Préparation évangélique

LIVRE X

CHAPITRE VI
SUR LE MÊME SUJET TIRÉ DE CLÉMENT

« Les historiens nous enseignent qu’Apis découvrit la médecine, et qu’ensuite Esculape accrut cet art : Atlas l’Africain est le premier qui construisit un navire et qui le lança à la mer : les Égyptiens apportèrent les premiers dans la race humaine l’astrologie : les Chaldéens en firent autant. Il en est qui disent que les Cariens sont les inventeurs de la divination par les astres ; mais ce sont les Phrygiens qui, les premiers, observèrent le vol des oiseaux. Les Thusques, peuple voisin de l’Italie, perfectionnèrent l’aruspice ; les Isauriens et les Arabes ont cultivé la science des augures, de même que les Telmisses, celle de la divination par les songes ; les Tyrrhéniens ont inventé la salpinx (trompette), et les Phrygiens la flûte : Olympe et Marsyas étaient Phrygiens. Les Égyptiens, les premiers, ont montré le secret de faire brûler les lampes ; ils ont divisé l’année en douze mois, ont prohibé la cohabitation avec les femmes dans les temples : ils ont également fait une loi, pour qu’après la cohabitation, on ne pût pas entrer dans les temples sans s’être purifié par les ablutions ; ils ont été les inventeurs de la géométrie.

Celmis et Damnameneus Dactyles des Idéens, sont les premiers qui, en Crête, découvrirent le fer ; Delas, autre Idéen, inventa l’alliage du bronze. Suivant Hésiode, il était Scythe. Les Thraces, les premiers, imaginèrent l’harpé, qui est un glaive recourbé ; ils se servirent aussi les premiers à cheval, du bouclier nommé (πέλτη), que les Illyriens ont pareillement trouvé. On dit que les Toscans ont inventé la plastique, et queTritanus, premier (celui-ci était Samnite), fabriqua on grand bouclier rond (θυρεόν). Cadmus, le Phénicien, inventa la taille des pierres et ouvrit des mines d’or dans les flancs du mont Pangée. Les Cappadociens sont encore une nation étrangère ; ce sont eux cependant qui ont trouvé l’instrument appelé Nabla ; de la même sorte que le Dichorde a été imaginé par les Assyriens. Les Carthaginois sont les premiers constructeurs de quadrirèmes, et l’Autochthon Bosporos en fut le charpentier. Médée, fille d’AEta, de la Colchide, mit la première en usage l’art de se teindre les cheveux ; cependant les Noropes (c’est une nation de la Péonie qui se nomment aujourd’hui Noriques), ont les premiers fait usage de l’airain, et purifié le fer. Amycus, roi des Bebryces, inventa les lanières pour le pugilat ; quant à la musique, ce fut Olympus le Mydien qui donna les règles de l’harmonie Lydienne : les peuples qu’on nomme Troglodytes trouvèrent la Sambuce ; c’est un instrument de musique. On dit que la flûte oblique ou Syringe fut une création de Satyre le Phrygien ; le Trichorde et l’harmonie diatonique sont dus à Hyagnis, qui était également Phrygien ; les mesures musicales qui se marquent en frappant, sont également attribuées au Phrygien Olympus. Enfin Marsyas, qui est du même pays que ceux que nous venons de nommer, inventa le mélange des mélodies Lydienne et Phrygienne. Le chant dorien a été trouvé par Thamyris le Thrace. Nous savons par tradition que les Perses ont les premiers construit un char, un lit, un tabouret ; et que les Sidoniens ont fabriqué le premier vaisseau à trois rangs de rameurs. Les Sicules, qui habitent près de l’Italie, sont les premiers inventeurs de la Phorminx, qui ne diffère pas beaucoup de la Cithare ; ils ont aussi imaginé les Crotales (ou clochettes). Les historiens placent sous Sémiramis, reine des Assyriens, l’invention des vêtements de coton. Atossa qui régna en Perse fut, dit Hellanicus, celle qui organisa la première le service des lettres épistolaires. Scamon de Mitylène, Théophraste d’Erèse, Cydippe de Mantinée, Antiphane, Aristodème et Aristote, en outre de ceux-ci, Philostephanus et Straton le Péripatéticien ont rapporté tous, des faits semblables dans leurs ouvrages sur les découvertes. J’en ai extrait une très faible partie, en confirmation du génie inventif des nations barbares et des services qu’elles ont rendus à l’Immunité, dont les Grecs ont profité dans leurs institutions sociales. »

Telles sont les propres paroles de Clément dans ses Stromates, auxquelles je crois à-propos d’annexer ce qui se trouve dans le Juif Josèphe, qui a entrepris de constater la haute antiquité du peuple Hébreu, dans un ouvrage en deux livres. Il y prouve que les Grecs sont un peuple récent, qu’il a tiré de grands secours des Barbares, et que ses écrivains ne sont pas d’accord entre eux. Comme ses réflexions donneront une confirmation pleine et étudiée de ce qui précède, prêtez attention à-la citation textuelle que je vais en faire.

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