Démonstration évangélique

LIVRE IV

CHAPITRE VIII
LES AUTRES NATIONS, DONT LA DIRECTION FUT CONFIÉE AUX ANGES, N’ADORÈRENT QUE LES ASTRES DU CIEL

Pasteurs et chefs des nations, les anges excitaient sans cesse les hommes dont la grossièreté ne pouvait atteindre celui qui est au-dessus des sens, ni s’élever jusqu’à lui à cause de leur faiblesse, à considérer les corps qui apparaissent dans le ciel, le soleil, la lune et les étoiles. Leur éclat au milieu des beautés du monde, leur élévation et la place qu’ils occupent, comme dans les vestibules du grand roi, attiraient les regards et révélaient par leur grandeur et leur beauté la connaissance du Créateur de l’univers (Rom., I, 20) ; car les perfections invisibles de Dieu, dit le divin apôtre, ainsi que son éternelle puissance et sa divinité, sont devenues visibles par la connaissance que ses ouvrages nous donnent. Le grand Moïse le laisse entendre, lorsqu’il exhorte le peuple que le Seigneur a pris pour son héritage, à s’élever vers les choses intelligibles et immatérielles, avec un esprit libre de prévention et un cœur pur, et qu’il lui défend d’admirer les astres qui se voient aux cieux, parce que, ajoute-t-il (Deut., IV, 9), « le Seigneur votre Dieu les a distribués à toutes les nations. » Moïse dit qu’ils sont distribués : pénétrons ce langage. Comme dans l’air qui entoure la terre, circulent incessamment d’une manière invisible à nos yeux les puissances infernales, que l’homme ne peut connaître et discerner, qui se sont écartées par leur chute dans le mal des intelligences et des puissances saintes, des anges de Dieu, les hommes qui déchurent du culte du l’un suprême, ne purent faire rien de mieux que de se tourner vers les plus apparents des corps célestes ; car il était fort à craindre que dans la recherche de Dieu et la poursuite des choses invisibles, l’incertitude des êtres insaisissables aux sens et cachés ne les entrainât vers les puissances ennemies et infernales. Parmi les œuvres de Dieu les plus éclatantes furent donc offertes à ces hommes qui ne désiraient rien de plus, car les perfections divines s’y retraçaient comme en un miroir.

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