Préparation évangélique

LIVRE XII

CHAPITRE XLVIII
PLATON ORDONNE PAR SES LOIS DE CONSTRUIRE LA CITÉ DANS LE VOISINAGE D’UN FLEUVE ; IL EN DONNE UNE DESCRIPTION À LA CONTRÉE OU EST SITUÉE JÉRUSALEM

La métropole royale des Juifs ayant une existence bien plus ancienne, dans un pays écarté de la mer, au milieu des montagnes, et d’une fertilité incontestable, Platon dit, dans ses Lois, que telle doit être la ville qu’il se propose de construire. Voici de quelle manière :

« Ce que je veux surtout vous demander au sujet de cette ville, c’est si elle doit s’élever sur le rivage de la mer, ou bien au milieu des terres.

« La ville, dont il est question entre nous, doit à peu près être distante de quatre-vingts stades de la mer.

« Mais-quoi ! n’y aura-t-il pas de ports à portée, ou sera-ce dans un pays sans port de mer ?

« Cette contrée doit avoir de bons ports autant qu’il est possible d’en avoir, ô étranger.

« Eh bien ! Que dites-vous· ? Quel devra être le territoire qui l’environne ? Sera-ce un sol fertile en tout, ou stérile à quelques égards ?

« Il doit à peu près produire tout ce qu’on cultive.

« Etablirez-vous une ville dans le voisinage de celle-ci ?

« Je ne le voudrais guère, par la raison pour laquelle je construis cette ville. Une ancienne émigration ayant, en effet eu lieu dans ce pays, avait fini par le rendre complètement désert, depuis un temps infini.

« Cependant, à l’égard des plaines, des montagnes, des forêts, dans quelle proportion voulez-vous qu’elle possède chacune de ces choses ?

« Elle doit être à peu près, quant à la disposition du terrain, comme l’ensemble de la Crète.

« Elle aura donc plus de montagnes que de plaines ?

« Tout à fait.

« Elle ne sera pas, de la sorte, tout à fait stérile en vertus, pour les habitants. Si elle devait être entièrement maritime, en jouissance d’excellents ports, et que son sol, rebelle à la culture, lui refusait beaucoup de produits naturels, elle serait dans le cas d’implorer l’assistance d’un grand sauveur ou de législateurs divins, pour ne pas renfermer dans son sein une variété infinie de caractères vicieux, ce qui est approprié aux villes placées dans cette situation. Maintenant nous avons un préservatif contre ce danger dans un éloignement de la mer de quatre-vingts stades, qui serait presque dans le cas d’en être encore trop près, si, comme vous le dites, cette côte est d’un abordage facile. Néanmoins, nous devons nous en contenter, encore que si la mer qui baigne cette plage offre des avantages journaliers, par son calme habituel, ce n’en est pas moins un voisinage plein d’amertume et d’acrimonie, qui infectera la ville de l’esprit de négoce et d’agiotage qui ont pour résultat de produire dans les âmes la duplicité et la perfidie : ce qui rendra cette ville peu sûre en amitié et en bonne foi pour elle-même, à plus forte raison pour les autres peuples. Mais l’adoucissement à ce mal consiste dans la possession d’un territoire propre, il est vrai, à toute espèce de culture ; mais qui, étant inégal et escarpé, ne peut pas produire en abondance toutes les plantes qu’il reçoit dans son sein ; tandis que, si elle avait encore cet avantage, exportant la surabondance de ses produits, elle recevrait en échange beaucoup d’or et d’argent monnayés : ce qui, pour le dire en un mot, serait le plus grand obstacle à ce qu’elle fit éclore des caractères à la fois nobles et équitables ! »

Après avoir donné ce faisceau de preuves à l’appui de nos assertions, passons à l’examen de la manière dont, après avoir montré combien il réprouvait le système d’éducation mis en pratique par les Grecs, Platon partageait les opinions des Hébreux à ce sujet. Voici comme il le déclare dans le dixième livre de la République.

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