Préparation évangélique

LIVRE XII

CHAPITRE V
QU’ON NE DOIT POINT COMMUNIQUER AUX ENFANTS DES FABLES PERNICIEUSES, MAIS SEULEMENT CELLES QUI PEUVENT LEUR ÊTRE UTILES

« Vous savez donc que le commencement de toute entreprise en est la plus grande part, surtout lorsqu’il s’agit d’un enfant tendre et délicat. C’est en effet, principalement alors, que cette pâte se pétrit et revêtit les formes qu’on veut lui imprimer.

« Assurément il en est ainsi.

« Permettrons-nous donc qu’on puisse aisément leur faire, entendre des fables triviales, composées n’importa par quels hommes, et qu’on fasse ainsi pénétrer dans leurs âmes, le plus souvent, des sentiments contraires à ceux qu’ils devront avoir, selon nous, après être parvenus à la maturité.

« Nous ne le permettrons en aucune, manière.

« Nous les remettrons donc d’abord dans les mains des fabulistes, en faisant le discernement de ceux qui composent des bonnes fables, et en écartant ceux qui en composent de mauvaises. Nous engagerons les nourrices et les mères à adopter les premières, à former encore plus leurs âmes par ces fables, que leurs corps par les soins manuels ; par conséquent, elles repousseront la plus grande partie des fables qu’elles leur racontent maintenant. »

Ces mêmes conseils avaient été donnés avant Platon, par les Hébreux, lesquels, en possession de l’esprit divin qui sait discerner les esprits, appréciaient ce qui était bien dit et bien écrit comme procédant de l’Esprit saint. Ce qui n’était pas, dans ces conditions, ils le repoussaient comme proféré par de faux prophètes ; et les parents aussi bien que les nourrices n’avaient l’habitude de chanter aux très jeunes enfants, à la manière des mythologies, que les récits les plus utiles tirés des divines écritures, pour les préparer de bonne, heure à la piété, qu’ils devront pratiquer dans l’âge viril.

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