Antiquités judaïques - Flavius Josèphe

LIVRE VIII

CHAPITRE III
Construction et description du Temple.

Date de la construction du Temple.

1.[1] Salomon commença la construction du Temple dans la quatrième année de son règne, le second mois, que les Macédoniens appellent Artémisios et les Hébreux Iar[2], cinq cent quatre-vingt-douze ans[3] après que les Israélites étaient sortis d’Égypte, 1020 ans[4] après qu’Abram était venu de Mésopotamie en Chananée, 1440 ans après le déluge[5]. Depuis la naissance du premier homme Adam jusqu’à l’époque où Salomon construisit le Temple, il s’était écoulé en tout 3102 ans[6]. Et l’époque où commença la construction du Temple se trouva être la onzième année du règne de Hirôm à Tyr, et depuis la fondation (de cette ville) jusqu’à la construction du Temple s’étaient écoulés 240 ans.

[1] I Rois, VI, 1 ; II Chroniques, III, 2. Toutes les données chronologiques, sauf l’an et le mois de la construction, appartiennent à Josèphe.

[2] L’hébreu dit : au mois de ziv.

[3] Ce chiffre concorde avec celui qu’on a lu supra (Ant., VII). D’après ce texte, il se serait écoulé 515 ans depuis les campagnes de Josué jusqu’à la prise de Jérusalem par David ; en ajoutant à ce chiffre, d’une part, les 40 ans de Moïse, de l’autre les 33 de David et les 4 de Salomon, on obtient bien 592. Mais l’hébreu, I Rois, VI, 1, donne un tout autre chiffre : 480 ans (LXX : 440), c’est-à-dire douze générations.

[4] En ajoutant aux 592 ans les 430 indiqués dans Ant., II, § 318, d’après Exode, XII, 40, on obtient 1022. Peut-être faut-il ajouter avec Schotanus Καὶ δύο ?

[5] D’après ce chiffre, il se serait écoulé 420 ans entre le déluge et la venue d’Abraham en Canaan. C’est un résultat tout différent de celui auquel on arrive en rapprochant Ant., I, § 148 et 154, d’après quoi cet intervalle serait de 992 + 75, soit 1067 ans, ou, si l’on préfère la leçon de certains manuscrits, de 292 + 75 = 367 ans. Il faudrait donc ici, soit 2087 (ou, avec la correction proposée note précédente, 2089), soit 1387(9) ; mais, même corrigé, ce chiffre ne concorderait pas avec ceux du livre X des Antiquités (§ 147, cf. la note sur ce passage). La vérité, c’est sans doute que Josèphe a suivi, dans ces différents passages, des systèmes différents empruntés à des sources différentes, qu’il ne s’est pas donné la peine de concilier ou qu’il n’a combinés qu’en partie. Il est décevant de chercher à corriger les chiffres de Josèphe.

[6] Ce chiffre appelle des observations analogues. Si l’on conserve les 1440 ans écoulés depuis le déluge jusqu’à la construction du temple et qu’on se reporte à Ant., I, § 82, qui donne un intervalle de 2262 ans depuis Adam jusqu’au déluge, on est tenté de lire 3702 au lieu de 3102. Mais la leçon 2262 n’est pas assez assurée pour l’autoriser. Si on lit 1656 (qui est la leçon de quelques manuscrits), on obtient, en additionnant ce chiffre avec 1440, 3096, chiffre qui se rapproche des 3102 de notre texte, mais sans qu’on puisse se permettre d’unifier ces chiffres. La correction de Bekker, qui veut lire 3050 à cause d’Ant., X, § 147-148, ne nous paraît pas plausible (cf. la note sur ce passage).

Les édifices dit Temple.

2.[7] Le roi jeta les fondements du Temple à une très grande profondeur sous terre, en pierres d’une matière solide et capable de résister au temps qui, s’incorporant à la terre, pussent servir de piédestal et de base à toutes les superstructures, et, grâce à la force d’en bas, supporter sans peine la masse des édifices supérieurs et la magnificence des ornements ; par leur poids ces fondements rivalisaient, avouons-le, avec le reste des appareils projetés pour faire l’édifice haut et ample en même temps que beau et grandiose[8]. On éleva l’édifice jusqu’au toit en marbre blanc. La hauteur en était de soixante coudées, la longueur d’autant, la largeur de vingt[9]. Sur ce premier étage s’élevait un second de mêmes dimensions, si bien qu’au total la hauteur du Temple était de cent vingt coudées[10]. Il était tourné vers l’Orient. Par devant se dressait le portique : il mesurait vingt coudées de long, correspondant à la largeur de l’édifice, avec dix coudées de large et s’élevait à cent vingt coudées de haut. Puis le roi édifia tout autour du Temple trente petites chambres[11] qui devaient, grâce à leur resserrement et leur nombre, former une enceinte extérieure continue. De plus, il aménagea les entrées en sorte qu’on eût accès de l’une dans l’autre[12]. Chacune de ces chambres mesurait cinq coudées de large, autant de long et vingt de haut[13]. Sur elles s’étageaient d’autres logements et encore d’autres sur ceux-ci, de mêmes dimensions et de même nombre, de sorte qu’au total ils avaient même hauteur que l’édifice principal[14] ; car l’étage supérieur de celui-ci n’était pas entouré de chambres. Tout l’édifice avait une toiture de cèdre. Les chambres avaient chacune son toit propre, sans attache avec les voisines, mais le reste du Temple possédait un toit commun construit en très longues poutres qui en traversaient toutes les parties (?), de sorte que les murs intermédiaires étaient maintenus ensemble par les mêmes pièces de bois, ce qui renforçait leur solidité[15]. Quant au plafond sous les poutres du toit, il le fit de même matière, creusé pour former des caissons et recevoir des applications d’or. Les murs, garnis de boiseries de cèdre, furent également incrustés d’or, de sorte que tout le Temple étincelait, et que les yeux de ceux qui y pénétraient étaient éblouis par l’éclat de l’or répandu de toutes parts. L’ensemble de la construction du Temple fut faite avec beaucoup d’art, au moyen de pierres polies, assemblées avec tant d’exactitude et si bien nivelées qu’aucune trace de marteau ni d’aucun antre outil architectonique n’apparaissait au regard. Il semblait que, sans l’intervention d’instruments, tous les matériaux s’étaient congrûment ajustés les uns aux autres et que les parties avaient réglé leur harmonie d’elles-mêmes plutôt qu’en subissant la contrainte de l’ouvrier[16]. Le roi ménagea, pour monter à l’étage de dessus, un escalier dans l’épaisseur du mur, car cet étage n’avait pas une grande porte à l’est comme en avait celui d’en bas ; c’était par les côtés qu’on y avait accès au moyen de portes très petites. Il garnit encore le Temple[17], à l’intérieur comme à l’extérieur, de grands ais de cèdres reliés par des chaînes[18] épaisses, de façon à servir d’étais et de renforts.

[7] I Rois, VI, 2 ; II Chroniques, III, 3.

[8] Texte altéré, nous traduisons au jugé.

[9] L’hébreu donne d’autres dimensions : 60 de long, 20 de large et 30 de haut ; le grec (B) : 40, 20 et 25 (A : 30).

[10] Rien de semblable dans la Bible à cette étrange superstructure. La hauteur de 120 coudées est celle du portique d’après II Chroniques, III, 4 ; Josèphe reproduit, d’ailleurs, ce chiffre l’instant d’après en parlant dudit portique.

[11] Ce sont, les étages ([hébreu]) ou les cellules (hébreu]) de I Rois, VI, 5, rendus par μέλαθρα chez les LXX. Le chiffre de 30 n’est pas dans la Bible ; il résulte du rapport entre la longueur de l’enceinte du temple et la largeur attribuée aux chambrettes (cinq coudées) flanquant ladite enceinte, en en exceptant toutefois la façade (60 + 60 + 20 = 140 : 5 = 28) ; en ajoutant les deux coins, on obtient le chiffre de 30.

[12] Détail inconnu à la Bible.

[13] La hauteur des « étages », d’après I Rois, V, 10, semble être de cinq coudées. Josèphe attribue vingt coudées de haut à chacun des trois étages pour obtenir les soixante coudées de la partie inférieure du temple, conformément à l’indication donnée plus haut.

[14] Tous ces détails sont propres à Josèphe.

[15] Texte très obscur et peut-être altéré, que nous traduisons par à peu près. (T. R.)

[16] Josèphe paraphrase assez malheureusement le verset 7 du texte biblique qui dit simplement que les pierres furent apportées sur le chantier toutes taillées, de manière qu’on n’eut pas, sur l’emplacement du temple, à employer le marteau et la lime. (T. R.)

[17] Josèphe n’a rien qui corresponde aux versets 11-13, omis aussi dans les versions BL des LXX.

[18] Άλύσεσι = [hébreu] (II Chroniques, III, 5), les LXX traduisent le mot par χαλαστά. La version lucienne a le même mot que Josèphe : άλύσεις.

Le Saint des Saints, le Sanctuaire, les Chérubins.

3.[19] Ayant séparé le Temple en deux travées, il fit de la salle intérieur, longue de vingt coudées, le Saint des Saints (l’Inaccessible), et l’autre, de quarante coudées, il la désigna comme le Sanctuaire. Il pratiqua une ouverture dans le mur de séparation et y plaça des portes de cèdre, qu’il orna de beaucoup d’or et d’incrustations variées. Il tendit ces portes de voiles somptueusement fleuris d’hyacinthe, de pourpre et d’écarlate, faits d’un byssus éclatant et moelleux[20]. Puis il plaça dans le Saint des Saints, large de vingt coudées et long d’autant, deux Chérubins tout en or ayant chacun cinq coudées de haut[21], et munis chacun de deux ailes de cinq coudées d’envergure. C’est pourquoi il les disposa à faible distance l’un de l’autre, de telle sorte que de l’une des ailes ils touchaient le mur sud du Saint des Saints et de l’autre le mur nord, tandis que les ailes intérieures, en contact l’une avec l’autre, abritaient l’arche dressée entre les deux. Quant aux Chérubins, nul ne peut dire ou s’imaginer quel genre de figure ils présentaient. Il revêtit aussi le pavé du Temple de lames d’or et adapta au pylône du Temple des portes d’une hauteur proportionnée à celle du mur, d’une largeur de vingt coudées[22] qu’il garnit d’or. En somme, il ne laissa aucune partie du Temple, ni à l’extérieur, ni à l’intérieur, qui ne reluisit d’or[23]. Ces portes extérieures furent tendues de voiles semblables à ceux des portes intérieures. Mais la porte du pronaos n’eut rien de pareil.

[19] I Rois, VI, 16.

[20] Imité du grec de II Chroniques, III, 14. La description du livre des Rois ne parle pas d’un voile tendu entre le Debir et le Hêkhal.

[21] 10 coudées dans la Bible (VI, 23 et 96), ce qui donne une proportion plus convenable.

[22] Le texte des Rois n’indique aucune dimension. Josèphe s’est souvenu d’Ézéchiel, XLI, 2, mais ici la porte entière n’a que 10 coudées de large : Josèphe aura confondu la porte et le battant. (T. R.)

[23] Nous lisons, avec Enthoven, οὗ (au lieu de ό) μὴ χρυσὸς ἦν.

Les colonnes du Temple.

4.[24] Salomon fit venir de Tyr, de chez Hirôm, un artisan nommé Chiram(os) de la race de Nephtali par sa mère, — qui était de cette tribu, — et par son père, Ourias (?), de race Israélite (?)[25]. Cet homme était expert en tout travail, mais spécialement adroit à travailler l’or, l’argent et l’airain[26]. C’est par lui que furent exécutés, selon la volonté du roi, tous les ornements du Temple. Ce Chiram fabriqua aussi deux colonnes d’airain dont le métal avait une épaisseur de quatre doigts[27]. La hauteur de ces colonnes était de dix-huit coudées, leur circonférence de douze coudées[28]. Sur le sommet de chaque colonne, il plaça un (chapiteau) de fonte en forme de lys[29] d’une hauteur de cinq coudées, autour duquel était posé un filet[30] tout tressé de palmes d’airain enveloppant les lys. De ce filet pendaient en deux rangées deux cents grenades. Il plaça l’une de ces colonnes contre l’aile droite du vestibule, et l’appela Yachin, et l’autre à gauche, sous le nom de Baïz[31].

[24] Josèphe saute ici le passage, I Rois, VII, 1-12. qui interrompt les descriptions relatives au Temple, et en reporte les indications en leur lieu, c’est-à-dire au moment de parler du palais royal.

[25] Πετρὸς δ’ Οὐρίου, γένος Ἰσραηλίτου. Il y a là une double bévue : Οὐρίας est une altération du Τύριος des LXX traduisant [hébreu] de l’hébreu, et Ίσραηλίτου semble bien résulter d’une lecture fautive de [hébreu]. Comment ce singulier doublet a-t-il pu se produire sous la plume de Josèphe ? Comment, dans les mots ἀνὴρ Τύριος des LXX, même en lisant par erreur Οὐρίος, a-t-il pu voir un nom de personne ? Faut-il, avec Rahlfs (Septuaginta-Studien, 3, p. 92, note), voir dans Οὐρίου une faute de copiste pour Τυρίου et dans γένος Ἰσραηλίτου et une « addition tertiaire » occasionnée ultérieurement par cette variante fautive ? C’est méconnaître le rapport assez probable entre Ίσραηλιτου et de l'hébreu et c’est, de plus, faire remonter l’erreur du copiste à l’archétype de tous les manuscrits connus actuellement de Josèphe, car ils ont, sans exception, la leçon Ούρίου. Force est donc d’imputer cette double bévue, si grossière soit-elle, à Josèphe lui-même.

[26] L’or et l’argent, d’après II Chron., II, 13. Les Rois ne parlent que de son habileté comme ouvrier en cuivre.

[27] Manque dans l’hébreu, mais se retrouve dans les LXX, I Rois, VII, 15, (τὸ πέχος τοῦ στύλου τεσσάρων δακτύλων) conformément, d’ailleurs, à Jérémie, LII, 21. Quant au mot ἔσωθεν (τὸ πάχος), s’il ne résulte pas d’une erreur, il implique que les colonnes étaient creuses ; l’épaisseur est celle de l’airain entourant l’âme.

[28] Δώδεxα πήχεων. Il est absurde de corriger, comme Ernesti, suivi par Naber, en δαxτύλων, puisque la Bible (hébreu et grec) parle ici de coudées. Le chiffre de douze est conforme à l’hébreu. Les LXX, sur I Rois, VII, 15, ont 14. La suite est un abrégé de la description, d’ailleurs obscure, de I Rois, VII, 16-20.

[29] Κρίνον. Cf. ἔργον κρίνον des LXX (v. 19) = [hébreu].

[30] Δίκτυον, comme LXX traduit de l'hébreu [hébreu]. Josèphe ne parle, ainsi que les LXX, que d’un réseau. L’hébreu en mentionne sept par chapiteau au v. 17 et seulement deux au v. 41. Il est probable que le mot [hébreu] du v. 17 doit se lire [hébreu].

[31] Hébreu : Boaz ; LXX : Βολωζ, Βαλαζ (L : Βααζ). Dans II Chroniques, III, 17, les LXX traduisent Boaz et Yakhin par Κατόρθωσις et Ίσχύς.

La Mer d’airain.

5.[32] Il fit fondre aussi une « Mer d’airain », en lui donnant la forme d’un hémisphère. On appela cet ouvrage Mer, à cause de son énormité. La vasque, en effet, avait dix coudées de diamètre et on l’avait fondue de l’épaisseur d’une palme[33]. La partie centrale de la cavité était soutenue par un support en spirale qui faisait dix tours et mesurait une coudée de diamètre[34]. Autour de ce pilier étaient placés douze taureaux regardant dans les quatre directions des vents, trois clans chaque sens, inclinés en arrière afin de porter l’hémisphère dont la rotondité se recourbait en dedans[35] (?). La capacité de la Mer était de trois mille baths[36].

[32] I Rois, VII, 23 ; II Chroniques, IV, 2.

[33] Comme les LXX, v. 26 β · Καὶ τὸ πάχος σύτῆς πελειστῆς = [hébreu].

[34] Le texte biblique parle (v. 24) de Pekaïm, « coloquintes », disposées autour du rebord circulairement, au nombre de dix par coudée. Il n’y est pas question d’un support central hélicoïdal d’une coudée de diamètre.

[35] Κατὰ περιεγωγὴν ἔνδον ἀπονεῦον. Sens et texte douteux.

[36] D’après II Chroniques, IV, 5 ; le livre des Rois indique 2.000, chiffre déjà très supérieur à la capacité probable de la « Mer ». Selon Benzinger (Archãol., p. 184), 2.000 baths feraient 72.800 litres ; or, l’hémisphère de la Mer d’airain, d’après les indications données, n’aurait qu’une capacité variant entre 36.000 et 40.000 litres.

Les bassins.

6.[37] Il fit en outre dix socles, ou bases de bassins, de forme quadrangulaire et en airain[38]. Chacun de ces socles mesurait cinq coudées de long, quatre de large et six de haut[39]. L’ouvrage, en partie ciselé, était appareillé[40] de la façon suivante : il y avait quatre pilastres quadrangulaires disposés à chaque angle, entre lesquels s’emboîtaient de part et d’autre les faces des socles en s’y adaptant exactement[41]. Ces faces étaient partagées en trois compartiments. Sur chaque champ était sculptée une montagne[42] (?) formant base sur laquelle étaient figurés ici un lion, là un taureau, enfin un aigle[43], et les pilastres portaient un travail de décoration analogue aux faces. L’ensemble de l’ouvrage se tenait suspendu sur quatre roues[44]. Ces roues avaient des moyeux et des cercles (?)[45] venus de fonte, et d’une coudée et demie de diamètre. C’était merveille de voir comment les jantes des roues bien ciselées et unies aux faces des socles s’emboîtaient exactement avec les rais (?) : telle était cependant leur structure. Les angles supérieurs du socle étaient enfermés dans des épaules[46] aux mains étendues, sur (chacune ?) desquelles s’appuyait une base de colonne[47] placée sous le creux du bassin, qui reposait ainsi sur ces mains ; l’aigle et le lion s’ajustaient si bien à ces épaules, que le tout semblait au spectateur fondu d’une seule pièce. Entre ces mains étaient ciselées des palmes[48]. Telle était la structure des dix socles. Il fabriqua, en outre, dix grands bassins, ou récipients arrondis en cuivre, dont chacun contenait quarante ronges. La hauteur en était de quatre coudées et l’écartement des bords pareil. Il posa ces bassins sur les dix socles, appelés Méchonot[49]. Il en disposa cinq du côté gauche du Temple, lequel était tourné au nord et autant du côté droit, c’est-à-dire au midi, mais de sorte que leur face (?) regardait l’orient[50]. C’est dans ce sens aussi qu’il disposa la Mer. Ayant rempli d’eau les bassins et la lier, il destina la Mer aux ablutions des mains et des pieds prescrites aux prêtres quand ils pénétraient dans le Temple au moment de monter à l’autel, et les bassins à la purification des entrailles et des pieds, des victimes offertes en holocauste[51].

[37] I Rois, VII, 27 ; II Chroniques, IV, 6.

[38] Λουτήρων, comme le grec des Chroniques, traduisant [hébreu]. Βάσεις répond aux [hébreu] des Rois, transcrits μεχωνωθ par les LXX. Josèphe reproduit lui-même ce mot plus loin (§ 85).

[39] Mêmes dimensions que dans les LXX ; l’hébreu a 4, 4, 3.

[40] Συνεκέπλειστο. Cp. συγκλειστόν des LXX, traduisant [hébreu] de l’hébreu (moulures ?).

[41] Cette description ne répond à rien dans la Bible.

[42] Je lis : ὄρος κατεσκευασμένον avec le ms. P au lieu de ὄρος κατεσκευασμένος de la Vulgate. (T. R.)

[43] Ἀστός. Doit correspondre aux [hébreu]. Les LXX reproduisent simplement le mot χερουβειμ.

[44] Τροχῶν comme les LXX. Τρόχοι = [hébreu].

[45] Πλήμνας καὶ ἄντυγες : le sens de ce dernier terme est douteux, on ne voit pas bien en quoi il se distingue de l’ἀψίς (jante) nommée un peu plus loin. Il ne semble pas qu’il puisse s’agir des rais. (T. R.)

[46] Les LXX ont (v. 34) ὠμίαι = [hébreu] de l’hébreu.

[47] Σπεῖρα, terme vague répondant sans doute à l’énigmatique objet arrondi (héb. : [hébreu] ; LXX : στρογγύλον) qui servait de support particulier au bassin (v. 35).

[48] Φοίνιxες, comme LXX = [hébreu] du v. 36.

[49] Dans ce paragraphe, Josèphe reproduit les expressions des LXX (v. 38). χυτρογεύλους (= [hébreu]), τετταράκοντα (= [hébreu]) μεχωνώθ. L’imitation est d’autant plus manifeste qu’il emploie, d’autre part, les mots λουτήρας pour bassins et βάσεις pour les socles. On trouve, d’ailleurs, ces deux mots également dans les LXX. Le diamètre des bassins n’est pas indiqué dans la Bible.

[50] Dans le texte biblique, c’est la « mer » seule qui est placée (semble-t-il) au Sud-Est.

[51] D’après II Chroniques, IV, 6.

Les deux autels.

7.[52] Il fabriqua aussi un autel de cuivre, long de vingt coudées, large d’autant, et haut de dix, pour les holocaustes. Il en fit aussi tous les ustensiles en cuivre, trépieds et vases à puiser l’eau[53]. En outre, Chirâm fabriqua les chaudrons, les crocs[54] et tous les instruments en un cuivre pareil à l’or par l’éclat et la beauté[55]. Le roi consacra aussi quantité de tables[56], dont une grande en or, sur laquelle on posait les pains de Dieu ; et une foule d’autres semblables à celle-ci, de formes variées, où l’on posait les vases — phiales et patères à libations — dont il y eut vingt mille en or et quarante mille en argent[57]. Il fit aussi dix mille candélabres, selon la prescription de Moïse ; il en consacra un dans le Temple, où il devait brûler tout le jour, conformément à la loi, et une table[58] surmontée des pains au côté nord du Temple en face du candélabre lequel était placé du côté sud. L’autel d’or était posé au milieu. Tous ces objets étaient contenus dans l’édifice de quarante coudées en avant du voile du Saint des Saints : dans ce dernier devait reposer l’arche.

[52] II Chroniques, IV, 1 ; I Rois, VII, 40.

[53] Ποδιστήρας καὶ ἀναληπτήρας. Les deux mots se retrouvent dans le grec de II Chroniques, IV, 16, traduisant [hébreu] et [hébreu]. Dans les Rois, ces deux mots sont traduits par λέβητας et θαρμαστρεῖς.

[54] Λέβητας καὶ ἔρπαγας. Cf. LXX (Chron.) : λέβητας καὶ κρεάγας. La leçon λαβίδας (M) préférée par Naber est fautive.

[55] Paraphrase de χαλκᾶ ἄρδην (= [hébreu]) οθ χαλκᾶ παυέρου = [hébreu] ΙI Chroniques, IV, 16.

[56] Les Rois ne parlent que d’une seule table ; les Chroniques en mentionnent dix (IV, 8).

[57] Chiffres fantastiques : la Bible n’indique pas le nombre des vases. Quant aux candélabres, elle en mentionne dix en tout, cinq à droite et cinq à gauche. (On peut se demander si μυρίας dans le texte de Josèphe ne résulte pas d’une fausse lecture, par un copiste, d’un chiffre inférieur.) (T. R.)

[58] Josèphe a déjà parlé de cette table plus haut. (T. R.)

Les vases, les vêtements, les instruments de musique.

8.[59] Le roi fit préparer quatre-vingt mille cruches à vin, puis dix mille coupes en or, et deux fois autant en argent ; des plateaux en or pour porter à l’autel la fleur de farine pétrie, au nombre de quatre-vingt mille, et le double en argent ; des cratères où l’on mélangeait la fleur de farine avec l’huile, soixante mille en or et deux fois autant en argent. Les mesures, semblables à celles que Moïse appelait hin et essaron, étaient au nombre de vingt mille en or et le double en argent. Il y avait des encensoirs en or, dans lesquels on apportait les parfums au Temple, au nombre de vingt mille. D’autres encensoirs servaient à transporter le feu du grand autel extérieur au petit autel situé dans le Temple, au nombre de cinquante mille. On fit des vêtements pontificaux pour les grands-prêtres avec des manteaux longs, un oracle (pectoral) et des pierres précieuses, au nombre de mille ; quant à la couronne où Moïse écrivit le nom de Dieu, elle était unique et est demeurée jusqu’aujourd’hui. Les vêtements pour les simples prêtres furent tissés en byssus, avec des ceintures de pourpre pour chacun, au nombre de dix mille. Il y eut deux cent mille trompettes, selon les instructions de Moïse, et deux cent mille robes de byssus pour les chantres Lévites[60]. Les instruments de musique nommés nabels et cinyres, faits pour accompagner les hymnes, furent fabriqués en électrum, au nombre de quarante mille.

[59] I Rois, VII, 50 : toute l’énumération des vases, vêtements et instruments avec les chiffres énormes donnés par Josèphe est inconnue à la Bible. Josèphe applique sans doute à l’époque salomonienne des données qui conviennent au second temple, non sans les majorer encore. (D’autre part, il semble que les 30.000 coupes (φιέλαι) ci-après font double emploi avec les 60.000 φιάλαι xαί σπονθεϊα cités plus haut.)

[60] Cf. II Chroniques, V, 12.

L’enceinte du Temple et le Sanctuaire extérieur.

9.[61] Toutes ces choses, Salomon les prépara pour la gloire de Dieu avec somptuosité et magnificence ; loin d’épargner aucune dépense, il déploya la plus grande largesse pour orner le Temple, et il enferma ces objets dans les trésors de Dieu. De plus, il entoura le Temple d’une enceinte appelée gession (gis)[62] dans la langue du pays et thrincos (mur de clôture) en grec ; elle s’élevait à une hauteur de trois coudées. Elle avait pour but d’interdire à la foule l’accès du sanctuaire et indiquait qu’il s’ouvrait seulement aux prêtres. En dehors de cette enceinte il bâtit un sanctuaire de forme quadrangulaire muni de grands et larges portiques qui s’ouvraient par de hautes portes, orientées aux quatre directions des vents et fermées par des battants d’or. Dans cet édifice avaient accès tous les gens du peuple à condition d’être purs et d’observer les lois. Enfin, une merveille défiant toute description et, pour ainsi dire, tout regard fut le (troisième) Sanctuaire, extérieur aux deux précédents[63]. Salomon, en effet, combla de grands ravins où le retard avait peine à plonger, tant la profondeur en était immense, et, les ayant nivelés à une hauteur de quatre cents coudées, donna au terrain la même altitude qu’à la cime du mont sur laquelle s’élevait le Temple. Et c’est ainsi que le sanctuaire extérieur, qui était hypèthre (sans toiture), se trouvait à la même hauteur que le Temple. Il l’environna de portiques doubles avec de hautes colonnes en pierres prises sur les ces portiques avaient des toits de cèdre lambrissé. Quant aux portes de ce sanctuaire il les fit toutes en argent.

[61] I Rois, VII 51 ; II Chroniques, V, 1. Les détails sur l’enceinte du gis, sur les sanctuaires extérieurs, les grands travaux de terrassement effectués par Salomon sont encore des anachronismes. Cf. Ant., IV, § 398 et suiv. ; Guerre, V, 1.

[62] Mot syriaque (cf. Ant., IV, § 417).

[63] τὸ τούτων ἔξωθεν ίερόν : il s’agit donc bien d’une troisième enceinte et non, comme l’a cru Arnaud, de l’enceinte des Israélites dont il vient d’être question. Cette dernière a, d’ailleurs, des portes d’or, tandis que la troisième cour a des portes d’argent.

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