Préparation évangélique

LIVRE V

CHAPITRE XIV
L’ART MAGIQUE INSPIRÉ PAR LES DIEUX

« En appuyant leurs réponses sur certains signes, et sur la connaissance qu’ils ont de la naissance de chacun, les dieux se font souvent passer pour les premiers, pour les plus grands faiseurs d’horoscopes, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Voici comme parle Apollon dans ses oracles :

« Invoquez en même temps Mercure et le soleil, le jour du soleil ; puis la lune, le jour de la lune ; ensuite Saturne, enfin Vénus ; sers-toi pour cela de paroles mystérieuses, inventées par le roi des magiciens, auteur de la lyre à sept cordes, cet homme connu de tout le monde. C’est Ostane, disait le peuple ;

et Apollon continuant :

« Vous invoquerez sept fois, avec force, chacun de ces dieux. »

Ensuite notre auteur ajoute :

« Voici quels sont les emblèmes d’Hécate : de la cire de trois couleurs, blanche, noire et rouge, représentant Hécate armée d’un fouet, d’une torche, d’une épée, et ceinte d’un serpent. Les astres de la mer, représentant ceux du ciel, sont fixés au-devant de la porte. C’est là ce que les dieux eux-mêmes ont déclaré dans les vers suivants ; c’est Pan qui parle :

« Chassez-les, dit-il, placez sur un brasier ardent une cire aux couleurs variées, qu’elle soit blanche et noire, qu’elle ait aussi la couleur d’un charbon enflammé, la terreur des chiens infernaux, que la statue redoutable d’Hécate tienne dans sa main une torche, une épée vengeresse, qu’un dragon aux mille replis enserre dans ses anneaux la tête terrible de la déesse ; qu’elle soit armée d’une clé mobile et d’un fouet qui retentit au loin ; tel est l’emblème essentiel de la puissance des démons. »

Tels sont, avec beaucoup d’autres de ce genre, les témoignages par lesquels ce prince de la philosophie grecque, cet admirable théologien, ce grand interprète des mystères, prétend prouver que la philosophie tirée des oracles est fondée sur les plus secrètes réponses des dieux ; mais il ne réussit réellement qu’à démontrer les pièges que la malice et les artifices des démons ont tendus au genre humain. En effet, en quoi toute cette magie, tous ces enchantements pouvaient-ils contribuer au bonheur de la vie humaine ? Que pouvait avoir d’agréable, aux yeux de la Divinité le culte de ces idoles inanimées ? De quelle puissance divine pouvaient être l’image ces statues avec leurs formes bizarres ? Des êtres divins ne devaient-ils pas plutôt porter les hommes à cultiver la philosophie, que leur inspirer le goût de tous ces artifices de la magie, surtout si l’on pense que la vertu et la culture de la sagesse sont les seules vraies et pures sources de la félicité ? Du reste, notre philosophe réfutera plus tard ses propres doctrines. Maintenant suivons ce qu’il ajoute à ce que nous avons déjà rapporté.

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