Démonstration évangélique

LIVRE III

CHAPITRE IV
LES ŒUVRES DIVINES DU CHRIST

Examinons d’abord les miracles qu’il a répandus avec une sorte de prodigalité durant le cours de sa vie mortelle, lorsqu’il purifiait les lépreux par sa vertu divine, qu’il chassait d’un simple mot les démons des hommes qu’ils tourmentaient, et qu’il guérissait toutes sortes d’infirmités et de maladies.

Un jour il dit à un paralytique : Levez-vous ; prenez votre lit et marches : et le malade lui obéit (Matth., IX, 6). Il rendait la rue aux aveugles. Une femme hémorroïsse, affligée depuis de longues années par cette cruelle maladie, vit que la foule qui assiégeait le divin médecin ne lui permettait pas à se jeter à ses genoux pour obtenir sa délivrance. Elle songea à toucher le bord de son manteau ; elle se glisse, elle saisit la frange, et tient avec elle la guérison de son mal. Elle devient saine aussitôt, recevant ainsi une grande marque du pouvoir divin de notre Sauveur. Un petit prince dont l’enfant était malade, se jette aux pieds de Jésus, et obtient son rétablissement. Un chef de la synagogue recouvre aussi sa fille, qui, déjà était morte. Pourquoi dire ce mort de quatre jours qu’éveille la puissance de Jésus, cette mer qu’il affermit sous ses pas, tandis que ses disciples la traversaient sur leur barque ; cet ordre qu’il imposa aux flots soulevés et aux vents qui les agitaient, et le calme où rentrèrent les éléments furieux, comme subjugués par la voix de leur maître ? Avec cinq pains il rassasia un jour cinq mille hommes, sans parler de l’innombrable multitude des femmes et des enfants qui les accompagnaient, et les restes furent si considérables qu’ils remplirent douze corbeilles. Qui n’admirerait ce prodige et ne rechercherait pas la source de la puissance qui résidait dans le Christ !

Mais pour ne pas nous jeter en de longs discours, ne parlons que de sa mort si extraordinaire. Ce ne furent ni une maladie ni le supplice du pendu qui terminèrent ses jours, et même, ainsi qu’on le pratiquait pour ceux qui expiaient leurs crimes par le supplice de la croix, le fer ne brisa pas ses cuisses ; il n’éprouva point de violences de la part des bourreaux ; mais quand de plein gré il eut livré son corps aux ennemis qui avaient tramé contre lui, il fut aussitôt élevé au-dessus de la terre. Alors de cet échafaud il jeta un grand cri et recommanda son âme à son Père, en disant : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains. » Libre et sans contrainte, il abandonna lui-même son corps. Ce corps fut recueilli par ses disciples et déposé dans un sépulcre honorable, et trois jours après il le reprit comme il l’avait quitté. Il se montra alors à ses disciples avec ce corps, ce vêtement de chair, tel qu’il était lui-même avant son trépas. Après les avoir entretenus et être demeuré avec eux quelques jours, il retourna au ciel, s’ouvrant à leurs regards une route dans les airs. Après leur avoir confié les préceptes de la vie nouvelle, il les proclama les maîtres de la religion véritable pour toutes les nations. Telles sont les glorieuses merveilles de la vertu qui animait notre Sauveur ; tel est le gage de sa divinité : nous admirons ces miracles dans un respectueux étonnement, et nous les recevons avec une foi solide et fortement établie. Cette foi s’est aussi affermie en notre âme par les autres actions qui nous ont manifesté la divinité du Sauveur, et par lesquelles Notre Seigneur rend sensibles encore aujourd’hui à ceux qu’il choisit quelques traits légers de sa puissance. Elle a encore subjugué notre cœur à l’aide de cette méthode invincible que nous avons coutume d’employer avec ceux qui rejettent ces miracles et qui prétendent que Notre-Seigneur n’a rien exécuté de semblable, ou que, s’il en a fait, c’est par la magie et en fascinant les spectateurs de ses prestiges. S’il faut ici leur répondre, nous ne craindrons pas de le faire ; comment pourrions-nous sans cela nous opposer à eux ?

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