Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE VI

CHAPITRE XIII
LES ÉCRITS DE CLÉMENT

[1] De Clément huit Stromates en tout sont conservées parmi nous ; il a cru convenable de les faire précéder de ce titre : Stromates des commentaires scientifiques selon la vraie philosophie ; de Titus Flavius Clémens. [2] En pareil nombre sont ses livres intitulés Hypotyposes : il y mentionne nommément Pantène comme son maître, il rapporte les explications des écritures et les traditions qu'il a reçues de lui. [3] Il a encore un discours aux Grecs Le Protrèptique ; les trois discours de l'ouvrage intitulé Pédagogue, et un autre discours intitulé : Quel riche est sauvé ; l'écrit de la Pâque ; des dialogues Sur le jeûne ; Sur la détraction, l'Exhortation à la patience ou Aux nouveaux baptisés ; celui qui est intitulé Canon ecclésiastique ou Aux Judaïsants, qu'il a dédié à Alexandre, l'évêque cité plus haut.

[4] Dans les Stromates il ne fait pas seulement une tapisserie de ce qu'il tire de la Sainte Écriture, mais aussi de ce qu'il prend aux Grecs, lorsque quelque chose d'utile lui paraît avoir été dit par eux ; il rapporte et développe aussi les doctrines de la plupart des Grecs et aussi des barbares ; [5] il rectifie les opinions mensongères des hérésiarques ; il fait preuve d'une information abondante et nous fournit le sujet d'une culture très instructive. Il mêle encore à tout cela les sentences des philosophes : aussi bien, c'est justement ce qui fait que le titre de Stromates correspond au sujet. [6] Il se sert aussi dans ces ouvrages de témoignages tirés des écritures contestées, de la Sagesse dite de Salomon, de celle de Jésus fils de Sirach, de l'épître aux Hébreux, de celles de Barnabé, de Clément et de Jude. [7] Il cite le discours aux Grecs de Tatien et mentionne Cassien, comme ayant fait, lui aussi, une chronographie ; il parle encore de Philon et d'Aristobule, de Josèphe, de Démétrius, et d'Eupolémus, écrivains juifs, comme montrant dans leurs œuvres sur les vieilles généalogies des Grecs, la priorité de Moïse et de la race des Juifs. [8] Les écrits qui sont cités de cet homme se trouvent remplis d'une foule d'autres choses excellentes à apprendre. Dans le premier livre de ses Stromates il nous montre qu'il est lui-même tout proche de la tradition venue des apôtres. Il promet aussi dans cet ouvrage de commenter la Genèse. [9] Dans son traité Sur la Pâque, il confesse qu'il a été contraint par ses amis de rapporter par écrit les traditions qu'il se trouvait avoir entendues des anciens presbytres, pour ceux qui devaient venir plus tard ; il y parle aussi de Méliton, d'Irénée et d'autres dont il insère les récits.

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