Histoire des Protestants de France – Tome 2

5.7.
Révolution de 1830. – Agitation à Nîmes. – La charte révisée. – Opinion de M. Dupin sur la liberté religieuse. – Espérance des protestants. – Projet d’organisation ecclésiastique. – Améliorations diverses. – Tentatives de prosélytisme parmi les catholiques. – Opposition du gouvernement. – Entraves imposées au protestantisme légal. – Discussion dans les chambres. – Quelques exemples d’intolérance.

Les protestants n’intervinrent ni de près ni de loin, en leur qualité de protestants, dans la révolution de 1830 ; mais ils s’y rallièrent généralement avec joie, parce qu’elle leur apportait de nouveaux gages de sécurité pour le libre exercice de leur culte. On a vu que les tracasseries, les vexations, les exclusions s’étaient multipliées vers la fin du règne de Charles X, et si les droits politiques consacrés par la charte avaient succombé sous les ordonnances de Juillet, la liberté religieuse qui reposait sur le même fondement n’aurait-elle pas été exposée aux plus graves atteintes ? Bien des personnes le crurent ; et sans admettre les bruits qui circulèrent alors, dans les masses populaires, sur des projets de persécution contre les protestants, il est probable que leur situation se serait encore aggravée.

Cela explique la satisfaction qu’ils éprouvèrent à la nouvelle de la victoire des trois jours. Néanmoins ce contentement fut calme, réservé, sans la moindre pensée de représailles, et la bonne harmonie entre les deux Églises ne fut troublée nulle part, excepté à Nîmes, où il semble que les communions religieuses doivent toujours subir le contre-coup des événements politiques.

Les protestants ne furent point les agresseurs. Loin de là, un appel à l’union fut affiché, dès les premiers jours du mois d’août, avec l’adhésion des notables, sans distinction de culte, et les pasteurs allèrent de famille en famille, recommandant partout l’oubli des attentats de 1815. Leur voix fut écoutée. Une multitude d’ouvriers protestants descendirent sur la place publique, en prononçant des paroles de réconciliation, et beaucoup de catholiques se joignirent à eux. Ils formèrent une procession qui circula autour de la ville, en criant : Vive l’union ! vive la paix !

Mais des perturbateurs de la dernière classe du peuple, moitié fanatisme, moitié inquiétude sur le compte que la justice leur demanderait peut-être de leurs excès passés, revinrent à Nîmes, le 15 août, avec des étrangers suspects, après avoir cherché un refuge à Beaucaire, et leur présence fut signalée par de déplorables collisions. Heureusement, quelques compagnies de braves agriculteurs descendirent de la Vaunage et imposèrent aux séditieux. On compta deux morts et six blessés du côté des catholiques, et du côté des protestants six morts et vingt-huit blessés. Ces derniers avaient donc fourni trois à quatre fois plus de victimes qu’ils n’en avaient fait : la Réforme française y est habituée depuis trois cents ans.

La chambre des députés effaça, dans la révision de la charte, l’article 6 sur la religion de l’Etat, et reprit les termes du concordat sur la religion de la majorité des Français. On avait voulu donner satisfaction bien moins au protestantisme qu’à l’opinion soulevée contre les usurpations du pouvoir clérical. M. Dupin s’en expliqua nettement dans son rapport : « Les expressions de l’article 6, dit-il, ont réveillé d’imprudentes prétentions à une domination exclusive, aussi contraire à l’esprit de la religion qu’à la liberté de conscience et à la paix du royaume. Il fallait, dans un triple intérêt, effacer des termes qui, sans rien ajouter à ce que la religion aura toujours de saint et de vénérable à nos yeux, étaient devenus la source de beaucoup d’erreurs, et ont causé finalement la disgrâce de la branche régnante et mis l’Etat sur le penchant de sa ruine. »

Deux mois après, comme procureur général à la Cour de cassation, M. Dupin, qui a depuis soutenu des maximes différentes, revendiqua les vraies conditions de la liberté religieuse. Il s’agissait toujours de savoir si, pour ouvrir un nouveau lieu de culte et pour former des assemblées régulières de protestants dans les communes où il n’y en avait pas auparavant, il fallait une permission de l’autorité, ou s’il suffisait d’une simple déclaration préalable. C’était la grande question du régime préventif ou du régime répressif, de la censure ou de la liberté, de l’intervention arbitraire du pouvoir dans les choses religieuses ou de l’indépendance des croyants.

M. Dupin disait alors dans l’affaire des protestants de Levergies (et ses paroles sont encore bonnes à citer) : « Qui veut la fin veut les moyens. A quoi servirait, je vous prie, une liberté proclamée, si vous refusez les moyens d’en jouir ? Il sera permis d’exercer son culte, et il sera en même temps défendu de l’exercer nulle part ! Il sera interdit de l’exercer dans les rues et sur les places publiques : cela choquerait les autres croyances. Et quand vous demanderez à l’exercer dans un édifice quelconque, on ne vous le permettra pas ! Ne serait-ce pas une dérision qu’une telle liberté ? et l’obligation ainsi imposée d’obtenir une permission pour célébrer son culte ne produirait-elle pas le même effet que la censure préalable appliquée à la liberté de la presse ? … Dans l’état actuel de notre législation constitutionnelle, je conçois le droit de l’autorité administrative de surveiller l’exercice des cultes, comme toute autre réunion ; le droit de constater et de faire punir les délits qui peuvent se rattacher à cet exercice, et par cela même l’utilité d’une déclaration préalable pour appeler la surveillance. Mais je ne puis admettre ni le droit péremptoire de refus, ni le silence équivalant à ce refus, comme moyen légitime d’empêcher les citoyens d’exercer leur culte en toute liberté. Cette liberté n’est pas sujette à autorisation préalable ; elle n’est pas subordonnée à une permission facultative, pas plus pour ceux qui ne sont pas catholiques que pour ceux qui le sont (octobre 1830).

L’état extérieur de la Réforme française paraissait donc plus favorable qu’il ne l’avait jamais été, et l’on peut lire, dans les journaux protestants de 1830, l’expression de leurs espérances. Il n’y aura plus d’inégalité directe ou indirecte entre les deux communions, ni d’obstacles d’aucun genre à la manifestation de la loi réformée ! On sera dispensé désormais d’aller solliciter pour les affaires ecclésiastiques dans l’antichambre d’un préfet asservi aux prêtres, ou dans les bureaux d’un ministre dominé par des calculs politiques ! La mauvaise volonté d’un maire ou d’un procureur du roi ne suffira plus pour dissoudre des réunions religieuses, et les tribunaux ne puniront plus comme des crimes les prières de quelques hommes paisibles qui ont dépassé le chiffre fatal de vingt personnes ! Nous verrons bientôt combien ces espérances furent déçues.

Beaucoup de protestants pensèrent que l’occasion était propice pour demander le changement de la loi du 18 germinal. Il leur semblait qu’un gouvernement issu du triomphe des idées libérales ne pouvait, sans se contredire, garder une loi qui avait été inspirée par une réaction excessive contre toute liberté. Des réclamations, des pétitions furent adressées dans ce sens aux ministres de Louis-Philippe ; mais on les mit à l’écart. Si l’origine populaire du gouvernement était un moyen, c’était aussi un obstacle. Le nouveau pouvoir, se sentant faible et chancelant, ne voulait pas accroître les difficultés de sa position en touchant aux questions ecclésiastiques, et il adopta pour règle de conduite en ces matières de ne rien changer, hors le cas de nécessité absolue.

Peut-être, s’il ne s’était agi que du protestantisme, aurait-il été de plus facile composition. Donner de meilleures lois à une si petite minorité, cela ne pouvait soulever aucun orage. Mais derrière la communion protestante était la catholique, avec un clergé mécontent, secrètement hostile, et qui se plaignait des articles organiques encore plus que les consistoires. Si l’on accordait aux uns quelque chose, comment tout refuser aux autres ? et fallait-il accroître les agitations de l’Etat par celles de l’Église ?

Le gouvernement refusa donc de faire le moindre changement dans la loi. Une autre question fut alors posée. Ne pouvait-on pas, tout en maintenant les articles organiques, en déduire des applications plus libérales, et donner au protestantisme une position moins dépendante ? L’intervention des corps législatifs n’était plus nécessaire ici ; la discussion ne se faisait plus qu’à huis-clos ; on était libre de tout arranger entre les consistoires et le ministre des cultes, et une simple ordonnance royale aurait suffi. Plusieurs consistoires insistèrent sur ce point ; des conférences pastorales rédigèrent des programmes pour l’administration des Églises réformées ; le gouvernement nomma lui-même une commission chargée de préparer un projet d’ordonnance, et l’on put espérer qu’il sortirait quelques réformes de tout ce travail.

Cependant on y fut trompé. Le nouveau règlement élaboré par cette commission, au lieu de faire une plus large part à la liberté, sembla lui imposer des limites encore plus étroites ; et le ministre des cultes, ayant consulté les consistoires sur son projet, rencontra sur plusieurs points une vive opposition. Alors le gouvernement ne fit plus rien, et le régime de 1802 fut maintenu tout entier.

Du reste, selon le génie des classes moyennes qui dirigeaient alors les affaires publiques, le côté matériel ou pécuniaire de la situation des Églises réformées, non seulement ne souffrit aucune atteinte, mais fut sensiblement amélioré. Augmentation de traitement pour la majorité des pasteurs, création de nouvelles places, libéralité dans les fonds accordés pour la construction des temples et l’ouverture des écoles : tout cela doit être mentionné avec une juste gratitude. Ce que l’argent peut accomplir pour le développement d’une communion religieuse, on ne le refusa point.

Il faut ajouter à l’honneur du gouvernement de Louis-Philippe, qu’il ne chercha jamais à s’immiscer dans les questions intérieures des Églises quand son intervention n’était pas réclamée par les Églises mêmes. S’il prononça la destitution de quelques pasteurs, et fit d’autres actes qui ne devraient pas dépendre de la décision du pouvoir civil, ce fut à contre-cœur, et après de longs ajournements. Le protestantisme aurait pu être beaucoup plus libre chez lui, s’il avait voulu sérieusement se saisir de la liberté.

Mais au-dehors de l’enceinte officielle, les barrières, les entraves se redressèrent bientôt comme sous le règne de Charles X ; quelquefois même on parut aller plus loin, et à peine un procès pour cause de religion était-il vidé qu’il en surgissait un nouveau. Nous devons entrer ici dans quelques explications.

Après la révolution de Juillet, les plus zélés des protestants jugèrent le moment venu de multiplier leurs œuvres de prosélytisme. Au point de vue de la liberté et de l’égalité des cultes, c’était leur droit, et à celui de leurs convictions personnelles, c’était leur devoir. Quand le prosélytisme n’emploie que des moyens pacifiques et autorisés par la morale commune, il n’appartient légitimement à aucune puissance humaine de l’interdire.

Les circonstances paraissaient favorables. L’opinion publique était profondément hostile au parti clérical ; elle l’accusait d’avoir faussé la conscience d’un vieux roi, pour lui faire violer son serment et renverser les libertés de la nation. Partout les signes extérieurs du catholicisme tombaient devant le cri populaire ; les églises étaient désertes, et les prêtres sentaient si bien leur discrédit, que, pendant plusieurs années, ils se tinrent à l’écart, ne se montrant que lorsqu’ils y étaient absolument forcés, ne soulevant aucune dispute, ne disant mot, ne demandant rien de plus que de se faire oublier au pied de leurs autels.

Ce n’était pas tout. Des systèmes philosophiques, des théories sociales se présentaient hardiment au pays sous le nom sacré de religion, et se prêchaient avec éclat. Le saint-simonisme, entre autres, avait ses journaux, ses assemblées publiques, son culte, sa hiérarchie, ses missionnaires, ses comités de propagande. Nous signalons le fait, sans contester le droit : les saint-simoniens devaient être libres, aussi libres que les réformés et les catholiques, de gagner des prosélytes par la voie de la persuasion.

On conçoit que les hommes fervents du protestantisme n’aient pas consenti à s’enfermer dans leur temples, pendant que des doctrines, antichrétiennes et mauvaises à leurs yeux, se propageaient à ciel ouvert. La conscience leur fit une impérieuse, une sainte obligation de s’adresser immédiatement, et aux déserteurs de l’Église catholique, immense multitude qui errait çà et là sans guides spirituels, et aux disciples des écoles qui ne leur paraissaient avoir que la vaine apparence d’une religion. Ce n’était pas tant une pensée d’agression contre le catholicisme qu’un témoignage de sympathie pour des âmes qui n’avaient ’plus de croyances religieuses d’aucune sorte.

Ils se proposaient encore un autre but, secondaire pour la conscience religieuse, mais grave cependant : c’était de raffermir l’ordre menacé par les révolutions politiques. Ces protestants pensaient qu’un vague spiritualisme ne saurait donner à un peuple libre les mœurs qui doivent soutenir le noble fardeau de ses lois, et qu’il y faut une foi positive et forte, la foi dont ils se sentaient eux-mêmes pénétrés.

De là, pour une partie du protestantisme français, toute une série de publications, d’associations, d’institutions chrétiennes, dans le sens général de ce mot. Un journal, qui n’arborait que la bannière de l’Évangile, le Semeur, parut au mois de septembre 1831. Des chapelles non salariées par l’Etat s’ouvrirent, vers le même temps, à Paris et ailleurs. En 1833 fut établie une société évangélique, avec l’intention d’annoncer à tous indistinctement ce qu’elle tenait pour les essentielles vérités du christianisme. On pourrait signaler quelques autres associations conçues dans le même esprit.

Les commencements de ces travaux ne furent point entravés. Mais le clergé catholique ayant repris par degrés de la force, le gouvernement crut devoir se rapprocher de lui, et tâcha de le réconcilier par des faveurs de diverse nature avec l’établissement de 1830. Nous n’avons point à examiner si le gouvernement de Louis-Philippe y a plus profité que perdu. Ce qu’il nous importe de dire, c’est qu’il gêna l’œuvre de prosélytisme évangélique dans la mesure de ses relations avec le corps sacerdotal.

On aurait même supposé, en considérant certains actes et certaines poursuites, qu’il se passait quelque chose d’analogue à ce qu’on avait vu dans les anciens temps. Tous les historiens ont remarqué que Henri IV, à son avènement à la couronne, et Louis XIV, quand il avait des démêlés avec le saint-siège, redoublaient de sévérité contre les protestants, parce qu’ils avaient besoin de se laver du soupçon d’hérésie. La même cause, toutes proportions gardées, et en se rappelant l’extrême différence des époques, produisit des effets semblables sous le règne de Louis-Philippe. Ce prince avait les défiances des prêtres à dissiper, leurs sympathies à conquérir, et craignait en un sens plus que Charles X de laisser le champ libre aux protestants, parce que le clergé aurait été plus prompt à l’accuser d’être de connivence avec eux. Le mariage de l’héritier de la couronne avec une princesse protestante (l’arrière-petite-fille, dit-on, de l’amiral Coligny), loin d’améliorer cet état de choses, l’empira.

On ne se contenta plus, comme sous la Restauration, de faire des procès à ceux qui ouvraient de nouveaux lieux de culte, d’invoquer contre eux les articles restrictifs du code pénal, et de leur appliquer les dispositions de la loi de 1834 sur les associations, quoique le ministre de la justice et des cultes eût solennellement promis aux Chambres de ne jamais s’en servir contre les réunions religieuses ; mais le droit même de controverse, qui se pratiquait sous le régime de l’édit de Nantes, fut remis en question, et il y eut tel arrêté de préfet qui prétendait déterminer, comme du temps de Charles IX et de Catherine de Médicis, le nombre de personnes autorisées à participer ou culte protestant. Bien plus, le protestantisme légalement constitué dut soutenir des luttes pour conserver le droit de visiter ses propres membres dans les hôpitaux, les prisons et autres établissements publics, et l’on alla quelquefois au point d’imposer des bornes arbitraires à la prédication parmi les protestants disséminés.

Ces mauvais procédés, qu’il est juste d’attribuer surtout à des fonctionnaires subalternes et mal instruits, provoquèrent d’énergiques réclamations. Une société se forma pour défendre, sous le nom d’intérêts généraux du protestantisme français, la liberté et l’égalité des cultes. Tous les pasteurs de Paris, sans exception, se plaignirent de la conduite du pouvoir civil. La tribune nationale retentit de ces griefs. Des hommes éminents de la communion réformée, MM. Pelet de la Lozère, François Delessert et Agénor de Gasparin, s’en firent les interprètes ; l’opposition les appuya, et le ministère promit de rendre meilleure justice aux protestants.

Il tint parole à quelques égards. Le protestantisme légal put accomplir, au dehors comme au dedans, sa mission auprès des siens ; mais le prosélytisme évangélique se heurta, jusqu’à la fin de la royauté de 1830, contre des obstacles sans cesse renaissants. Il est triste d’avoir à dire que pas un seul gouvernement en France, quelle que fût son origine, n’a encore su pratiquer la liberté religieuse dans toute son étendue. On est libre chez nous d’être incrédule ; on n’est pas encore pleinement libre de proclamer sa foi et de célébrer son culte selon sa conscience.

Malgré les résistances du gouvernement, la doctrine réformée gagna du terrain en divers lieux. Un certain nombre de catholiques, et même quelques prêtres, embrassèrent le protestantisme. De nouvelles Églises vinrent s’ajouter aux anciennes, les unes en se rattachant à l’organisation établie, les autres en conservant une position indépendante. On ne doit pourtant pas exagérer l’importance de ces succès. Les préoccupations politiques et les intérêts matériels semblent absorber de nos jours les forces vives des peuples, et la plupart des Français, il faut bien le reconnaître, ont trop peu de foi pour changer de religion.

Les tentatives de prosélytisme qui se faisaient de part et d’autre devaient augmenter l’ardeur de la controverse. Elle se poursuivit en effet sans relâche, et l’on pourrait citer, de 1830 à 1848, une longue liste d’écrits sur les matières débattues entre les deux communions. Quelques-unes de ces publications sont revêtues de formes populaires qui leur ont fait trouver de nombreux lecteurs.

La même époque offrit de loin en loin des exemples d’une intolérance odieuse ; mais ce ne furent que des actes privés et isolés. Il y eut des enlèvements de jeunes filles, des refus de sépulture dans le cimetière communal, des profanations de tombeaux, des séquestrations de malades, des voies de fait contre plusieurs agents des sociétés évangéliques. On y soupçonna souvent la main des prêtres et des religieuses, et en certains cas on l’y découvrit avec une entière évidence. La responsabilité de ces actes ne doit retomber que sur quelques individus ignorants et fanatiques. Les honnêtes gens du catholicisme s’en indignèrent ; et l’autorité judiciaire ou administrative, tout en méritant le reproche de rechercher et de punir trop mollement les vrais coupables, protégea les droits de la minorité.

Les dernières années du règne de Louis-Philippe furent troublées par une affaire qui émut beaucoup les protestants de France, bien qu’elle ne fût liée que d’une manière indirecte à leurs relations avec l’Etat. L’invasion armée de l’île d’O-Taïti révéla au monde l’extrême complaisance du gouvernement pour le parti clérical, et en même temps le danger de subordonner aux maximes de l’Église romaine les déterminations du pouvoir temporel. Cette atteinte portée au droit des gens faillit rompre l’alliance avec l’Angleterre, compromit le nom de la France devant toutes les nations civilisées, accrut sensiblement les forces de l’opposition, et jeta le ministère dans des embarras dont il n’est jamais complètement sorti. Une si grande et si dure leçon ne doit pas être perdue.

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