Démonstration évangélique

LIVRE VI

CHAPITRE XXI

D’ISAÏE

Les biens promis à l’Eglise des Gentils, qui d’abord était une solitude ; la présence de Dieu sensible pour les âmes affligées, les miracles pour le salut des hommes.

« Que le désert aride se réjouisse (Is., XXXV, 1) ; que la solitude soit dans l’allégresse et fleurisse comme un lis. Les déserts du Jourdain fleuriront et seront dans la joie. La gloire du Liban lui est donnée, et l’honneur du Carmel ; et mon peuple verra la gloire du Seigneur et la grandeur de Dieu. Fortifiez les mains languissantes ; affermissez les genoux tremblants. Vous dont le cœur est chancelant consolez-vous ; ne craignez pas ; voici que notre Dieu amène et rendra la justice. Il viendra lui-même et nous sauvera. Alors les yeux des aveugles s’ouvriront et les oreilles des sourds entendront. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet sera prompte, parce que l’eau a jailli au milieu du désert, et les-sources se sont ouvertes en la terre altérée. Le sol aride est devenu un lac et une fontaine jaillissante arrose la terre desséchée. Voilà encore une prédiction claire de l’avènement de Dieu salutaire et source d’une infinité de bienfaits. L’ouïe est promise aux sourds, la vue aux aveugles, la guérison aux boiteux et aux muets : ce qui ne s’est réalisé qu’à la venue de notre Sauveur Jésus-Christ, dont la main a ouvert les yeux des aveugles et l’oreille des sourds. Faut-il énumérer ici les paralytiques, les sourds et les boiteux qu’ont guéris ses disciples ; la multitude innombrable de ceux qui, affligés de maladies diverses et d’infirmités multipliées reçurent de lui la guérison et le salut suivant la promesse divine et d’après le témoignage irrécusable des Evangiles ? Le désert désigne ici l’Eglise des Gentils qui privée d’abord de la connaissance de Dieu est évangélisée par cette prédiction. Or l’oracle saint ajoute qu’à cette solitude sera donnée la gloire du Liban. (Il est reçu d’appeler Jérusalem Liban par allégorie, comme nous l’établirons en son temps par les divines Ecritures). A l’avènement du Seigneur parmi les hommes, ce désert, je veux dire l’Eglise des Gentils, recevra la gloire du Liban, selon cette promesse. Au lieu de l’honneur du Carmel, Aquila dit : La splendeur du Carmel et de Saron ; ils verront la gloire de Dieu : et Symmaque traduit : La beauté du Carmel et de la plaine ; ils verront la gloire de Dieu. Théodotion enfin : Les charmes du Carmel et de Saron ; ils verront la gloire de Dieu. Par ces paroles, je crois que cette prophétie fait entendre que ce ne seront ni Jérusalem ni la Judée, mais bien les contrées des nations qui recevront l’honneur de la connaissance de Dieu. Car le Carmel et le mont nommé Saron étaient des lieux situés chez les peuples étrangers. Tel est le sens littéral. Mais suivant le sens spirituel, aujourd’hui encore ceux qui, dans l’aveuglement de leurs âmes adoraient, au lieu du Dieu de l’univers, le bois, les pierres le reste de la nature inanimée, les démons qui se tiennent près de la terre les esprits mauvais, ceux dont les oreilles de l’intelligence étaient fermées les boiteux et ceux qui étaient tombés dans une défaillance totale sont délivrés de ces maux de ces maladies et des autres encore par la salutaire doctrine du Christ, reçoivent une guérison et un secours bien supérieur à ceux du corps et attestent ainsi la puissance surnaturelle et divine de la venue du Verbe de Dieu.

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