Antiquités judaïques - Flavius Josèphe

LIVRE XVII

CHAPITRE VII
L'empereur laisse la liberté à Hérode de châtier Antipater à sa convenance : soit l'exil, soit la mort ; Hérode veut se frapper avec son couteau ; Antipater, le croyant mort, tente de soudoyer son geôlier pour sortir de prison ; Hérode le met à mort.[1]

Peines prononcées par l’empereur. Exécution d’Antipater.

Pendant qu’Hérode donnait ces instructions à ses parents, arriva une lettre des ambassadeurs qu’il avait envoyés à Rome auprès de l’empereur ; il en prit connaissance ; elle disait en substance qu’Acmé avait été mise à mort par l’empereur, indigné de sa complicité criminelle avec Antipater. Quant à ce dernier, l’empereur laissait à Hérode lui-même le soin de décider, comme père et comme roi, s’il voulait l’envoyer en exil ou même le mettre à mort. Ayant reçu ces nouvelles, Hérode se sentit mieux pendant un court espace de temps par la joie que lui procurait cette lettre, la mort d’Acmé et la liberté qu’il recevait de châtier son fils. Mais ses souffrances ayant repris de plus belle, il réclamait dans ses tourments de la nourriture. Il demanda une pomme et un couteau, ayant l’habitude depuis longtemps d’éplucher et de couper lui-même en morceaux les fruits qu’il mangeait. Il prit le fruit, regarda autour de lui, voulut se frapper ; il l’eût fait si Achiab, son cousin germain, ne lui eût saisi vivement la main droite et n’eut poussé un grand cri auquel répondirent dans le palais des gémissements et un grand trouble, comme si le roi était mort. Antipater, croyant son père vraiment mort, retrouva toute l’audace de ses paroles comme s’il était déjà délivré de ses chaînes et allait prendre en mains la royauté sans obstacle ; il parlait à son geôlier de sa délivrance, lui faisant de grandes promesses pour le présent et pour l’avenir, comme si c’était de cela qu’il fût question. Or, le geôlier non seulement ne se laissa pas convaincre d’écouter Antipater, mais encore rapporta au roi les projets et les nombreuses sollicitations analogues dont il avait été l’objet auparavant. Quand Hérode, qui déjà auparavant n’avait pas cédé à son affection pour son fils, eut entendu le geôlier, il poussa des cris, se frappa la tête, bien qu’il fût à toute extrémité, et, se soulevant sur son coude, il ordonna à quelques gardes d’aller tuer Antipater sans retard, sur le champ, et de l’ensevelir sans honneurs à Hyrcania.

[1] Ch. VII = Guerre, I, 661-664.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant