Le manuel des chrétiens protestants - Émilien Frossard

XXXI – Consécration d’un ministre.

Le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Paul et Barnabas pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Actes, XIII, 2.

Conformément aux coutumes établies dans la primitive Église, la consécration au saint ministère est conférée aux candidats par l’imposition des mains.

Avant de procéder à cette cérémonie, les pasteurs consacrants, réunis au nombre de sept au moins, examinent soigneusement les titres du candidat, qui consistent en un diplôme de bachelier en théologie, et un certificat d’aptitude au saint ministère, délivrés par une faculté de théologie compétente. Mais, comme ces titres sont plutôt universitaires qu’ecclésiastiques, les pasteurs procèdent d’ordinaire à un examen consciencieux et approfondi des garanties morales et religieuses qui témoignent du zèle et de l’orthodoxie du candidat.

On comprend qu’ici chacun apporte plus ou moins d’attention et de sévérité, selon la mesure de ses scrupules de conscience et de ses propres convictions intimes.

Une fois satisfaits sur ces divers points, les pasteurs consacrants procèdent à la cérémonie. Un d’entre eux est chargé de la présider : c’est d’ordinaire le président du Consistoire. Il ouvre-la cérémonie par la confession des péchés ; après un chant religieux, il annonce à l’assemblée le but de la réunion, et lui présente le candidat, qui est placé en face de la chaire.

Après cet avis, le pasteur, chargé d’adresser la parole au récipiendaire au nom de ses collègues, monte en chaire, et prononce un discours où il a soin de retracer les devoirs, les peines et les joies du ministère évangélique. Il termine son allocution en appelant le candidat à prêter le serment d’usage.

Alors le candidat, accompagné par les deux pasteurs les plus âgés, et suivis de tous les autres ministres de l’Évangile, monte les degrés d’une estrade qui aboutit auprès de la chaire ; là il se prosterne, et, plaçant sa main droite sur la sainte Écriture ouverte devant lui, il prête serment. Nous rapportons ici l’expression de ce serment, telle qu’elle a été rédigée à Montauban, et employée dans une consécration qui a eu lieu en 1839.

D. Conformément à la discipline de nos Églises réformées, d’après laquelle le candidat au saint ministère de l’Évangile doit rendre témoignage de la pureté de sa foi avant de recevoir l’imposition des mains, je vous invite à répondre aux questions suivantes :

Vous promettez devant Dieu, et sur les saintes Écritures ouvertes devant vous, de prêcher purement et fidèlement la Parole de Dieu, telle qu’elle est contenue dans les livres sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament, sans y rien ajouter ni en rien retrancher, comme le commande la Bible elle-même ?

R. Oui, je le promets.

D. En conséquence de cet engagement :

Vous promettez d’enseigner que, par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ; que tous ont péché et sont assujettis à la condamnation, et que nul ne sera justifié devant Dieu par les œuvres de la loi ?

R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d’enseigner que Jésus-Christ est notre Seigneur et notre Dieu ; Dieu sur toutes choses, béni éternellement ?

R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d’enseigner que Jésus-Christ est mort pour nos péchés ; que nous avons en lui la rédemption par son sang, savoir, la rémission des péchés, et que nous sommes sauvés par la grâce, par la foi ?

R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d’enseigner que nul ne peut voir le royaume de Dieu, s’il n’est né de nouveau par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, lequel Dieu répand abondamment sur nous par Jésus-Christ, notre Sauveur ?

R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d’enseigner que la foi sans les œuvres est morte, et que, sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur ?

R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez encore de faire tous vos efforts pour édifier l’Église du Seigneur, en vivant dans le siècle présent, selon la tempérance, la justice et la piété, et en vous appliquant à remplir les devoirs de votre sainte vocation ?

R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez, enfin, de tenir secrètes toutes les confessions qui vous seraient faites à décharge de conscience, excepté celles qui concerneraient des crimes de haute trahison ?

R. Oui, je le promets.

En conséquence de ces engagements, conformément à l’usage de l’Église primitive, en vertu de la charge que nous exerçons dans l’Église comme ministre de Jésus-Christ, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous vous autorisons à prêcher la Parole de Dieu, à bénir les mariages contractés suivant la loi, à administrer les sacrements, partout où le Seigneur vous appellera, et nous vous conférons le ministère évangélique par l’imposition des mains.

L’accolade fraternelle et le chant du psaume CXXXIV terminent la cérémonie.

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