Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE VI

CHAPITRE XI
ALEXANDRE

[1] Comme il n'était plus capable de remplir sa charge à cause de sa vieillesse avancée, la Providence de Dieu appela Alexandre, dont nous avons parlé et qui était evêque d'une autre église, à partager le pontificat avec Narcisse, et cela dans une révélation et une vision qui se produisit pendant la nuit. [2] Ce fut donc ainsi comme sur l'indication d'un oracle, qu'il quitta le pays des Cappadociens où tout d'abord il avait été honoré de l'épiscopat, et il entreprit le voyage de Jérusalem pour prier et visiter les lieux ; les gens du pays l'accueillirent avec une très grande bienveillance, mais ils ne lui permirent pas de retourner chez lui, à cause d'une autre révélation qu'ils avaient vue pendant la nuit, et d'une voix qui l'avait fait savoir très clairement aux plus vertueux d'entre eux ; elle leur avait appris qu'ils devaient aller hors des portes et recevoir l'évêque qui leur avait été choisi par Dieu. Ils firent cela, et d'un commun accord avec les évêques qui gouvernaient les villes voisines, ils contraignirent Alexandre par la force à rester auprès d'eux.

[3] Lui-même du reste rappelle dans ses propres lettres aux Antinoïtes qui sont encore conservées parmi nous que Narcisse fut évêque avec lui ; voici ce qu'il écrit textuellement à la fin de son épître : « Narcisse vous salue, il a gouverné avant moi l'église de ce pays et maintenant il exerce encore l'épiscopat conjointement avec moi par ses prières, il achève ses cent seize années et il vous exhorte comme moi à être dans la concorde. » [4] C'est ainsi qu'il s'exprime.

Sérapion mort, Asclépiade lui succéda au siège de l'église d'Antioche et se distingua lui aussi dans les confessions au temps de la persécution. [5] Alexandre raconte encore l'ordination de cet évêque, lorsqu'il écrit ceci aux gens d'Antioche : « Alexandre, serviteur et prisonnier de Jésus-Christ, à la bienheureuse église d'Antioche, salut dans le Seigneur. Le Seigneur a rendu mes liens supportables et légers lorsque j'ai appris au temps de ma prison qu'Asclépiade, si sympathique à cause du mérite de sa foi, avait, selon la divine Providence, reçu la charge épiscopale de votre sainte église d'Antioche. » [6] Il indique qu'il envoie cette lettre par Clément et voici ce qu'il dit vers la fin : « Je vous envoie cet écrit, mes seigneurs et mes frères, par Clément, le prêtre saint, l'homme vertueux et estimé que vous savez et que vous connaîtrez. Sa présence ici a, selon la providence et la vigilance du Maître, fortifié et fait accroître l'Église du Seigneur.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant