Préparation évangélique

LIVRE XI

CHAPITRE XXVI
DES HÉBREUX ET DE PLATON SUR LES PUISSANCES CONTRAIRES

Platon s’est encore conformé aux doctrines des Hébreux, non seulement en admettant des puissances incorporelle· douées de bonté ; mais en disant qu’il en est de contraires, lorsqu’il s’exprime ainsi qu’il suit, dans le dixième livre des Lois, (p. 669, de Ficin. 896 de H. Etienne.)

« L’âme qui gouverne tous les êtres doués de mouvement, quelque part qu’ils soient, habitant en eux, comment pourrait-on ne pas dire qu’elle règle aussi le ciel ? comment en en effet ? en reconnaîtrons-nous une ou plusieurs ? – Je répondrai pour vous, en disant plusieurs ; car nous ne saurions en admettre moins de deux : celle de la puissance bienfaisante, et celle qui ne s’exerce qu’à produire des effets contraires. » En suite il ajoute un peu plus bas : « Puisque nous vous avons accordé que le ciel est rempli de plusieurs êtres bons, et aussi d’êtres ennemis, sans qu’on puisse en admettre plus ; c’est donc une guerre immortelle qui nous attend, et telle qu’elle réclame une surveillance extraordinaire. Les dieux et les démons sont nos auxiliaires, et nous sommes la possession des dieux et des démons. »

D’où Platon a-t-il tiré ces choses ? Je ne saurais le dire ; mais ce que je puis affirmer en vérité, c’est que plusieurs siècles avant que Platon les eût dites, ce dogme avait été professé par les Hébreux. Voici comment leur écriture s’en explique :

« Et lorsque ce jour fut venu (Job, II, 1), et que les anges de Dieu vinrent se présenter devant Dieu, le diable vint au milieu d’eux, après avoir fait le tour de la terre et l’avoir parcourue en tout sens » Ayant dénommé diable, la puissance ennemie, et anges de Dieu, les bonnes puissances, elles les nomme encore esprits divins, serviteurs de Dieu, lorsqu’elle dit : (Ps., CIV, 4) « Celui qui a fait les esprits (πνεύματα) pour être ses anges, et les flammes de feu pour être ses serviteurs. » Celui-là a aussi fait concevoir le combat acharné contre les puissances contraires, qui a dit (Paul, Ephés., VI, 12) : « Notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les puissances et les dominations des ténèbres de ce siècle, contre les esprits de malice qui sont dans les régions célestes. » Platon semble évidemment n’avoir fait que paraphraser l’oracle de Moïse qui dit (Deut., XXXII, 8) : « Quand le très Haut divisa les nations, quand il dispersa les enfants d’Adam, il fixa les frontières des peuples, suivant le nombre des anges de Dieu, » lorsqu’il a défini toute la race humaine, comme étant la possession -des dieux et des démons.

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