alla après Astarté, divinité des Sidoniens, et après Milcom, l'abomination des Ammonites. Et Salomon fit ce qui est mal aux yeux de l'Éternel. » (1 Rois 11.4-6)

Malgré son glorieux commencement, Salomon est mort idolâtre.

Après Salomon, le royaume a été divisé., Tous les rois du royaume du nord, Israël, sont devenus idolâtres et ont été rejetés par l'Éternel. Beaucoup de rois du royaume du sud, Juda, se sont aussi détournés de l'Éternel vers l'idolâtrie. Cependant, il y eu certains rois vraiment droits en Juda. Pourtant aucun d'entre eux n'a vraiment réussi le test du succès.

Ezéchias, par exemple a introduit des réformes de grande envergure et a rétabli la véritable adoration envers l'Éternel. Quand Sanchérib, le roi d'Assyyrie, a assiégé Jérusalem, l'Éternel est intervenu et a accordé une délivrance miraculeuse à Ezéchias et à son peuple. Plus tard, quand Ezéchias a été malade au point de mourir, Dieu non seulement l'a guéri, mais lui a accordé un signe miraculeux en inversant la course du soleil. Il a aussi promis à Ezéchias quinze années supplémentaires de vie.

Le signe miraculeux avec le soleil a étendu la renommée d'Ezéchias à d'autres nations. Ainsi, des ambassadeurs sont venus de Babylone. Flatté par leur attention, Ezéchias leur a montré tout ce qui avait de la valeur dans son royaume. Mais il n'a pas donné la gloire à Dieu !

L'Écriture fait deux commentaires qui nous éclairent sur la conduite d'Ezéchias.

« Mais Ezéchias ne répondit point au bienfait qu'il avait reçu, car son cœur s'éleva ; (il devint fier)... Cependant, lorsque les chefs de Babylone envoyèrent des messagers auprès de lui pour s'informer du prodige qui avait eu lieu dans le pays, Dieu l'abandonna pour l'éprouver, afin de connaître tout ce qui était dans son cœur. » 2 Chroniques 32.25, 31

Nous apprenons deux choses grâce à Ezéchias. Premièrement, si Dieu vous accorde un miracle particulier, cela ne fait pas de vous une personne spéciale ; cela signifie seulement que vous avez un Dieu spécial. Deuxièmement, si Dieu retire sa présence et ne semble pas agir activement dans votre vie, cela peut vouloir dire qu'il vous éprouve pour voir comment vous vous comportez quand vous êtes livré à vous-mêmes.

Plus tard, dans l'histoire de Juda est apparu un autre roi juste, Josias. Comme Ezéchias, Josias a aussi introduit des réformes radicales et a restauré le véritable culte envers l'Éternel. Il a aussi détruit les autels des idoles à Béthel, au nord du royaume.

Mais les succès de Josias lui ont donné confiance en lui-même et il est devenu imprudent. Sans consulter l'Éternel et malgré un avertissement solennel, il s'est opposé au pharaon Néco, roi d'Égypte, et a été tué sur le champ de bataille. (voir 2 Rois 23.29) Avec lui, la dernière lueur d'espoir pour Juda, est aussi morte.

Les exemples de réussite dans le Nouveau Testament

Qu'en est-il du Nouveau Testament ? Nous donne-t-il une image différente du succès ? Regardons les principales personnalités : Jésus lui-même et trois de ses disciples Pierre, Jean et Paul. Que peut-on dire de leur fin ?

Jésus bien sûr est unique, il est le Fils de Dieu parfait et sans péché. Il n'a jamais connu l'échec. Pourtant il a fini sa vie pendu nu à une croix, exposé à des pécheurs qui se moquaient de lui. Cela a été la dernière vision que le monde a eu de Jésus. Sa résurrection qui a suivie, et la gloire qui a suivie n'ont été révélées qu'à des « témoins choisis auparavant par Dieu » (Actes 10.41) En ce qui concerne le monde, Jésus était peut-être un grand enseignant, même un homme bon, mais il n'a pratiquement pas connu le succès, et Dieu n'a jamais cherché à redresser la barre.

Qu'en est-il de Pierre, le chef des douze apôtres ? Selon une tradition fiable, Pierre lui aussi a fini sa vie sur une croix, crucifié la tête en bas, à sa propre demande parce qu'il ne se sentait pas digne de souffrir de la même manière que le Seigneur.

Nous n'avons pas de récit fiable de la mort de Jean. Mais nous savons que quand il était vieux il a été banni vers l'île rocheuse et nue de Patmos, là où il a reçu les visions rapportées dans le livre de l'Apocalypse.

Qu'en est-il de Paul ? Nous avons son propre récit sur la façon dont lui est ses apôtres vivaient :

« Jusqu'à cette heure, nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; nous sommes maltraités, errants ça et là ; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains ; injuriés, nous bénissons ; persécutés nous supportons ; calomniés nous parlons avec bonté ; nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous, jusqu'à maintenant. » 1 Corinthiens 4.11-13

Finalement, après un ministère puissant et miraculeux qui a ouvert au monde païen l'évangile, Paul a fini enchaîné dans un donjon romain froid et abandonné par certains de ses collaborateurs les plus proches. De là il n'est sorti que pour être décapité en place publique.

Est-ce que les récits de Jésus, Pierre, Jean et Paul signifient que tous les chrétiens engagés doivent nécessairement mourir en martyrs ? Ou qu'aucun chrétien engagé ne pourrait jamais être riche ? Non ! Mais cela souligne un point extrêmement important : nous ne devons jamais laisser le monde nous tenter en acceptant ses normes de réussite. Nous ne devons jamais chercher l'approbation du monde. Le désir de popularité est toujours dangereux.

Jésus a donné de sérieux avertissements à ce propos. Il dit aux pharisiens : « Car ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu. » (Luc 16.15) À ses disciples, il déclare : « Malheur, lorsque les hommes dirons du bien de vous, car c'est ainsi qu'agissaient leurs pères à l'égard des faux prophètes. » (Luc 6.26)

La clé du véritable succès

J'ai comparé mentalement la fin de ces cinq rois de l'Ancien Testament avec celles de Jésus et de ses disciples. Quelle est la clé, me demandais-je, pour se forger un caractère de réussite ? Le Seigneur m'a conduit vers deux passages.

Premièrement, les paroles de Paul : « ... mais je donne un avis, comme ayant reçu du Seigneur miséricorde pour être fidèle. » (1 Corinthiens 7.25) Je me suis rendu compte que pour être fidèle, je dois être totalement dépendant de la grâce du Seigneur. Je ne peux pas me confier en autre chose : mes études, mes dons spirituels, mes actions passées, mes années dans le service chrétien. Il n'y a qu'une seule chose qui peut me rendre fidèle : la grâce de Dieu. Je dois être sur mes gardes contre tout ce qui pourrait troubler ou étouffer mon sens de la dépendance. Je dois particulièrement être attentif à toute forme d'orgueil, qui n'est rien d'autre que dépendre de moi-même.

Deuxièmement, ces paroles de Jésus : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre. » (Jean 4.34) La nourriture de Jésus (la source de sa vie et sa force), sa seule détermination était de faire la volonté de Dieu jusqu'à la fin de sa vie. C'est la véritable réussite à laquelle vous et moi devons tendre.

Mise en pratique

  1. Pourquoi la réussite peut-elle être le test le plus difficile dans votre vie ?
  2. Que pouvez-vous faire pour sauvegarder votre vie ?
  3. Pourquoi la grâce de Dieu est-elle aussi importante pour vous ?

Verset à mémoriser :

« Celui qui se confie dans ses richesses tombera, mais les justes verdiront comme le feuillage. » Proverbes 11.28

La réponse de la foi

Père, éloigne de moi les tromperies et les mensonges. Ne me conduis pas en tentation mais délivre-moi du mal. Je fais confiance à ta grâce ô Seigneur ; tes bontés se renouvèlent chaque matin. Je m'humilie devant toi. Dispose mon cœur pour te suivre et marcher sur tes sentiers de la justice.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant