Vie - Flavius Josèphe

CHAPITRE XXII

Les habitants qui craignaient ma venue parce qu'ils étaient résolus à demeurer dans la fidélité et l'obéissance qu'ils avaient promises aux Romains, tachèrent de me détourner ailleurs, et envoyèrent pour cela vers Jésus qui, avec les huit cents voleurs qu'il commandait, était alors sur les frontières de Ptolémaïde, pour l'engager, par une grande somme d'argent, à venir me faire la guerre. Une telle récompense le fit résoudre à m'attaquer ; mais avant d'en venir à la force ouverte, il tâcha de me surprendre. Il envoya me prier de trouver bon qu'il vînt me saluer. Je le lui permis, parce que je ne me défiais point de lui ; et il se mit aussitôt en chemin avec tous ses gens. Sa méchanceté néanmoins n'eut pas le succès qu'il espérait ; car, comme il était déjà assez proche de nous, un de sa troupe vint m'avertir de son dessein. Alors, sans en rien témoigner, j'allai dans la place publique accompagné de grand nombre de Galiléens armés, parmi lesquels il y en avait quelques-uns de Tibériade ; je commandai de garder toutes les avenues et donnai charge à ceux qui étaient aux portes de ne laisser entrer Jésus qu'avec un petit nombre des siens, de repousser les autres et même de les charger s'ils voulaient faire quelque effort. Jésus étant ainsi entré avec peu de gens, je lui commandai de quitter les armes s'il ne voulait perdre la vie ; et comme il se vit environné de gens armés, il fut contraint d'obéir. Ceux des siens qui étaient demeurés dehors ne surent pas plus tôt qu'il était arrêté, qu'ils prirent la fuite. Je le tirai à part et lui dis que je n'ignorais ni quel était son dessein, ni qu'ils étaient ses complices ; mais que je lui pardonnerais s'il me promettait de m'être fidèle à l'avenir. Il me le promit ; je le laissai aller et lui permis de rassembler ses troupes. Quant aux Séphoritains, je leur déclarai que s'ils ne demeuraient dans leur devoir, je saurais bien les châtier.

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