Démonstration évangélique

LIVRE V

CHAPITRE XVIII

EXTRAIT DES NOMBRES

La sainte Écriture fait connaître que Dieu est visible à Israël et désigne ainsi le Verbe de Dieu.

Moïse dit en sa prière : « Seigneur, vous êtes je Seigneur de ce peuple, et vous apparaissez d’une manière semblable à ses jeux » (Nombr. XIV, 14). Aquila traduit autrement : « Vous êtes, Seigneur, dans les entrailles de ce peuple, et vous voyez face à face, Seigneur. » Symmaque met : « Parce que vous êtes Seigneur. » Il est dit dans l’Exode : « Et Moïse, Aaron, Nadab, Abiud et les soixante-dix anciens d’Israël montèrent et virent le lieu où s’était arrêté le Dieu d’Israël » (Exode, XXIII, 9). Aquila dit au contraire : « Ils virent le Dieu d’Israël ; » et Symmaque : « Ils virent dans une vision le Dieu d’Israël. » Peut-être que cette autre parole des saints livres : « Personne n’a jamais vu Dieu » (Jean, I, 18), fera croire que le passage que nous citons est contraire à l’Evangile, puisqu’elle ferait visible celui qui est invisible ; mais si vous songez que ce passage ne se rapporte qu’au Verbe de Dieu, qui s’est manifesté aux patriarches en diverses occasions et de diverses manières, ainsi que nous l’avons établi, ils ne sembleront plus tomber en contradiction ; ils enseignent que le Dieu d’Israël, qui s’offrit ici aux regards, est celui qui apparut à Israël lui-même lorsqu’un homme lutta contre lui, et changea son nom de Jacob en celui d’Israël, « parce que, dit-il, tu as été fort contre le Seigneur (Gen., XXXII, 22). » Alors Jacob, rempli de respect pour la puissance divine de son agresseur, appela ce lieu la vision de Dieu, disant : « J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. » Or, nous avons établi en son lieu qu’il s’agit en ce moment du Verbe de Dieu.

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