Le manuel des chrétiens protestants - Émilien Frossard

XXII – Le ministère laïc.

Plût à Dieu que tout Israël fût prophète ! Nom., XI, 29.

La sacrificature[1], considérée comme intercession efficace, autorité suprême, est toute concentrée en Jésus-Christ. Il l’exerce constamment et directement par l’influence et l’opération du Saint-Esprit qui agit dans les fidèles. Si on la considère comme un ministère, une administration de la vérité de l’Évangile et une influence pastorale, bien qu’elle soit spécialement confiée à des hommes choisis et mis à part sous les titres de ministres, pasteurs et docteurs, elle ne leur est pas exclusivement dévolue, et sous l’économie de l’Évangile, tous, c’est-à-dire tous les croyants, grands et petits, jeunes et vieux, pasteurs et laïques, sont sacrificateurs et rois (1 Pierre, II, 9.).

[1] (Religion) Dignité, office, fonction de sacrificateur dans certains rites religieux.

Saint Paul compare l’Église à un corps (1 Cor., XII.) composé de divers organes qui tous doivent, par leur action, contribuer au bien général.

Une Église ne mérite ce titre (assemblée) qu’autant que la vie et l’activité se manifestent dans tous ses membres. Toutefois Dieu ne veut pas qu’il y ait confusion dans son œuvre excellente, et s’il y a des institutions qui règlent les études et les fonctions des ministres, il peut, il doit y avoir une discipline qui règle aussi l’activité des fidèles.

Le ministère laïque prend des formes diverses selon les circonstances où il s’exerce ; et nous trouvons des ministres de Dieu dans les membres des consistoires, dans les conseillers presbytéraux, qui maintiennent l’ordre dans l’Église ; dans les évangélistes, qui vont de lieu en lieu porter le bon message de la Parole ; dans les colporteurs de la Bible, humbles et actifs chrétiens qui, sous le regard protecteur de la loi, pénètrent dans les derniers hameaux de l’Empire pour y offrir le saint livre de Dieu ; dans les instituteurs et les institutrices des écoles ; dans les directeurs des écoles du dimanche ; dans les diacres et les diaconesses, qui offrent des soins affectueux aux pauvres et aux malades ; dans les écrivains qui consacrent leur talent à la défense de la vérité ; dans les hommes distingués, qui composent et dirigent les comités administrateurs de nos asiles et de nos sociétés chrétiennes ; dans les chefs de famille, qui célèbrent chaque jour le culte dans leur famille ; dans chaque chrétien et dans chaque chrétienne, qui « en temps et hors de temps » exercent autour d’eux une influence bénie pour étendre le règne de Dieu dans les âmes.

Dans une Église bien réglée, ce précieux ministère, exercé par les laïques, ne vient point se substituer au ministère régulier des pasteurs ; il en devient l’auxiliaire et le complément, chacun restant dans la position spéciale que lui a assignée la Providence.

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