Les règles du combat

26. Apprendre des erreurs de Balaam

À première vue, on pense que l'histoire de Balaam le devin, rapportée dans Nombres 22-24, n'est pas pertinente pour les chrétiens engagés dans la bataille spirituelle des derniers temps. Cependant, si tel était le cas, les auteurs du Nouveau Testament n'auraient probablement pas trouvé d'intérêt à son histoire. Ils se réfèrent à Balaam dans trois passages différents, toujours avec une note d'avertissement. Il est donc clair que son histoire contient des leçons importantes pour nous lorsque nous prenons notre poste.

Balaam est une personnalité étonnante et qui intrigue, un mélange déroutant entre les dons spirituels surnaturels et un caractère corrompu. Nous voyons de façon significative de plus en plus de ministères dans l'Église d'aujourd'hui avec un mélange similaire entre dons spirituels et caractère corrompu.

L'histoire commence

L'histoire de Balaam s'ouvre avec le peuple d'Israël enfin installé à la frontière de Canaan. Sa présence effraie Balak, roi de Moab, dont le territoire côtoie le campement israélite. Il considérait apparemment les israélites comme une menace pour son royaume, bien que le peuple d'Israël n'ait rien fait pour inspirer une telle frayeur.

Se sentant incapable d'affronter Israël dans la bataille, Balak décida d'utiliser les armes spirituelles contre lui. Il envoya certains de ses princes avec de l'argent pour payer le devin, afin de demander à Balaam de venir prononcer une malédiction sur Israël. En tant que “devin” (diseur de bonne aventure ou sorcier) Balaam avait la réputation de prononcer des paroles de bénédictions ou de malédictions avec un puissant effet positif ou négatif.

Balaam venait de Pethor en Mésopotamie. Il n'était pas israélite, pourtant il avait une connaissance personnelle du véritable Dieu. À un moment donné de cette histoire, par exemple, Balaam se réfère à « l'ÉTERNEL mon Dieu » (Nombres 22.18). L'ÉTERNEL (en lettres capitales) est la traduction du nom sacré de Dieu, rendu soit par « Jéhovah » ou « Yahweh ». Balaam connaissait Dieu par son nom sacré et l'appelait « mon Dieu ».

Quand les premiers émissaires de Balak arrivèrent, Dieu dit à Balaam de ne pas aller avec eux pour maudire Israël. (voir Nombres 22.12) Balaam obéit.

La réponse de Balak fut d'envoyer un plus grand nombre de princes, encore plus honorables, avec la promesse d'une récompense plus grande. Cette fois, l'Éternel donna à Balaam la permission d'y aller à une condition : « Si ces hommes viennent t'appeler. » (Nombres 22.20)

Il n'est pas dit que ces hommes ont de nouveau appelé Balaam. Pourtant il y est allé et sa désobéissance a attiré la colère de l'Éternel qui s'est opposé à lui lors de son voyage et l'a presque tué. Enfin, l'Éternel l'a laissé y aller, mais y a mis une condition : « Va avec ces hommes ; mais tu ne feras que répéter les paroles que je dirai. » (Nombres 22.35)

Balak a accueilli Balaam et a fait les préparatifs les plus élaborés afin qu'il maudisse Israël. Mais chaque fois le résultat a été exactement à l'opposé. En tout, Balaam a prononcé quatre prophéties, qui sont parmi les plus belles et les plus puissantes dans l'Écriture de l'engagement irrévocable de Dieu à bénir Israël.

Dieu ayant fait échouer la tentative de maudire Israël, Balaam a proposé une stratégie différente contre lui. (voir Nombres 31.16) Si les femmes moabites pouvaient entraîner les Israélites dans l'idolâtrie et l'immoralité il ne serait pas nécessaire de les maudire. Dieu lui-même amènerait le jugement sur eux. La deuxième stratégie de Balaam a réussi et 24 000 Israélites périrent sous le jugement de Dieu. (voir Nombres 25.1-9)

Dans tout cela Balaam fit preuve d'une inconstance tout à fait étonnante. À plusieurs reprises, il lui fut explicitement défendu de maudire Israël. Par une révélation surnaturelle, il a affirmé quatre fois le dessein invariable de Dieu de bénir Israël et de juger ses ennemis. Mais il a persisté dans son entêtement à coopérer avec Balak, l'ennemi d'Israël, et à comploter pour la destruction d'Israël. Il était alors normal qu'il périsse sous le même jugement que les autres ennemis d'Israël exécutés par les Israélites avec les rois de Madian. (voir Nombres 31.8)

Nous sommes conduits à nous demander : quelle motivation pouvait être assez puissante et convaincante pour que Balaam ait agi en opposition directe à la révélation qu'il avait reçue de Dieu pour le conduire finalement à sa propre destruction ? Deux auteurs du Nouveau Testament répondent à cette question.

En parlant des faux docteurs dans l'Église, Pierre dit : « Après avoir quitté le droit chemin, ils se sont égarés en suivant la voie de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire de l'iniquité. » (2 Pierre 2.15)

Jude dit même en parlant des faux docteurs : « Ils se sont jetés pour un salaire dans l'égarement de Balaam. » (Jude 11)

La réponse est claire. Balaam a été tenté jusqu'à sa destruction par l'amour de l'argent. Pour cela, il a accepté de livrer à la prostitution ses merveilleux dons spirituels. Il était probablement aussi flatté de l'attention reçue de la part du roi Balak et de ses princes. L'amour de l'argent est étroitement associé au désir de popularité et de puissance. Tous ces mauvais désirs naissent à partir du même terreau : l'orgueil.

Leçons de Balaam

Voici les trois leçons importantes que nous devons tirer de l'histoire de Balaam.

Premièrement, le Dieu Tout Puissant s'est engagé de façon irrévocable à faire des juifs son peuple pour toujours. Il n'y a aucune puissance dans l'univers, qu'elle soit humaine ou satanique, capable d'annuler cet engagement. Les juifs ont été de nombreuses fois infidèles à Dieu, et cela a amené de graves jugements de la part de Dieu contre eux, mais leur infidélité ne pourra jamais annuler la fidélité de Dieu.

C'est Dieu qui est à l'initiative de cette promesse et non pas les hommes. Les juifs n'ont pas choisi Dieu, mais Dieu a choisi les juifs.

J'ai un jeune ami, un ancien musulman, appelons-le Ali, qui s'est converti de façon surnaturelle à Christ. Après sa conversion, il a commencé à apporter à Dieu tout ce qu'il avait contre les juifs. À un moment Dieu a répondu : « Ali, ton problème n'est pas avec les juifs, mais avec moi. C'est moi qui les ai choisis. » Ce jeune homme a maintenant un ministère qui amène les musulmans à Christ et leur enseigne à prier pour les juifs.

Dans Nombres 24.9, la prophétie de Balaam révèle un facteur décisif pour la destinée des hommes et des nations. En parlant d'Israël, il dit : « Béni soit quiconque te bénira, et maudit soit quiconque te maudira ! »

De même les individus et les nations déterminent leur destinée, souvent sans en avoir conscience, par leur attitude envers les juifs. Ceux qui bénissent sont bénis et ceux qui maudissent sont maudis.

Deuxièmement l'une des armes les plus puissantes et les plus performantes de Satan contre nous, c'est l'amour de l'argent. Cela est vrai depuis les premiers jours du christianisme jusqu'à maintenant. Un ministère accompagné de signes surnaturels puissants, en particulier des miracles de guérison, peut presque toujours devenir un moyen de faire de l'argent.

Paul faisait la différence entre son propre ministère et celui de beaucoup de chrétiens contemporains avec ces paroles : « En tout cas nous, nous ne sommes pas comme tant d'autres qui accommodent la parole de Dieu pour en tirer profit. » (2 Corinthiens 2.17 version Semeur) Même du temps de Paul, beaucoup de chrétiens utilisaient leur ministère pour faire de l'argent !

L'argent en lui-même n'est pas mauvais. Ce n'est pas forcément un péché d'être riche. Par nature l'argent est neutre. Il peut être utilisé pour le bien ou pour le mal. Mais quand nous commençons à aimer l'argent, alors nous sommes pris dans le piège de Satan. Paul utilise le même langage solennel pour nous avertir contre cela :

« Ceux qui veulent à tout prix s'enrichir s'exposent eux-mêmes à la tentation et tombent dans le piège de nombreux désirs insensés et pernicieux qui précipitent les hommes dans la ruine et la perdition. Car l'amour de l'argent est racine de toutes sortes de maux. Pour s'y être abandonné, certains se sont égarés très loin de la foi, et se sont infligé beaucoup de tourments. » 1 Timothée 6.9-10

Dans mon propre ministère, j'ai souvent enseigné sur le plan de Dieu pour la prospérité des chrétiens engagés à servir les desseins de son royaume. Pourtant, en regardant en arrière, je regrette les occasions où j'ai enseigné ce message sans le contrebalancer avec l'avertissement de Paul ici, dans 1 Timothée. Dans mon esprit, je vois les chrétiens qui ont succombé à l'amour de l'argent comme des gens qui ont pris un poignard empoisonné et l'ont plongé dans leur propre chair. C'est certainement ce que Balaam a fait.

Troisièmement, nous devons comprendre la différence entre les dons spirituels et le fruit spirituel. Les dons représentent la capacité, mais le fruit représente le caractère. Comme nous l'avons vu, un don vient à travers une unique transmission, mais le fruit vient à travers un long processus de développement. Recevoir un don spirituel ne change pas en soi le caractère d'une personne. Si une personne était fière, peu fiable et malhonnête avant de recevoir un don spirituel, elle sera toujours fière, peu fiable ou malhonnête une fois le don reçu.

Par contre, recevoir un tel don augmente la responsabilité de la personne parce que cela accroît l'influence qu'elle peut avoir sur les autres. Cela peut aussi amener la tentation de voir “le succès” dans la vie chrétienne en termes d'exercices des dons spirituels plutôt qu'en terme de développement d'un caractère saint. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus une personne reçoit de dons, plus elle devra faire attention à cultiver le fruit. Quand nous passerons du temporel à l'éternité, nous laisserons derrière nous nos dons, mais notre caractère perdurera pour toujours.

La prière de Balaam démontre qu'il avait une vision claire de la bénédiction qui atteint le juste : « Qu'il me soit accordé la même mort que celle de ces justes, et que mon avenir soit identique au leur ! » (Nombres 23.10) Pourtant la prière de Balaam n'a pas été exaucée. Il a été exécuté lors du jugement de Dieu sur les Moabites, dont l'argent l'avait poussé à se positionner contre Dieu.

Le sort de Balaam nous donne une illustration explicite de l'enseignement de Jésus donné dans Matthieu :

« Pour entrer dans le royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : “Seigneur ! Seigneur !» Il faut accomplir la volonté de mon Père céleste. Au jour du jugement, nombreux sont ceux qui me diront ; “Seigneur ! Seigneur ! Nous avons prophétisé en ton nom, nous avons chassé des démons en ton nom, nous avons fait beaucoup de miracles en ton nom.” Je leur déclarerai alors : “Je ne vous ai jamais connus ! Allez-vous-en, vous qui pratiquez le mal !” » (Matthieu 7.21-23)

En termes simples, rien ne peut se substituer à l'obéissance à Dieu. À elle seule, c'est une règle suffisante pour un soldat chrétien.

Mise en pratique

  1. Pourquoi certaines personnes qui ne servent pas Dieu avec fidélité peuvent quand même recevoir des dons spirituels ?
  2. Quelle est la relation de votre cœur avec l'argent ?
  3. Revoyez les leçons importantes que nous avons apprises de l'histoire de Balaam. L'orgueil vous empêche-t-il d'adhérer à l'une d'entre elles ?

Verset à mémoriser

« Car l'amour de l'argent est racine de toutes sortes de maux. Pour s'y être abandonné, certains se sont égarés très loin de la foi, et se sont infligé beaucoup de tourments. » 1 Timothée 6.10

la réponse de la foi

Seigneur, tu es mon aide et celui qui pourvoit. Tu as dit que tu ne me laisseras jamais et que tu ne m'abandonneras jamais. Je serai obéissant envers toi pour faire ta volonté. Que ta volonté soit faite sur la terre en moi et à travers moi.

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