L’Église primitive jusqu’à la mort de Constantin

Avant-propos du traducteur.

Ce livre est une traduction ; il n’est, ne veut être et ne devait être que cela. Lorsque nous avons accepté la tâche de traduire, nous avons promis de nous montrer scrupuleux. Nous ne pensons pas avoir failli à cet engagement.

Peut-être nous sera-t-il permis de reproduire ici une phrase ou deux de l’Introduction d’un opuscule allemand, que nous traduisions en 1876. « En premier lieu, disions-nous, comme le lecteur ne tardera pas à s’en apercevoir, nous avons sacrifié l’élégance, et même, si nous n’avons pu faire autrement, la correction à la fidélité. Puisqu’un traducteur doit être un traître, nous préférons trahir notre langue, que chacun connaît, que la pensée de notre auteur. » Notre méthode n’a point changé. Tel l’ouvrage nous a été remis en anglais, tel nous le donnons en français. Si donc nous nous sentons responsable de la forme, quelle qu’elle soit, nous laissons aux auteurs toute la responsabilité du fond.

Si maintenant nous étions appelé à donner notre opinion sur l’ouvrage lui-même, quelques lignes suffiraient à la résumer. Ce qui en fait, à nos yeux, le très réel mérite, c’est qu’il abonde en détails sur la situation intérieure de l’Église primitive. Sans doute les destinées extérieures de l’Église y occupent leur place normale, mais l’effort des auteurs a porté sur le côté intérieur et intime de son histoire. Leur œuvre en tire donc un caractère et une importance à part.

Nous laissons à la Préface — la seule partie de l’ouvrage (sauf les notes) pour laquelle nous ayons demandé et obtenu une plus grande liberté en faveur du traducteur — le soin d’expliquer pourquoi deux auteurs ont coopéré à cette œuvre, et d’indiquer le but spécial qu’ils ont poursuivi. Quant aux gravures, aux photographies et aux chromolithographies, qui font du volume un ouvrage de luxe, nous croyons inutile d’insister sur l’intérêt qu’elles y ajoutent et l’originalité qu’elles lui donnent. La presse et le public anglais ne s’y sont pas trompés, et au bout d’une année il fallait songer à préparer une seconde édition. C’est celle qui a servi à notre traduction.

Pourquoi, d’ailleurs, une histoire ecclésiastique ne serait-elle pas en même temps un ouvrage de luxe ? Pourquoi serait-elle nécessairement trop austère ou aride ? Pourquoi, laissant à l’école la science pure et l’érudition, qui doivent, de toute nécessité, y trouver leur place, ne rendrait-on pas la connaissance des annales de l’Église chrétienne plus désirable pour le public en général, en la rendant plus attrayante ? Pourquoi, enfin, ne saurait-on pas gré aux auteurs de l’Église primitive d’avoir voulu joindre à la sûreté des renseignements le charme qu’offre toujours un beau livre ? Si l’on y regarde de près, on trouvera que, en s’imposant de si lourds sacrifices pour atteindre ce résultat, les auteurs ont poursuivi un but noble et élevé. Membres de l’Église chrétienne, ils ont voulu la faire aimer, et, pour la faire aimer, la faire connaître. Au fond, c’est le seul bon moyen.

Puissent leurs efforts dans ce sens, si bien secondés, pour cette traduction, par ceux de l’éditeur français, ne pas être restés stériles !

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