Préparation évangélique

LIVRE II

PRÉAMBULE

Nous venons de faire l’exposé de la théologie phénicienne. Telles sont les doctrines que la voix salutaire de l’Évangile est venue nous apprendre à abandonner sans retour en nous offrant le remède à toutes ces folies des anciens peuples. Et qu’on ne dise pas que ce sont là des fables qu’on leur prête ou des fictions imaginées par les poètes, et fondées sur de pures suppositions : car c’est la doctrine authentique des plus anciens et des plus graves auteurs qui ont traité les matières religieuses, et que l’on appelait pour cette raison les théologiens de ces temps, doctrines antérieures à tous les poètes et à tous les historiens : et ce qui est un témoignage irrécusable de leur authenticité, c’est que ces doctrines sur les noms et l’histoire des dieux, elles dominent encore aujourd’hui dans les villes et les villages de la Phénicie, et qu’elles sont le fondement des mystères qui y sont célébrés. C’est ce qu’atteste le témoignage tant des autres auteurs que de ceux qui ont traité spécialement les matières religieuses. Il résulte de ces témoignages que ceux qui les premiers parmi les anciens ont créé un corps de doctrines religieuses, n’ont pas eu en vue d’employer un langage figuré, ni de créer des allégories tirées de la nature des choses, ni d’inventer des fables sur les dieux, mais qu’ils s’en sont tenus à la stricte vérité de l’histoire. C’est ce que prouvent évidemment les passages des auteurs que nous avons cités ; de sorte que ce serait une folie d’y chercher des allégories des divers éléments de la nature, puisque les faits portent en eux-mêmes la preuve la plus convaincante.

Nous avons donné une notion exacte de la théologie des Phéniciens : passons maintenant, à celle des Égyptiens : pénétrons-en le fond, pour faire voir s’il y a eu des raisons légitimes dans la détermination que nous avons prise d’abjurer ces croyances. Le montrer d’abord aux Égyptiens eux-mêmes, puis aux autres peuples qui partagent avec eux les mêmes doctrines, sera l’objet de la démonstration évangélique. Or toute l’histoire des Égyptiens, et en particulier ce qui regarde leur théologie, nous a été décrite fort au long par Manéthon, Égyptien, dans son livre sacré et dans ses autres ouvrages. Mais il est un auteur recommandable, que nous avons déjà cité comme ayant résumé la plupart des histoires anciennes, et recueilli avec une scrupuleuse exactitude les coutumes des différents peuples ; c’est Diodore de Sicile, historien remarquable, qui s’est acquis auprès de tous les hommes instruits une renommée de science peu commune. Or cet auteur a réuni les divers matériaux de l’histoire ancienne, lié les événements les plus reculés aux événements postérieures, et a fait de tous ces éléments un corps, en tête duquel il a mis un exposé de la théologie des Égyptiens. Comme son ouvrage est plus à la portée des Grecs que celui de Manéthon, j’ai cru devoir y puiser les renseignements qui peuvent servir à cette partie de mon sujet. Voici donc en quels termes il s’exprime.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant