Théologie de l’Ancien Testament

B. La royauté jusqu’au schisme des dix tribus.

Les trois premiers règnes ont chacun leur caractère propre. Saül, David, Salomon, tels seront donc les titres des trois chapitres qui vont suivre.

§ 164. Saül — La royauté en conflit avec le prophétisme.

Saül semble avoir d’abord secondé Samuel dans son activité réformatrice ; il chercha, par exemple, à détruire les nécromanciers (1 Samuel 28.9). Mais il était guerrier avant tout, il s’entourait de tous les hommes forts et vaillants qu’il pouvait trouver (1 Samuel 14.52) ; en face de la puissance menaçante des Philistins, c’était le côté militaire de sa tâche qui le frappait surtout, et il ne tarda pas à être la victime d’un zèle qui manquait de sagesse. Dès une première épreuve, il montra que sa soumission au prophète de l’Éternel avait des limites, il ne sut pas attendre l’arrivée de Samuel (1 Samuel 13.8-14 ; 10.8), et dès cette première désobéissance Samuel lui annonça que son règne ne serait point stablej. Il n’en succomba pas moins à une seconde tentation ; après avoir remporté une victoire sur les Amalécites, il ne les traita pas à la façon de l’interdit (ch. 15), ainsi que Samuel le lui avait positivement ordonné, et dès lors il fut entièrement rejeté. Le v. 22 est le programme du prophétisme : dissiper toutes les illusions de la propre justice, rappeler que la piété est une affaire du cœur et de la vie, et qu’elle ne consiste pas en certaines formes extérieures, maintenir courageusement en toutes circonstances les droits souverains de l’Éternel, telle est la tâche de tous les vrais envoyés de Dieu. « L’Éternel prend-il plaisir aux holocaustes et aux sacrifices comme à ce qu’on obéisse à sa voix ? Voici, obéir vaut mieux que sacrifice ; se rendre attentif à la voix de Dieu, vaut mieux que la graisse des moutons. Car la rébellion est autant que le péché de deviner (allusion à la guerre que Saül avait faite aux nécromanciers)… Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, Il t’a aussi rejeté ! » Le prophète dans l’exercice de ses fonctions, ne doit se laisser émouvoir par aucun sentiment de pitié (1 Samuel 15.11 ; 16.1).

j – Pour les détails, voyez Ewald, qui a traité l’histoire de Saül de main de maître.

A partir de ce moment, Saül ne fit que marcher lentement, mais sûrement à sa perte. Samuel oignit à sa place David, le fils cadet d’Isaï, un jeune berger, qui comptait parmi ses ancêtres Ruth, la Moabitek ; puis, on peut supposer qu’il se retira chez les prophètes de Rama. A ses yeux David était le roi légitime. Ni Samuel, ni les autres prophètes n’eurent plus rien à faire avec Saül ; ils cherchèrent au contraire à se rapprocher le plus possible de David (1 Samuel 22.5)l. Cependant, le malheureux Saül se consumait à poursuivre David et ses adhérents, frappant même parfois à faux (1 Samuel 22.15). Son existence était empoisonnée par la méfiance ; dans sa détresse, il alla jusqu’à demander conseil et secours aux trépassés ; après s’être fait répéter par l’ombre de Samuel la sentence de condamnation qu’il avait déjà entendue de la bouche du prophète vivant, il alla se faire battre par ses grands ennemis et il finit par se tuer de ses propres mainsm.

k – Ruth avait été incorporée au peuple de Dieu, parce qu’elle avait renoncé à l’idolâtrie et qu’elle avait pris l’Éternel pour Dieu.

l – Gad était probablement un habitué de Rama.

m – Les chapitres consacrés à Saül et en général les livres de Samuel tout entiers sont un vrai modèle de narration historique.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant