Préparation évangélique

LIVRE III

PRÉAMBULE

Nous venons de voir ce que pensaient de la théologie des Grecs, tant les plus grands philosophes, que les premiers fondateurs de l’Empire romain. Ainsi, il est évident qu’ils n’admettaient pas dans les fables qui concernent les dieux, ces allégories physiques, non plus que tout ce merveilleux imaginé pour en imposer aux hommes et les tromper. Mais, puisque la suite de ce traité nous a conduit à réfuter ce système des allégories, allons plus loin, et voyons donc ce qu’il y a de si imposant et de si digne de la Divinité dans ces théories et ces interprétations arbitraires. Ici encore nous ne parlerons pas nous-même ; nous citerons textuellement les auteurs grecs : c’est d’eux-mêmes que nous voulons apprendre les secrets et les merveilles de leurs mystères.

On ne manque pas aujourd’hui de ces hommes qui prétendent au titre de philosophes, et qui ne se sont épargné ni peines ni travaux pour créer sur la mythologie grecque des systèmes tous différents les uns des autres, chacun donnant pour le vrai absolu ses propres jugements et ses propres opinions. Pour moi, je me contenterai de rapporter, pour preuves de ce que j’ai avancé, les opinions des plus célèbres philosophes anciens, de ceux qui sont les plus connus et qui se sont fait un nom dans la philosophie, chez les Grecs. Citons d’abord Plutarque de Chéronée : rapportons ses propres paroles au sujet de la question présente, et nous verrons quel appareil de raisonnements il déploie, pour contourner le sens des fables dans lesquelles il prétend trouver une théologie mystérieuse. Ainsi, dans ses interprétations, Bacchus n’est autre chose que l’ivresse : ce n’est plus cet homme dont l’histoire fait mention et dont nous avons parlé plus haut. Junon, qui préside aux mariages, n’est réellement que l’union conjugale de l’homme et de la femme. Ensuite, oubliant sans doute l’interprétation qu’il vient de donner, il invente une autre histoire, dans laquelle Junon n’est plus ce que nous venons de voir, mais bien la terre. Latone, c’est l’oubli et la nuit. Ailleurs, Junon est la même que Latone. Jupiter, selon lui, n’est qu’une allégorie de l’air et de ses propriétés. Mais à quoi bon ce préambule ? Écoutons plutôt le philosophe lui-même, dans l’ouvrage qu’il a écrit sur les Dédales de Platée, et dans lequel il révèle les allégories mystérieuses de la religion inconnues au vulgaire.

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