Guerre des Juifs - Flavius Josèphe

LIVRE 2
Depuis la mort d'Hérode jusqu'au début de l'insurrection (4 av. J.-C. – 66 ap. J.-C.)

CHAPITRE 22
Préparatifs de guerre à Jérusalem. Excès de Simon Bargioras en Acrabatène et en Idumée.

Préparatifs de guerre à Jérusalem.

1. Ainsi s'apaisèrent les troubles de Galilée : la guerre civile terminée, on s'y occupa de préparer la lutte contre les Romains. A Jérusalem, le grand pontife Anan et tous ceux des puissants qui ne penchaient pas pour Rome mirent en état les murs et beaucoup de machines de guerre. Dans toute la ville on forgeait des traits et les armures complètes ; les jeunes gens se livraient à des exercices réglés[1] ; tout était plein de tumulte. Une affreuse consternation avait saisi les modérés, beaucoup se lamentaient, prévoyant les désastres futurs. Il y eut des prodiges de funeste augure pour ceux qui aimaient la paix ; ceux, il est vrai, qui avaient allumé la guerre les tournaient à leur gré. Bref, l'aspect de la ville, avant même l'attaque des Romains, était celui de l'agonie. Cependant Anan songeait à ralentir un peu les préparatifs guerriers et à ramener au bien commun les factieux et l'égarement de ceux qu'on appelait les zélateurs ; mais il succomba à la violence, et nous montrerons dans la suite quelle fut sa fin.

[1] Nous lisons avec Niese τακταίς (iussis dans la trad. latine) au lieu de ἀτάκτοις. Ce dernier mot pourrait cependant avoir le sens insolite de « démesurés, excessifs ».

Excès de Simon Bargioras en Acrabatène et en Idumée.

2. Dans la toparchie de l'Acrabatène, Simon, fils de Gioras, rassemblant un grand corps de révolutionnaires, se livra à des déprédations. Non content de piller les maisons des riches, il maltraitait encore leurs personnes et annonçait de longue main qu'il aspirait à la tyrannie. Lorsque Anan et les magistrats se décidèrent à envoyer contre lui une armée, il s'enfuit avec sa bande chez les brigands de Masada ; il resta là jusqu'à la mort d'Anan et de ses autres adversaires, et, en attendant, dévasta tellement l'Idumée que les magistrats de cette province, exaspérés par le grand nombre des meurtres et les pillages incessants, finirent par lever une armée et mettre garnison dans les villages. Tel était alors l'état de l'Idumée.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant