Histoire des Protestants de France – Tome 2

6.4.
La deuxième session du synode : La retraite de la gauche. – La révision de la loi organique. – La loi électorale. – La lettre du Sud-Ouest.

C’est sous l’impression produite par la décision du conseil d’Etat que s’ouvrit à Paris, le 20 novembre 1873, dans le temple du Saint-Esprit, la seconde session du trentième Synode de l’Église réformée. Le bureau demeura constitué comme il l’était l’année précédente.

Dès le commencement de la première séance, on remarqua que les membres de la gauche n’étaient pas venus occuper leurs sièges. Une lettre avait été déposée en leur nom sur le bureau de l’assemblée. Les signataires de cette lettre s’exprimaient en ces termes :

« En présence des protestations soulevées dans l’Église par la décision que la majorité du Synode a prise dans sa précédente session, de rendre obligatoire la déclaration de foi ; interprètes, des craintes légitimes inspirées à nos commettants par les démarches faites récemment auprès de l’Etat pour donner à cette déclaration un caractère exécutoire :

Nous déclarons que nous ne saurions prendre part aux délibérations du Synode, tant qu’il n’aura pas, par un vote formel, affirmé que la confession de foi adoptée par la majorité de ses membres n’est qu’une déclaration de principes religieux n’engageant que ses auteurs et ses adhérents, et qu’elle ne pourra directement ou indirectement être imposée par l’assemblée actuelle à aucun des membres présents ou futurs, pasteurs ou laïques, de l’Église réformée de France, »

C’était demander au Synode de se déjuger. Il ne pouvait le faire. Après une courte discussion, le Synode répondit aux membres de la gauche par l’ordre du jour suivant :

« Le Synode,

Considérant que, tout en étant toujours prêt à apporter à son œuvre les améliorations qui lui seraient démontrées nécessaires, il ne saurait abandonner les principes qu’il a proclamés et qu’il regarde comme constitutifs de la foi chrétienne et de l’Église réformée ;

Considérant qu’il n’a pris et qu’il est résolu à ne prendre aucune décision contraire à la liberté des Églises et attentatoire à l’indépendance des consciences,

Maintient ses votes précédents sur la déclaration de foi et passe à l’ordre du jour. »

Les membres libéraux du Synode s’abstinrent en conséquence de prendre part aux délibérations de l’assemblée. Leurs bancs demeurèrent vides pendant tout le cours de cette seconde session. Les séances du Synode y perdirent beaucoup de l’animation et de l’intérêt dramatique qu’elles avaient offerts l’année précédente. Mais pour être devenues plus calmes, elles n’en furent pas moins fécondes en résultats importants.

N’était-ce pas déjà un résultat singulièrement grave que cette rupture qui venait, d’être consommée entre les deux fractions du Synode ? N’était-ce pas le signe précurseur du schisme qui devait bientôt s’accomplir au sein de l’Église ?

Pendant que les membres de la gauche se réunissaient entre eux pour aviser aux nécessités de la situation nouvelle, le Synode continuait paisiblement ses travaux. La Commission permanente commença par rendre compte à l’assemblée de ce qu’elle avait fait depuis la clôture de la première session. Elle terminait son rapport en proposant au Synode de demander au gouvernement l’autorisation de publier la déclaration de foi ainsi que l’article disciplinaire exigeant de tous les nouveaux pasteurs, au moment de leur consécration, l’acceptation de cette déclaration. Ces deux propositions furent votées par le Synode dans sa seconde séance. La Commission permanente avait proposé, en outre, qu’une commission spéciale, dite Commission de révision fût chargée de présenter un rapport sur les modifications qui paraîtraient devoir être utilement apportées aux projets de la loi organique et de règlement votés dans la précédente session. Conformément à cette proposition, une commission de quatorze membres fut nommée. Tous les membres de la commission permanente en faisaient partie.

La Commission se mit immédiatement à l’œuvre. Elle put, dès la séance suivante, soumettre à l’assemblée les premiers résultats de ses travaux. Pour éviter toutes les complications qu’aurait inévitablement provoquées la nécessité d’une intervention législative, et pour obtenir plus sûrement la prompte reconnaissance officielle des décisions synodales, la Commission s’efforça de se conformer autant que possible, soit aux dispositions de l’ancienne discipline visée par la loi de l’an X, soit à celles de cette loi elle-même et des décrets et règlements de 1852. Aussi crut-elle devoir s’occuper en premier lieu du Synode général au sujet duquel la loi de germinal n’avait rien statué. Elle se bornait à reproduire, sans modifications, les articles votés l’année précédente et relatifs à la périodicité et aux attributions du Synode général, comme au mode d’élection à suivre pour le choix de ses membres. Ces articles, étant de tous points conformes aux dispositions de l’ancienne discipline, ne pouvaient donner lieu à aucune difficulté de la part du gouvernement.

Il n’en était pas ainsi des dispositions de l’ancien projet relatives aux synodes particuliers. On avait décidé, en 1872, que les circonscriptions réunies de plusieurs consistoires formeraient le ressort d’un synode particulier, conformément au tableau dressé par le Synode général. Or, cette décision était contraire aux dispositions expresses de l’article 17 de la loi de germinal, d’après lequel cinq consistoires forment l’arrondissement d’un synode. L’intervention du pouvoir législatif aurait donc été nécessaire pour sanctionner l’article voté en 1872. Une nouvelle répartition des consistoires en circonscriptions synodales offrait d’ailleurs, dans la situation actuelle de l’Église, des inconvénients et des difficultés de plus d’un genre. La Commission de révision jugea donc plus sage de s’en tenir provisoirement aux termes de la loi de l’an X et du décret du 29 novembre 1871, soit pour la composition des synodes particuliers, soit pour la répartition des consistoires en arrondissements synodaux. Les propositions de la Commission furent adoptées par l’assemblée. Il fut décidé, en outre, que les consistoires conserveraient le droit de présenter les candidats aux chaires vacantes dans les facultés de théologie[a].

[a] Un article du projet voté en 1872 investissait de ce droit les synodes particuliers.

Le Commission de révision avait proposé une modification grave à la loi électorale votée dans la précédente session. Elle demandait qu’on exigeât des électeurs une adhésion à la déclaration de foi du 20 juin 1872. Les conditions de l’électorat paroissial devaient être formulées de la manière suivante :

« Sont inscrits ou maintenus sur le registre paroissial, ceux qui, remplissant les conditions actuellement exigées, et faisant élever leurs enfants dans la religion protestante, reconnaissent le régime presbytérien synodal comme étant celui de l’Église réformée de France, et acceptent, pour base de cette Église, la déclaration de foi formulée par le Synode général. »

Une discussion assez animée s’engagea sur la proposition de la Commission. Le nouvel article fut vivement attaqué de divers côtés de l’assemblée. On lui reprochait à la fois de n’être pas assez populaire et de formuler à l’égard des électeurs des exigences excessives. Nos populations protestantes, disait-on, ne savent pas ce que c’est que le régime presbytérien synodal. Exiger des électeurs qu’ils adhèrent à ce régime dont ils connaissent à peine le nom, et qu’ils acceptent la déclaration de foi votée par le Synode, c’est une prétention qui pourra paraître à plusieurs excessive et inquisitoriale. Il ne faut pas oublier que l’Église réformée est une Église de multitude et non pas une Église de professants. Prenons garde d’écarter, par des mesures inopportunes, un grand nombre d’électeurs qui demeurent sincèrement attachés à notre Église, mais qui ne savent qu’imparfaitement quels sont ses principes ecclésiastiques et quelle est leur propre foi. Ne rendons pas plus étroites les conditions électorales votées en 1872 ; tenons-nous-en à l’article de l’ancien projet, qui a le grand mérite d’avoir réuni 77 voix sur 105, c’est-à-dire plus des deux tiers des suffrages, ceux du centre gauche aussi bien que ceux de la droite de l’assemblée.

Quelques membres du Synode adressaient à l’article de la Commission un reproche tout contraire. Au lieu d’y voir une aggravation imprudente de l’ancien article, ils l’accusaient d’en être une regrettable atténuation. On ne demande pas, disaient-ils, une adhésion personnelle à la vérité chrétienne, telle que la professe l’Église réformée, mais la pure et simple reconnaissance de ce fait : l’Église réformée a pour base certaines doctrines que le Synode a formulées. « Un mahométan, s’écriait M. le pasteur Lasserre, pour peu qu’il sût ce qu’est notre Église, pourrait faire la déclaration demandée. »

Tandis que d’un certain côté de l’assemblée on voulait le maintien pur et simple de l’article voté dans la première session, on demandait, de l’autre côté, qu’une adhésion personnelle à la déclaration de foi du Synode fût exigée des membres des corps ecclésiastiques comme des électeurs.

L’article de la Commission fut défendu par MM. Dhombres et Bois. Ils développaient des arguments qui n’étaient pas assurément sans valeur. L’œuvre du Synode, disaient-ils, aura plus d’unité, elle sera plus complète et plus conséquente avec elle-même, s’il n’y a qu’une déclaration de foi au lieu de deux, l’une pour les laïques, l’autre pour les pasteurs. L’article proposé par la Commission maintient d’ailleurs entre les pasteurs et les laïques une distinction que l’on ne saurait méconnaître sans injustice. On ne peut exiger des électeurs tout ce que l’on demande des pasteurs. Pour être pasteur dans une Église, il faut partager la foi de cette Église, et s’engager à en faire la base et la règle de l’enseignement que l’on est chargé de donner aux fidèles en son nom. Pour être membre d’une Église qui prétend être une Église de multitude et non une Église de professants, il suffit de reconnaître qu’une certaine foi et de certains principes sont les fondements sur lesquels elle repose, et de s’engager à maintenir ces fondements. Alors même qu’on ne partage pas la foi de l’Église, on peut la croire salutaire, et désirer qu’elle soit maintenue et propagée. C’est là tout ce que le nouvel article réclame des électeurs. Il respecte le sanctuaire intime de leur conscience ; il ne leur demande pas s’ils croient ou s’ils ne croient point : il exige seulement qu’ils reconnaissent que l’Église a une foi déterminée et qu’ils s’engagent à faire respecter cette foi. A la fin de son discours, M. Bois citait, à l’appui de la thèse qu’il avait soutenue, quelques paroles d’une lettre de M. Pédézert que nous croyons devoir reproduire : « Une fois les croyances générales de l’Église fixées et déterminées, on dirait à quiconque veut s’approcher de l’urne : Vous fûtes un membre de l’Église ; l’êtes-vous encore ? Adhérez-vous aux bases sur lesquelles elle repose ? Voulez-vous les conserver ou les renverser ? Si vous voulez les conserver, entrez, vous êtes de la maison. Si vous voulez les renverser, souffrez qu’on ferme la porte sur un ennemi. Si vous n’êtes ni favorable ni hostile à la foi protestante, permettez qu’on écarte un indifférent. »

Ces considérations toutefois ne parurent pas décisives à tous les membres de l’assemblée. Divers amendements furent renvoyés à la Commission. Au commencement de la séance suivante, la Commission déclara que, pour éviter des divisions regrettables sur une question de cette importance, et pour arriver à un vote unanime, elle retirait sa proposition, espérant, ajouta-t-elle, que son exemple serait suivi par les auteurs des amendements présentés. L’exemple donné par la Commission fut suivi en effet. Tous les amendements furent retirés. Le Synode vota, à l’unanimité moins une abstention, le maintien des conditions électorales formulées par l’ancien projet de loi (27 novembre 1873).

Il est bon d’ajouter que, pour éviter autant que possible des modifications d’articles de loi pouvant susciter des difficultés de la part du gouvernement, on en revint, pour ce qui concerne les conditions d’âge, à l’âge de trente ans, déterminé par les lois et règlements de 1852.

La question de la composition et des attributions des conseils presbytéraux et des consistoires fut réservée : elle devait être examinée par la prochaine assemblée synodale. Il fut décidé que l’on ne soumettrait à l’approbation du gouvernement que la partie du projet de loi organique concernant le Synode général, les synodes particuliers, et l’électorat ecclésiastique.

Les quatre dernières séances furent remplies par l’examen de certaines questions spéciales qui avaient été portées devant le Synode et dont nous n’avons pas à parler ici. Mais nous ne pouvons passer sous silence la discussion que provoqua, au sein de l’assemblée, la lettre des pasteurs du Sud-Ouest dont nous avons parlé plus haut.

La Commission des vœux, chargée par le Synode de présenter un rapport sur la lettre des pasteurs du Sud-Ouest, avait choisi pour rapporteur M. le pasteur Arnaud, de Crest. Après avoir rendu hommage aux sentiments de modération et de charité qui avaient inspiré les pétitionnaires, le rapporteur démontrait que leur demande n’était motivée par aucun fait. Le Synode, disait-il, n’a pas eu un seul instant la pensée d’imposer ses décisions à personne. Il a toujours professé et il professera toujours le plus absolu respect pour la liberté des consciences. Tous ceux qui n’accepteront pas son autorité et qui voudront se séparer de l’Église dont il est la représentation légale, pourront se constituer en Église distincte. Le Synode ne s’y opposera pas. Il ne s’opposera pas davantage à ce que l’Etat reconnaisse cette Église nouvelle et lui fasse une part dans son budget. Mais le Synode ne peut, — comme l’y invitent les pétitionnaires, — prendre l’initiative et opérer ou provoquer lui-même le schisme. Aucun synode particulier, aucun consistoire n’a manifesté son intention de se séparer de l’Église réformée. Le Synode est le représentant authentique de cette Église. Il ne doit rien faire pour favoriser une séparation douloureuse. Il doit souhaiter, au contraire, qu’elle ne s’accomplisse pas. Et si le schisme doit se produire, le Synode doit désirer que ce soit une fraction minime qui se sépare, et pour peu de temps.

M. Bois prit la parole pour appuyer les conclusions du rapport. Il insistait avec beaucoup de force sur ce fait, que l’Église réformée de France « est avec le Synode, et pas ailleurs. — Le Synode, disait-il, est la représentation légale de cette Église, dont il continue les traditions et maintient les principes et la foi. C’est à tort qu’on l’accuse d’avoir innové et d’avoir fondé une Église nouvelle. Il n’a fait que maintenir et affirmer l’ancienne : celle de nos pères du seizième siècle, celle du Désert, celle du Concordat, celle de 1852. Il a formulé les principes ecclésiastiques qui ont été de tout temps les siens ; il a proclamé la foi qu’elle n’a jamais cessé de confesser et qu’elle confesse encore aujourd’hui dans ses liturgies. Au point de vue légal, comme au point de vue de la foi, nous sommes l’Église réformée de France, et il n’y en a point d’autre. »

« Et maintenant, continuait l’orateur, s’il y en a qui ne veulent pas de cette Église, ils sont libres de ne pas en faire partie. S’ils ne veulent pas de son organisation et de sa foi, personne ne songe à les leur imposer. Mais il est évident que ceux qui n’acceptent ni cette organisation ni cette foi cessent de faire partie de cette Église. Nous n’avons jamais eu la pensée de contester qu’on ait le droit de professer une autre foi que la nôtre et de faire partie d’une autre Église. Nous comprenons que l’on sorte de l’Église réformée. Ce que nous ne comprenons pas, c’est que l’on en sorte en ayant l’air d’y rester. Si la question du schisme se produit, nous ne ferons aucune opposition à ce que l’Etat reconnaisse l’Église séparée et salarie ses ministres. Personne ne sera plus large que nous pour tout ce qui concerne le temporel ecclésiastique. Nous sommés prêts à tout livrer ; tout, excepté le nom de l’Église réformée. »

Pour formuler d’une manière plus précise l’opinion du Synode sur la lettre des pasteurs du Sud-Ouest, M. Bois proposait l’ordre du jour suivant :

« Le Synode,

Considérant que le Synode général est, en vertu de la discipline de l’Église réformée, la plus haute représentation de cette Église, et que l’Etat l’a reconnu comme légalement fondé en cette qualité ;

Considérant que les décisions fondamentales du Synode de 1872-1873 ne font que reproduire les principes de foi et d’organisation sur lesquels l’Église réformée a été établie, et que, par conséquent, repousser ces principes et se refuser à les appliquer, ce serait se mettre en dehors de cette Église ;

Considérant que nul ne peut être contraint de rester dans une société religieuse dont il ne partage plus les croyances et dont il veut sortir ; que chacun doit conserver la plus entière liberté de suivre à cet égard les inspirations de sa conscience ;

Considérant que le Synode n’a pris aucune résolution qui fût de nature à restreindre directement ou indirectement cette liberté ; qu’il n’a jamais eu la pensée de s’opposer à ce que des pasteurs et des paroisses, rejetant la foi et les institutions de l’Église réformée, se séparent d’elle pour fonder, sur des bases différentes, une nouvelle Église, et obtiennent pour celle-ci la reconnaissance de l’Etat, les avantages d’un concordat et une part équitable du temporel ecclésiastique ;

Considérant qu’il n’appartient pas au Synode général de provoquer lui-même la formation d’une Église nouvelle en dehors de l’Église réformée qu’il a mission de reconstruire et non de déchirer,

Passe à l’ordre du jour. »

Cet ordre du jour fut adopté, après une courte discussion ; et il fut décidé qu’on l’enverrait aux pétitionnaires avec le rapport de la commission.

Avant de se séparer, le Synode porta à quinze, — par la nomination de huit nouveaux membres, — le nombre des membres de la commission permanente, et il décida qu’il se réunirait de nouveau dans le courant de l’année 1874, à une date qu’on laissait à la commission permanente le soin de fixer.

La onzième et dernière séance du Synode eut lieu le 3 décembre 1873. Après l’expédition rapide des dernières affaires inscrites à l’ordre du jour, M. le pasteur Gaufrès, de Crest, donna lecture de la lettre qui devait être adressée aux fidèles de la part de Synode. Cette lettre, empreinte d’une modération et d’une largeur qui n’excluait ni la fidélité ni la fermeté chrétiennes, exposait brièvement l’œuvre accomplie par le Synode pendant sa seconde session. Elle rappelait l’acte solennel par lequel le conseil d’Etat avait consacré la légalité et l’autorité du Synode de 1872. Elle déplorait la retraite des membres de la gauche, qui avaient cru devoir quitter l’assemblée, « lorsqu’il s’est agi d’affirmer les croyances de notre Église et de rétablir sur ses antiques fondements l’édifice de nos ancêtres. Il eût été si beau de travailler ensemble d’un même esprit et d’un même cœur à réparer les brèches de Sion ! » La lettre se terminait par un chaleureux appel adressé à tous les pasteurs et à tous les fidèles, les invitant à se rallier autour du drapeau de l’Évangile et de l’Église et « à demeurer unis avec la majorité du Synode sous un régime qui sauvegarde les principes de foi et de liberté qui ont fondé et conservé le protestantisme. »

M. le pasteur Bastie, modérateur du Synode, prononça ensuite le discours de clôture. Après avoir exprimé, avec l’accent de l’émotion la plus vraie, sa profonde tristesse à la pensée du schisme qui semblait se préparer au sein de l’Église réformée, l’orateur ajoutait :

« Toutefois, Messieurs, s’il peut y avoir une consolation dans un tel malheur, nous la trouverions dans notre conscience. Malgré tant d’attaques, dont je ne veux rappeler ni le nombre ni la violence, nous n’avons pas voulu le schisme, et nous ne l’avons pas fait. Nous avons purement et simplement affirmé que notre Église a une foi, et que cette foi doit être respectée. Nous avons constaté cette foi sous la forme la plus élémentaire et la plus large. Nous en avons confié le maintien aux corps religieux que nos pères avaient organisés avec une sagesse que l’histoire admire et qui a fourni aux nations modernes les bases des constitutions politiques qui ont le mieux assuré le développement de la liberté.

Nous avons, en un mot, mis en lumière ce qui n’avait pas cessé d’être, mais ce qu’on avait oublié : l’Église presbytérienne synodale de France.

Cette restauration si légitime à la fois et si bienfaisante, sera-t-elle considérée comme une nouveauté sans raison, comme une atteinte portée à la liberté des consciences ? C’est à vous, Messieurs, de faire cesser des malentendus qui durent depuis trop longtemps. C’est à vous de répéter dans nos Églises de multitude que nous n’avons rien changé, rien introduit de nouveau ; que nous sommes et que nous entendons rester la vieille Église de nos pères, l’Église réformée de France. »

Le soir du même jour, un service de communion fut célébré dans le temple de l’Oratoire, pour clore, conformément à l’antique usage de nos pères, la dernière session du XXXe synode de l’Église réformée.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant