Préparation évangélique

LIVRE IX

CHAPITRE XXXV
SOURON AU GRAND ROI SALOMON, SALUT

« Béni soit le Dieu qui a fait le ciel et la terre, et qui a fait choix du fils excellent d’un excellent père. Je me suis livré à la joie en lisant la lettre que j’ai reçue de vous, et j’ai béni Dieu de vous avoir fait recueillir la souveraineté. Quant à ce sur quoi vous m’écrivez, c’est-à-dire sur ceux de mes sujets que vous, me demandez, je vous envoie 80,000 Tyriens et Phéniciens, ainsi qu’un architecte né à Tyr d’un père Tyrien et d’une mère Juive de la tribu de David ; vous pouvez l’interroger sur tout ce qui, sous le ciel, a rapport à l’architectonique, il vous en rendra compte et sera en état de l’exécuter. De même, vous ferez bien d’écrire aux épargnes des diverses résidences pour qu’ils pourvoient aux besoins de tous les ouvriers qui vous sont envoyés. »

Ayant donc pris l’assurance que les amis de son père lui resteraient fidèles, Salomon parcourut la montagne de Liban, et avec l’aide des Tyriens et des Sidoniens, en rapporta les bois que son père avait fait couper d’avance, prenant la mer jusqu’à Joppé, et de là les transportant par terre jusqu’à Jérusalem. Il commença la construction du temple de Dieu étant âgé de treize ans, employant à cette œuvre les nations que nous venons de nommer : les douze tribus juives fournissaient à ces 160,000 ouvriers tout ce qui leur était nécessaire, chaque tribu pendant la durée d’un mois. Les fondations furent jetées sur un espace en longueur et largeur de 60 coudées, la largeur des murs de la fondation étant de 10 coudées. C’était la mesure que le prophète de Dieu, Nathan, lui avait commandée. La bâtisse se composait alternativement d’une travée en pierre et d’un enchevêtrement en bois de cyprès, les deux parties étant liées entre elles par des crampons de fer à queue d’aronde, du poids d’un talent. Le tout était construit de manière que les parements extérieurs étant de fort bois de cèdre ou de cyprès, dissimulaient entièrement la construction en pierres de l’intérieur. Le temple était tout doré en dedans par des applications de briques d’or d’une dimension de cinq coudées qui étaient assujetties par des clous d’argent du poids d’un talent, en forme de gorge et au nombre de 4 pour chaque brique ; il était ainsi doré du pavé jusqu’au comble ; le plafond était revêtu de lambris d’or et la couverture était en bronze formée de plaques coulées et soudées.

« Il fit faire deux colonnes de bronze dorées entièrement, de l’or le plus pur à l’épaisseur d’un doigt : ces colonnes étaient égales en hauteur au temple ; la largeur de chacune d’elles, mesurée à la circonférence, était de dix coudées. Il les plaça devant le Saint des saints, l’une à droite, l’autre à gauche ; il fit faire aussi dix candélabres d’or pesant chacun dix talents, prenant pour modèle celui que Moïse avait placé dans la tente du témoignage ; il les plaça de chaque côté du tabernacle, les uns à la droite, les autres à la gauche. Il fit des lampes d’or au nombre de soixante-dix, en sorte que chaque candélabre portait sept de ces lampes. Il fit construire les portes du temple qu’il décora en or et eu argent et qu’il recouvrit de lambris de cèdre et de cyprès ; il éleva un portique au côté septentrional du temple, et le soutint par 48 colonnes de bronze ; il disposa également une baignoire de bronze de la longueur de 20 coudées, d’une égale largeur et de 5 coudées de liant : elle reposait sur un cercle qui la dépassait d’une coudée. Sa destination était de laver les pieds et les mains des prêtres lorsqu’ils entraient dans le temple. Les supports de cette même baignoire étaient au nombre de douze, fondus et tournés, de hauteur d’homme. Ces soutiens furent placés inférieurement à la baignoire. A droite de l’autel des sacrifices, il fit faire une estrade de bronze de la hauteur de 2 coudées, à la suite de la baignoire, afin que le Roi s’y plaçât lorsqu’il viendrait prier, et qu’il fût vu par tout le peuple des Juifs. Il éleva l’autel des sacrifices dans la dimension de 25 coudées sur 20, sur une hauteur 12 coudées, il fit deux filets de bronze formés de chaînons enlacés, et disposés sur des machines placées au-dessus du temple, de 20 coudées d’étendue, de manière à en couvrir et ombrager tout le comble. A chaque filet étaient suspendues des clochettes d’airain pesant un talent chacune et au nombre de 400. Il fit faire tous ces filets pour mettre les clochettes en branle, afin d’écarter les oiseaux, de les empêcher de se percher sur le temple, de faire des nids sous les larmiers des portes et des portiques et de souiller par leurs ordures le lieu saint. Il enceignit la ville entière de Jérusalem de murailles avec tours et fossés et se fit construire à lui-même un palais. D’abord cet édifice (ἀνάκτορον) fut appelé (Ἱερὸν Σολομῶνος) temple de Salomon ; puis, par corruption du mot, hiéron, la ville entière prit le nom de Hiérousalem, que les Grecs transformèrent dans un nom qui s’en rapproche, Hiérosolyme. Après avoir achevé le temple et terminé l’enceinte des murailles de la ville, Salomon vint à Selom pour y offrir un sacrifice en holocauste au Seigneur, formé de mille bœufs ; puis, ayant pris le tabernacle et l’autel du sacrifice, aussi bien que tous les ustensiles qu’avait fait façonner Moïse, il les transporta à Jérusalem, et les plaça dans le Saint des saints. Il y introduisit aussi l’arche sainte, l’autel d’or, le chandelier et la table, ainsi que tous les autres ustensiles sacrés, comme le lui avait commandé le prophète. Alors il immola au Seigneur le sacrifice gigantesque composé de 2000 moutons et de 3500 veaux. La totalité de l’or employé dans les deux colonnes et le reste du temple s’élève au poids de 4,600,000 talents ; les clous, aussi bien que les ornements d’argent, s’élevèrent à 1232 talents ; le bronze qui servit à la baignoire, aux colonnes et au portique, formait un poids de 18,050 talents. Salomon renvoya les Égyptiens et les Phéniciens chacun dans leur patrie, après leur avoir donné individuellement dix sicles d’or (Le sicle vaut le talent). Il envoya au roi d’Égypte, Vaphrès, 10,000 mesures d’huile, 1000 artabes de dattes, 100 cruches de miel et des aromates ; il envoya à Suron, dans Tyr, une colonne d’or, que celui-ci consacra dans le temple de Jupiter.

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