Préparation évangélique

LIVRE XI

CHAPITRE XIX
D’AMÉLIUS SUR LA THÉOLOGIE DE NOTRE ÉVANGÉLISTE JEAN

« C’était ce Verbe à qui tout ce qui existe doit son origine, comme le voudrait dire Héraclite, et que par Jupiter, le barbare veut nous représenter assis près de Dieu, et Dieu lui-même, dans l’arrangement et au milieu du trouble de la création du l’univers. Toutes choses ont été faites par lui sans efforts, c’est en lui que l’animal vivant puise l’être et la vie. Il dit qu’étant tombé dans les corps et s’étant revêtu de chair, il a pris l’apparence d’un homme, de manière, toutefois, à montrer, même alors, toute la majesté de sa nature. Enfin, s’étant séparé de son corps, il est redevenu Dieu, et l’est tel qu’avant de prendre un corps et une chair, et de s’être mis au rang des humains. »

Ce n’est pas d’une manière emblématique, mais hautement et la tête levée, qu’Amélius a fait cet emprunt à la philosophie des Barbares. Or, quel autre Barbare était-ce pour lui que Jean, l’évangéliste de notre Sauveur, Hébreu, né d’Hébreux ; qui commence ainsi l’écrit dans lequel il expose sa théologie ? « Au commencement, était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il était dans le commencement en Dieu : tout a été fait par lui, et pas une seule chose n’a été faite sans lui, de tout ce qui a été fait. La vie était en lui ; la vie était la lumière de tous les hommes, et le Verbe a été fait chair et il a habité par nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire telle que celle du fils unique du père. »

Mais voici encore, sur le même sujet, un autre théologien hébreu. Ecoutons comment il s’exprime : « Qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, parce qu’en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre. C’est par lui que tout s’est ordonné ; tout a été créé en lui, tant les choses visibles que les invisibles (Paul, Coloss., 1,15). »

Nous voyons de la sorte l’accord des sages de la Grèce et des Hébreux, pour nous faire connaître l’essence et les attributs de la seconde cause. Passons maintenant à l’examen de la troisième.

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