Démonstration évangélique

LIVRE VI

CHAPITRE VII

DU PS. CVI

Le Verbe de Dieu est envoyé au milieu des hommes pour guérir et sauver leurs âmes accablées sous le poids de l’iniquité. « Que les miséricordes du Seigneur et ses merveilles annoncent sa gloire aux enfants des hommes (Ps., CVI, 18) : Il a rompu les portes d’airain et il a brisé les barres de fer. Il les a reçus au sortir des voies de leur iniquité. Ils ont été humiliés pour leurs iniquités ; leur âme avait horreur de toute nourriture ; ils ont approché des portes de la mort, et ils ont crié vers le Seigneur dans leur détresse et le Seigneur les a délivrés de leur affliction ; il a envoyé sa parole et il les a guéris, et il les a retirés de la mort. » Plus bas il dit : « Que les peuples l’élèvent. Il a changé les fleuves en désert, et les eaux en une terre altérée, un sol fertile en une terre de sel à cause de la malice de ses habitants : le désert en un étang plein d’eau, et la terre desséchée en fontaines jaillissantes. Là il a placé ceux qui étaient affamés : là ils ont fait une cité habitable. » Ce passage du psaume annonce formellement la venue du Verbe de Dieu du ciel en terre, et les heureux fruits qui la suivirent. Il a envoyé sa parole est-il dit, et il les a guéris. C’est pourquoi nous appelons parole de Dieu celui que le Père a envoyé pour sauveur aux hommes, et que les saints Evangiles nous apprennent à nommer Dieu. Il indique aussi la dépendance où le Verbe s’est mis de la mort pour délivrer ceux qui l’avaient subie avant lui, et le motif de sa venue, savoir la délivrance de ceux qu’il devait sauver. Seul il a délivré ceux, qui étaient retenus par les portes de la mort ; il les a arrachés à son pouvoir ; il les a sauvés de la mort, et n’a opéré ces merveilles qu’en brisant les portes d’airain et pulvérisant les barres de fer. Il doit ensuite réduire en solitude ceux qui auront refusé de le recevoir, car, est-il dit, il a changé les fleuves en désert, et les eaux en une terre altérée le sol fertile en une terre de sel, à cause de la malice de ses habitants.

Vous verrez l’accomplissement de cette prédiction, si vous vous rappelez, Cantique célébrité la gloire et la divine fécondité de cette Jérusalem des Juifs qui est veuve aujourd’hui des saints et des adorateurs fidèles qui en faisaient l’honneur. Car, après l’avènement du Christ, elle est devenue stérile aride, déserte, et, comme le dit la prophétie, une terre de sel, à cause de la malice de ses habitants. Dans son langage prophétique, le psalmiste ajoute ensuite le retour à la sainte foi et la fertilité spirituelle de celle qui autrefois était déserte et aride de l’âme, ou de l’Eglise des nations. Il fait entendre ce changement quand il dit : « Il a changé les déserts en un étang plein d’eau ; parole dont le sens ne peut être saisi que de celui qui est sage selon Dieu ; suivant cette réflexion qui termine le psaume : « Quel est le sage qui sera attentif a ces merveilles ? »

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