Théologie de l’Ancien Testament

§ 115. Le sanctuaire mosaïque.

Le sanctuaire mosaïquel est une tente, la tente du rassemblement, אהל מועד, ohel moad. Ce nom ne vient pas de ce que le peuple se réunissait autour du tabernacle pour la célébration de ses fêtes solennelles, mais bien de ce que c’était là qu’il y avait rencontre de Dieu avec son peuple, là que Dieu se trouvait pour parler à Israël (Exode 29.42 ; Nombres 17.4 ; Exode 25.22 ; 30.6). »

l – Pour ne pas empiéter sur le domaine de l’archéologie, nous nous bornerons à signaler ici ce qui a une importance symbolique. Un excellent écrit sur ce sujet est celui de Riggenbach, le Tabernacle mosaïque, 1862.

[L’essence du culte, telle que nous l’avons déterminée au § 112, résulte déjà clairement de ce nom, qu’on le rende par tabernacle d’assignation ou par tente du rendez-vous. — Le tabernacle porte aussi parfois le nom de הל העדית, Tente du témoignage, ou de משכן העדִת, Demeure du témoignage, parce que c’est là que Dieu se révèle et qu’il rend témoignage de soi-même.]

La charpente du tabernacle était formée d’ais ou plutôt de poutres (קרשים) d’acacia (שטה) toutes dorées. Le bois d’acacia est à la fois très léger et très durable. Au reste, il ne faudrait point confondre l’acacia de l’Orient avec ce que nous appelons de ce nom. A cette charpente était suspendue une quadruple couverture, ou, si vous le voulez, quatre couches de tapis. Celui de dessous était de fin lin, et des figures de chérubins y étaient tissues. La charpente recouverte de cette première tenture, formait l’habitation (משכן, micheccan) proprement dite. On y entrait du côté de l’orient en soulevant un voile précieux de fin lin (מסכ.ֻ, masac). Elle était longue de trente coudées et large de dix. Un voile intérieur (פרכת, proprement séparation.) la divisait en deux parties : en avant vers la porte, le lieu saint, long de vingt coudées ; en arrière, le lieu très saint ou le saint des saints, pas plus long que large. Le voile qui les séparait était aussi parsemé de figures de chérubins. Autour du tabernacle régnait un parvis de cent coudées de longueur et de cinquante de largeur, formé par des colonnes supportant une tenture. Sur un espace de vingt coudées cette tenture était remplacée par un voile qui formait l’entrée.

Dans le parvis, à ciel ouvert, se trouvait l’autel des holocaustes, מזבח העלה, l’autel par excellence (Exode 27.1). Il était en bois d’acacia recouvert d’airain. Comme l’ordonnance en vertu de laquelle les autels devaient être faits de terre ou de pierre non taillées, n’était point abrogée (Exode 20.24 ; Deutéronome 27.5 ; Josué 8.31), il faut probablement se représenter ce bois recouvert d’airain comme un grand encadrement destiné à empêcher l’ébranlement de la terre ou des pierres non taillées dont se composait l’autel. Les quatre angles se prolongeaient et se relevaient en forme de cornes. C’était sur ces cornes que l’on faisait aspersion d’une partie du sang de la victime dans les sacrifices pour le péché ; c’était elles qu’il suffisait de saisir pour être à l’abri de toute injuste vengeance. L’autel était haut de trois coudées. A moitié hauteur régnait une petite galerie, formée par un treillis solide, כרכב, et qui permettait aux prêtres de faire le tour de l’autel. Un autre objet qui se trouvait aussi dans le parvis, c’était la cuve d’airain dans laquelle les prêtres se lavaient les pieds et les mains avant de commencer leur service (Exode 30.17 et sq.).

Dans le lieu saint il y avait, du côté du nord, à main droite en entrant, la table des pains de proposition ou de présentation (לחם פנים, Léchem panim.) (Exode 25.23-30). Ces douze pains étaient faits de fine farine sans levain. On les renouvelait chaque sabbat. Vis-à-vis de la table était le chandelier aux sept becs, avec des réservoirs en forme d’amandes (31 à 40). Entre la table et le chandelier se trouvait l’autel d’or, ou autel des parfums, מזבח מקטר

Dans le lieu très saint reposait l’arche de l’alliance ou du témoignage, ארון הברית ou ארון העדות appelée aussi quelquefois tout simplement le témoignage. C’était ce qu’il y avait de plus sacré dans tout le sanctuaire. Représentez-vous une caisse recouverte en dedans et en dehors d’or fin. Elle renfermait les tables de la loi. Le couvercle appelé propitiatoire (כפרת, capporeth), était d’or massif et formait à son tour la partie la plus importante de l’arche (Lévitique 16.13 et sq.). De là, le nom de : « maison du propitiatoire, » donné au lieu très saint dans 1 Chroniques 28.11. Le nom de capporeth ne signifie pas simplement couverture, mais réellement moyen d’expiation. [Il vient du Pihel du verbe כפר, caphar. Les Septante l’ont donc fort bien rendu par ἱλαστήριον.] Des deux extrémités du propitiatoire surgissaient deux chérubins d’or, les ailes étendues, et tournés l’un vers l’autre. C’était entre eux et au dessus de l’arche qu’était la Schechina, l’habitation, la présence de l’Éternel (Exode 25.22 ; Nombres 7.89), en sorte que Dieu peut être appelé quelquefois « Celui qui habite entre les chérubins. » (1 Samuel 4.4 ; 2Sam.6.2 ; Psaumes 99.1) Nul homme n’osait toucher l’arche : on la transportait au moyen de barres, בדים, baddim, qu’on passait dans quatre anneaux assujettis deux à chacun des longs côtés de l’arche. On n’osait pas davantage la voir ; aussi, avant de la changer de place, l’enveloppait-on toujours d’un voile (Nombres 4.5). Les trois seuls objets qui se trouvassent dans le lieu très saint, outre l’arche, c’étaient un vase d’or plein de manne (Exode 16.33), la verge d’Aaron (Nombres 17.10 ; dans le texte hébreu, v. 25), et enfin le livre de l’alliance (Deutéronome 31.26). [Le vase de manne et la verge d’Aaron étaient dans l’arche, le livre de l’alliance à côté de l’arche.]

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