Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE VII

CHAPITRE XV
COMMENT MARIN RENDIT TÉMOIGNAGE À CÉSARÉE

[1] A cette époque, tandis que la paix des églises était partout, à Césarée de Palestine, Marin, un des dignitaires de l'armée, distingué par sa race et sa fortune, a la tête tranchée pour le motif suivant. [2] Le cep chez les Romains est un insigne de dignité et ceux qui l'ont obtenu, sont appelés centurions. Une vacance s'étant produite, c'était au tour de Marin de recevoir cet avancement et il allait avoir ce grade, quand un autre s'avança vers l'estrade du tribun et fit connaître qu'il n'est pas permis, d'après les lois anciennes, à Marin d'avoir part à une dignité romaine, parce qu'il était chrétien et ne sacrifiait pas aux empereurs, mais que le grade lui revenait à lui-même. [3] Le juge, c'était Achée, frappé de cela, demanda d'abord à Marin ce qu'il en pensait ; mais quand il le vit confesser avec insistance qu'il était chrétien, il lui donna un délai de trois heures pour réfléchir. [4] Il était hors du prétoire, quand Théotecne, l'évêque du lieu, l'aborde pour l'entretenir, l'attire, et lui prenant la main remmène à l'église ; une fois entré, l'évêque se tient debout auprès de l'autel avec lui et soulevant un peu la chlamyde de Marin lui montre le glaive qui était attaché à son côté, et en même temps il lui présente le livre des Saints Évangiles et lui ordonne de choisir entre les deux ce qu'il préfère. Marin sans tarder étend la main droite et reçoit le livre divin : « Attache-toi, lui dit Théotecne, attache-toi à Dieu et obtiens ce que tu as choisi, fortifié par lui ; va en paix. » [5] Aussitôt il sort de là ; le hérault criait pour l'appeler au tribunal, car le temps du délai était déjà écoulé. Debout devant le juge, il montra une hardiesse de foi plus grande encore et sur-le-champ, tel qu'il était, il fut emmené à la mort et exécuté.

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