Préparation évangélique

LIVRE XV

CHAPITRE LXI
DU PRINCIPE DIRIGEANT DE L’ÂME (Plut. ibid. L. 4. c. 5)

« Platon et Démocrite placent le principe dirigeant dans toute la tête : Straton entre les deux sourcils : Erasistrate dans la membrane encéphalique qu’il nomme épicranide : Hérophile dans le ventricule de l’encéphale qui est à la base : Parménide le distribue dans toute la poitrine : Épicure, avec tous les Stoïciens, dans la cavité du cœur : Diogène (d’Apollonie) dans le ventricule artériel du cœur où circule l’esprit : Empédocle dans l’ensemble du sang. Il en est qui lui assignent pour résidence l’enveloppe du cœur dite péricarde ; d’autres, le diaphragme. Quelques auteurs disent qu’il s’étend depuis la tête jusqu’au diaphragme : Pythagore place sa vitalité dans le cœur, et sa force de raisonnement et d’intelligence dans la tête. »

Telles sont les opinions de ces philosophes sur la division et l’emplacement de l’âme. Ne vous semble-t-il pas, d’après cela, que nous avons agi avec discernement, en nous séparant par le jugement et le raisonnement de toute cette recherche, sans objet, de questions aussi inutiles qu’elles sont semées d’erreurs, et en ne nous souciant pour rien d’aucune de ces disputes ? Nous n’y découvrons, en effet, aucun avantage, ni rien qui tende à procurer aux hommes la possession et l’usage du bien par excellence. N’avons-nous pas eu raison de ne nous attacher qu’à la piété envers le Dieu créateur de l’univers, et par la régularité de notre vie aussi bien que par la pratique des vertus qui plaisent à Dieu, de nous efforcer de vivre d’une manière qui puisse nous concilier les bonnes grâces de Dieu, qui est par-dessus tous les êtres ? Si, cependant, par envie et dénigrement, vous refusez d’admettre comme véritable notre seul témoignage, il se pourra que le plus sage de tous les Grecs, Socrate, vous persuade, en vous apportant des raisonnements pleins de vérité en faveur de notre sentiment. Il a, en effet, démontré l’extravagance de ces bavards qui nous exposent leur doctrine sur les mouvements célestes, déclarant qu’ils ne diffèrent en rien des insensés, les en convainquant de la manière la plus formelle, en ce que, non seulement, ils veulent parvenir à des choses auxquelles ils ne sauraient atteindre ; mais encore, parce qu’ils consument leur vie à des occupations sans aucune utilité.

Xénophon vous en donnera la preuve ; nous l’avons déjà cité comme le disciple le plus initié dans les pensées de Socrate.

Voici ce qu’il écrit dans les entretiens mémorables de ce dernier.

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