Démonstration évangélique

LIVRE X

PRÉFACE

Les promesses sur la venue du Messie parmi les hommes ont été exposées ; voici le moment d’examiner ce qui concerne sa sortie de la vie humaine, et de considérer quelles furent encore les prédictions qui parurent à ce sujet dès les temps prophétiques ; et d’abord nous traiterons celles qui regardent les impies qui tramèrent sa mort, ce qui n’est pas une partie peu importante du plan que nous nous sommes tracé ; il faut auparavant bien remarquer ce qui a été déjà exposé sur son économie antérieure, savoir que certains caractères se rapportent à sa divinité et les autres à son humanité. Ici en effet, il paraît Verbe de Dieu, puissance de Dieu et sagesse de Dieu, ange du grand conseil ; pontife suprême et éternel, offrant à son père des sacrifices et des prières pour l’existence et le salut de toute créature ; et là c’est l’agneau de Dieu qui efface les péchés du monde et la brebis conduite au supplice. Ce fut ce corps humain qu’il tira, ainsi qu’un grand prêtre de notre troupeau, comme un agneau et une brebis, qu’il immola à son père comme prémices du genre humain, et par lequel il entra en rapport avec la nature humaine ; cette nature ne pouvait autrement se soumettre au Verbe Dieu et à la puissance spirituelle et intellectuelle, ni sentir par des yeux de chair quelque être supérieur à la chair et au corps. Tous les détails qui paraîtront abjects dans ce qui précède doivent se rapporter à l’agneau de Dieu qui efface les péchés du monde et à son corps humain.

En effet, il fut l’agneau qui efface les péchés du monde, suivant Jean-Baptiste qui disait : « l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde » (Jean, I, 29). Il fut aussi l’agneau conduit au supplice, selon la prophétie que prononça Isaïe. « Il fut conduit au supplice comme une brebis, et il garda le silence ainsi qu’un agneau devant celui qui le tond » (Isaïe, LIII, 7). C’est de cet agneau qu’il est dit : « Il fut conduit à la mort pour les péchés de mon peuple (Ibid., 8). Car il fallait que l’agneau de Dieu choisi par le grand pontife fût sacrifié à Dieu pour les agneaux, ses frères et le troupeau des hommes » (I Cor., XV, 21). « Puisque la mort est venue par un homme, la résurrection des morts doit venir aussi par un homme, dit l’Apôtre ; et, comme par le péché d’un homme tous sont tombés dans la condamnation, de même par la justice d’un seul tous les hommes reçoivent la justification de la vie » (Romains, V, 18). Aussi enseigna-t-il à ses disciples qu’il était la vie, la lumière et la vérité, et les autres maximes de sa mystérieuse doctrine. « Pourquoi, disait-il à ceux qui n’étaient pas initiés à ses mystères, pourquoi cherchez-vous à me tuer, moi qui vous ai dit la vérité » (Jean, VIII, 40) ? De même donc que ce qui concerne sa divinité a été développé précédemment, ainsi ce qui se rapporte à l’humanité de l’agneau sera exposé ici, car les circonstances d’avant sa passion sont comme un intermédiaire qui embrasse également en lui ce qui est de Dieu et ce qui est de l’homme.

Après ces préliminaires nécessaires nous allons voir maintenant les prédictions sur les complots du traître Judas et de ceux qui conspirèrent avec lui contre le Christ, et sur les événements du temps de sa passion.

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