Démonstration évangélique

LIVRE I

INTRODUCTION

Voici, ô Théodore, honneur de l’épiscopat, homme de Dieu uniquement consacré à son service, qu’après avoir terminé avec l’aide de Dieu et celle de son Verbe Notre-Seigneur, la première préparation à la connaissance de l’Évangile, dans un écrit renfermé en quinze livres, je marche à la conclusion de mon plan par celui que je vous offre : veuillez accueillir, ô tête chérie, ainsi que la demande que je vous adresse, de concourir à l’achèvement de mon travail par le secours de vos prières. Désormais je me propose d’appuyer la démonstration de l’Évangile sur les prophéties contenues depuis les temps les plus reculés dans les livres saints des Hébreux. Comment et d’après quelle méthode ? Le voici : vous connaissez ces hommes chéris de Dieu, célèbres dans tout l’univers, Moïse et les interprètes de la volonté divine, qui ont brillé après lui, les prophètes et les hiérophantes. Ce sont là les témoins dont je veux faire usage pour démontrer la relation de leurs prédictions avec ce qui est venu en lumière bien des siècles après elles, prédictions vérifiées par la première prédication de l’Évangile de notre Sauveur, puis parce que nous voyons chaque jour s’accomplir sous nos yeux, et dont l’Esprit divin nous a annoncé l’avènement, en sorte qu’on peut dire que ce qui n’était pas arrivé, l’était cependant pour nous ; que ce qui n’avait jamais eu de germe d’existence, existait déjà à nos regards. Ce n’est pas tout encore : nous sommes instruits à l’avance par ces mêmes Écritures des faits qui doivent se produire dans l’avenir, de manière à les connaître en partie, et en sondant les temps futurs, à signaler les éventualités que l’accomplissement des premiers oracles nous donne lieu d’attendre chaque jour. Quels sont ces faits ? ils sont infinis en variété comme en nombre, embrassant l’universalité de la race humaine, se distribuant sur chacun des membres qui la composent : ils sont donc généraux et particuliers. Cependant pour nous restreindre aux Hébreux et à leur histoire dans son rapprochement avec les nations du dehors, combien ne voyons-nous pas annoncées d’avance de destructions de villes, de variations dans les temps, de révolutions dans les états, de prospérités réalisées, d’adversités infligées, de peuples asservis, de sièges de villes, de dynasties détrônées puis rétablies, enfin mille choses qui ne trouveront leur place que dans la longue suite des siècles à venir ? Toutefois celui auquel nous vivons, ne réclame pas la preuve de tout cet ensemble de faits ; renvoyant aux temps qui suivront, l’examen de ceux qui les concernent, nous constaterons par ce qui nous est connu, la vérité des prophéties, gage de la certitude de ce que nous passons sous silence.

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