Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE III

CHAPITRE XXXVIII
L'ÉPÎTRE DE CLÉMENT ET CELLES QUI LUI SONT FAUSSEMENT ATTRIBUÉES

[1] Tels sont, par exemple, Ignace, dans les lettres que nous avons énumérées, et encore Clément, dans celle dont l'authenticité est reconnue de tous et qu'il a rédigée pour l'Église de Corinthe au nom de celle de Rome. L'auteur y fait beaucoup d'emprunts à l'Epître aux Hébreux, soit pour les pensées, soit même pour certaines expressions qu'il rapporte textuellement ; il y montre avec évidence que ce dernier écrit n'était pas nouveau. [2] C'est donc à bon droit qu'il a été rangé parmi les autres œuvres de l'apôtre. Paul, dit-on, s'était adressé aux Hébreux dans leur langue maternelle. Sa lettre fut traduite par l'évangéliste Luc, selon les uns, et, selon les autres, par Clément. [3] Des deux hypothèses celle-ci semblerait plutôt être la vraie. D'une part, l'épître de Clément et l'épître aux Hébreux conservent la même allure de style ; et, d'autre part, les pensées dans les deux écrits ont une parenté qui n'est pas éloignée. [4] Il ne faut pas ignorer qu'on attribue encore une seconde épître à Clément ; mais nous savons qu'elle n'a pas été aussi connue que la première, puisque nous ne voyons pas que les anciens s'en soient servis. [5] D'autres écrits verbeux et longs ont été tout récemment présentés sous son nom. Ils contiennent des discours de Pierre et d'Apion, dont on ne trouve absolument nulle mention chez les anciens. Ils n'ont du reste pas la vraie marque de l'orthodoxie apostolique. Voilà clairement ce qui concerne l'œuvre de Clément qui est reconnue comme authentique ; il a été parlé également des écrits d'Ignace et de Polycarpe.

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