Préparation évangélique

LIVRE III

CHAPITRE V
TOUTES CES EXTRAVAGANCES PORTENT EN ELLES-MÊMES LE CARACTÈRE DE LEUR CONDAMNATION

Nous venons de voir un exposé de la belle théologie des sages de l’Égypte : notre auteur nous y révèle leurs mystères : il nous apprend qu’ils révèrent l’eau et le feu ; qu’ils n’admettent pas de différence entre les brutes et les êtres raisonnables, entre les corps et les âmes, et il approuve le culte divin qu’ils rendent aux animaux. Cependant n’est-ce pas vraiment le comble de la folie, que d’élever jusqu’à la nature divine, des êtres sans raison, des animaux sauvages, sous prétexte qu’ils ont une âme aussi bien que les bêtes ? Il faudra donc aussi leur donner le nom d’hommes et leur faire partager la considération que mérite la nature humaine. Cependant ils ne le font pas. Les êtres qui participent à la nature et au nom des animaux, ils ne croient pas devoir les honorer du nom d’hommes, ni avoir pour eux les égards dus à la nature humaine. Mais le nom auguste du Roi de l’univers, du Dieu Créateur de toutes choses, ils l’avilissent jusqu’à le prostituer à des brutes ; ils n’ont pas honte d’appeler des dieux ceux que le créateur n’a pas même voulu appeler des hommes. Vous avez aussi été initiés aux secrets de cette sagesse prétendue divine qui inspire aux admirables philosophes de l’Égypte un si profond respect pour le loup, le chien, le lion ; vous avez appris les merveilleuses perfections de l’escarbot, les qualités de l’épervier. Gardez-vous toutefois de rire ; car ce n’est pas de l’hilarité, ce sont des larmes de compassion que doivent exciter l’aveuglement et la folie du pauvre genre humain. Pesez aussi attentivement, et voyez de quels biens nous sommes redevables à Jésus-Christ, ce Dieu de bonté, qui est venu nous délivrer, nous aussi bien que les peuples de l’Égypte, d’un si terrible fléau, en dissipant par la lumière de son Évangile ces antiques et profondes ténèbres. Déjà, en effet, la plupart des Égyptiens goûtent les fruits de cette heureuse délivrance.

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