Les règles du combat

15. Développer le fruit spirituel

Il existe encore une différence de nature entre les dons et le fruit. On pourrait illustrer cela en comparant un arbre de Noël et un pommier.

Simplement, on pourrait dire que l'arbre de Noël offre des cadeaux gratuitement. Il n'y a pas de délai ni d'effort pour les personnes qui reçoivent les cadeaux.

Il faut par contre du temps et des efforts pour cultiver le fruit qui vient du pommier. Tout d'abord il faut placer la semence dans la terre. À partir de là, une racine va descendre dans le sol et en même temps une pousse va sortir. Après plusieurs années, la pousse devient un arbre. Enfin des fleurs vont apparaître sur l'arbre. Puis elles vont ensuite tomber et le fruit va commencer à se développer.

Si on veut que l'arbre devienne fort, les fleurs ou les jeunes fruits doivent être arrachés les premières années afin que le système racinaire de l'arbre se développe pour supporter un gros arbre. Plusieurs années se passent avant que les pommes soient bonnes à manger. (Sous la loi de Moïse il fallait au moins quatre ans. Voir Lévitique 19.23-25)

Le pommier est fragile à différentes étapes de sa croissance. De forts vents peuvent déraciner un jeune arbre, ou à un stade plus avancé, le gel peut détruire soit les fleurs soit les fruits.

Dans ce processus, la semence et le fruit, sont liés l'un à l'autre. Le fruit doit grandir à partir d'une semence, mais il faut des fruits pour produire de futures semences. Au début de la création Dieu a ordonné que chaque arbre fruitier porte du fruit « ayant en eux leur semence selon leur espèce. » (Genèse 1.12)

Les formes de fruit spirituel

Le Nouveau Testament parle de dons spirituels au pluriel. Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, les neufs dons sont cités dans 1 Corinthiens 12.8-10. Le Nouveau Testament parle du fruit spirituel au singulier. Les neuf formes de fruit spirituel sont citées dans Galates 5.22-23 : l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.

L'amour, la première forme du fruit est cité en premier. Les autres qui suivent peuvent se voir comme des façons différentes dont l'amour se manifeste.

Nous pourrions aussi décrire le fruit de l'Esprit comme différentes façons par lesquelles le caractère de Jésus se manifeste à travers ceux qu'il habite. Quand toutes les formes du fruit se développent pleinement, c'est comme si Jésus par le Saint-Esprit, était incarné dans ses disciples. Ces sont ces étapes sur lesquelles je voudrais me centrer.

Les sept étapes de la croissance

Pierre cite ces étapes mais commence par nous avertir que pour suivre ce processus il faudra du zèle. Paul exprime la même chose d'une autre façon quand il dit : « C'est au cultivateur qui travaille dur, que doivent revenir, en premier lieu, les fruits de la récolte. » (2 Timothée 2.6, Bible de Jérusalem) On ne peut pas vraiment réussir à forger un caractère chrétien sans zèle et sans dur travail.

Quand la semence de la parole de Dieu est plantée dans un cœur, la foi commence à grandir. C'est le point de départ indispensable au processus. À partir de la foi, suivent sept étapes de développement jusqu'à ce que le caractère chrétien soit pleinement formé. Pierre cite ces étapes successives dans 2 Pierre 1.5-7. Je les ai notées en italique ci-dessous :

« À cause de cela même, faites tous les efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité. »

Première étape : la vertu

La première étape est traduite soit par vertu soit par excellence morale. À l'origine, en grec, le mot s'appliquait à l'excellence dans tous les domaines de la vie : modeler un vase d'argile, diriger un bateau ou jouer de la flute. Ici dans le Nouveau Testament également, je crois que sa signification ne devrait pas être limitée au caractère moral. Il couvre tous les domaines possibles de la vie.

Un professeur qui vient à Christ devrait devenir un excellent enseignant. Une infirmière devrait devenir une excellente infirmière. Un homme et une femme d'affaires chrétiens devraient exceller dans leur domaine de compétence. Il n'y a pas de place pour la négligence ou la paresse dans n'importe quel domaine de la vie chrétienne. Il est très rare, que Dieu appelle une personne qui est en échec dans le monde séculier pour réussir dans un appel spirituel. Celui qui est infidèle dans les petites choses (le séculier) sera aussi infidèle dans les grandes (spirituelles) (voir Luc 16.10)

Deuxième étape : la connaissance

La deuxième étape du développement spirituel est la connaissance. Il y a bien entendu beaucoup de formes de connaissance. La connaissance vantée dans l'Écriture est d'abord pratique et pas simplement théorique. C'est la connaissance qui fonctionne. Depuis que je suis venu à Christ venant d'un milieu de philosophie contemplative, c'est ce qui m'a le plus impressionné concernant la Bible. Elle est extrêmement concrète.

L'exemple biblique est l'enseignement de Jésus lui-même : il n'entre pas dans la catégorie de ce que nous appellerions “théologie”. Il n'a jamais proposé de théories compliquées et abstraites. Son enseignement était basé sur des activités familières et concrètes : semer la semence, attraper du poisson, prendre soin du bétail.

La forme de connaissance la plus essentielle dans la vie chrétienne est la connaissance de la volonté de Dieu comme elle est révélée dans l'Écriture. C'est aussi pratique. Cela demande une étude régulière et systématique de toute la Bible.

« Toute Écriture est inspiré de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. » 2 Timothée 3.16-17

J'ai été choqué de découvrir le nombre de personnes se prétendant chrétiennes qui n'ont jamais lu la Bible dans son intégralité. De telles personnes se mettent elles-mêmes des limites à leur développement spirituel.

Troisième étape : la maîtrise de soi

Après la connaissance vient la troisième étape : la maîtrise de soi, aussi appelée discipline personnelle (voir 2 Timothée 1.7). C'est à ce stade que le chrétien doit se révéler être un véritable disciple, c'est-à-dire une personne sous la discipline et pas simplement un membre d'église. Ce genre de discipline doit s'appliquer dans tous les domaines principaux de nos personnalités, nos émotions, nos attitudes, nos pensées. Elle doit gouverner non seulement nos actions mais plus important encore, nos réactions.

Quatrième étape : la persévérance

Tant que nous n'avons pas développé ce type de discipline, nous ne pouvons pas passer à la quatrième étape, la persévérance, ce qui implique la capacité à passer différents tests et épreuves qui vont inévitablement mettre en évidence les domaines de notre personnalité qui sont faibles et indisciplinés. Cela met en évidence l'une des raisons pour lesquelles certains chrétiens ne progressent plus à partir d'un certain stade de développement spirituel. Ils n'ont jamais rempli ces deux exigences que sont la maîtrise de soi et l'endurance. Pour reprendre l'illustration du pommier, leurs fleurs sont emportées par les vents de l'adversité ou leurs jeunes fruits sont tués par le gel du rejet.

Cinquième étape : la piété

Dans les trois dernières étapes de développement on voit ressortir la beauté du véritable caractère chrétien. La piété, la cinquième étape, est la marque d'une personne dont la vie est centrée sur Dieu, une personne qui est devenue un canal de la présence de Dieu. Où que cette personne aille, l'atmosphère est imprégnée par un léger parfum unique et persistant. Il peut n'y avoir aucune prédication ni aucune activité religieuse. Pourtant les gens sont étrangement conscients des questions éternelles.

Smith Wigglesworth a relaté un incident qui illustre l'impact qu'une présence pieuse peut avoir dans une atmosphère non religieuse. Après quelques instants de prière en privé, Smith s'assit dans un train. Sans qu'il ait dit un mot, l'homme face à lui, un complet étranger, laissa échapper : « Votre présence m'a convaincu de péché. » Smith a ainsi pu lui présenter Christ.

Sixième étape : la communion fraternelle

Les deux dernières étapes de développement montrent deux sortes d'amour différents. Le premier, la communion fraternelle, décrit la façon dont les chrétiens doivent se comporter envers les autres croyants, c'est-à-dire leurs frères et sœurs en Christ.

Quand j'ai commencé à considérer la liste des sept étapes du développement spirituel pour la première fois, j'ai été surpris de voir que la “communion fraternelle”, le genre d'amour que les chrétiens doivent avoir les uns pour les autres soit l'avant dernière étape. Mais j'ai ensuite réalisé que la Bible est réaliste. Elle ne dépeint pas une image religieuse et sentimentale sur la façon dont nous, chrétiens, devons nous traiter. Laissez-moi vous dire quelque chose qui pourrait vous choquer : il n'est pas facile pour les chrétiens de s'aimer les uns les autres.

C'est largement confirmé par deux mille ans d'histoire de l'Église. Il s'est rarement passé un siècle qui ne soit marqué par des luttes amères et des discordes, et même de la haine ouverte entre des groupes chrétiens rivaux, tous se proclamant souvent comme “la véritable Église”.

Le fait qu'une personne se soit repentie de ses péchés et ait clamé son salut en Christ ne signifie pas que tout son caractère a été instantanément transformé. Il y a certainement eu un processus très important mis en marche mais il faut de nombreuses années pour que ce changement se retrouve dans tous les domaines du caractère de la personne.

Quand David avait besoin de pierres polies pour mettre dans son lance-pierres pour tuer Goliath, il est descendu dans la vallée, la place la plus basse de l'humilité. Là, dans le torrent il a trouvé le genre de pierre dont il avait besoin (voir 1 Samuel 17.40). Qu'est-ce qui les a rendues polies ? Deux pressions : premièrement l'eau coulant sur elles, ensuite le frottement continuel les unes contre les autres.

C'est une image de la façon dont le caractère chrétien se forme. Premièrement, il y a le lavage continuel de l'eau de la Parole (Éphésiens 5.26). Deuxièmement, comme les pierres se frottent les unes les autres dans des relations personnelles, les arêtes brutes sont graduellement érodées, jusqu'à devenir polies.

Entre parenthèses, laissez-moi ajouter que quand Jésus a besoin de “pierre vivantes” pour son lance-pierres, lui aussi va dans la vallée, la place de l'humilité. Là, il choisit des pierres qui ont été “polies” par l'action de la parole de Dieu et par les pressions de la communion régulière avec d'autres croyants. C'est une marque de maturité spirituelle que d'aimer sincèrement les autres chrétiens, non pas simplement pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'ils représentent pour Jésus qui a versé son sang pour chacun d'entre eux.

Septième étape : l'amour agape

La dernière étape du développement, l'amour agape, représente le fruit complet et mur du caractère chrétien. Ce n'est plus la façon dont nous nous comportons avec nos frères croyants. C'est l'amour même de Dieu pour les ingrats et les païens. C'est l'amour qui nous pousse à bénir « ceux qui nous maudissent, à faire du bien à ceux qui nous haïssent et à prier pour ceux qui nous maltraitent et qui nous persécutent. » (Matthieu 5.44)

C'est l'amour que Christ a démontré sur la croix quand il a prié pour ceux qui l'ont crucifié : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'il font. » (Luc 23.34) C''est ce même amour qui a poussé Etienne à prier pour ceux qui le lapidaient : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » (Actes 7.60)

Pour ma part, quand je contemple l'image biblique du fruit pleinement développé du Saint-Esprit, je suis à la fois humble et motivé. Humble parce que j'ai encore tellement de chemin à faire. Motivé parce que j'ai jeté un coup d'œil à quelque chose de plus beau que tout ce que le monde peut offrir.

C'est une image qui m'aide, à travers les paroles de Paul : « oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant. » Les jours à venir ne vont pas être faciles ; il seront rarement sans bataille. Mais le but, le prix, est celui « de la vocation céleste en Jésus-Christ. » (Philippiens 3.13-14) Êtes-vous avec moi ? Poursuivons.

Mise en pratique

  1. Comment s'explique l'amour à travers le fruit de l'Esprit ? Voyez-vous ces expressions dans votre attitude envers les autres ?
  2. Comment murit votre fruit ? À travers quelques expériences ?
  3. Quels rôles jouent le zèle (travail dur) et la foi dans les étapes de la croissance, et pourquoi sont-ils si importants ?

Verset à mémoriser

« Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. » (2 Pierre 1.8

La réponse de la foi

Père, tu es le vigneron, et je te fais confiance pour porter du fruit à travers de moi. Je serai zélé dans ma marche pour demeurer en toi et exprimer tes louanges.

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