Théologie de l’Ancien Testament

§ 177. Les Samaritains. Leur origine.

Non pas Salmanazar, comme on pourrait le conclure de 2 Rois 17.24, mais Assarhadon (Esdras 4.2), quarante ans plus tard, fit venir des gens de Babel et de diverses provinces de son empire, pour repeupler le territoire des tribus déportées. Ces païens apportèrent avec eux leurs idoles ; mais, visités par divers fléaux, ils arrivèrent à la conviction que c’était le Dieu du pays qui les punissait ainsi de ce qu’ils ne lui rendaient aucun culte, et ils se mirent à servir l’Éternel, sans toutefois abandonner leurs faux dieux.

Telle est l’origine des Samaritains, connus aussi sous le nom de Guthiens (כותים), parce qu’une partie d’entre eux venaient de Cuth ou Cutha, un canton de la Perse, selon les uns, une ville de la Babylonie, selon les autres. — Mais ces colons païens trouvèrent-ils en Samarie un reste d’Israélites, ou bien le pays à leur arrivée était-il tout à fait désert ? En d’autres termes, les Samaritains sont-ils un mélange de gentils et d’Israélites, ou bien d’origine purement païenneg ? On ne peut guère faire fond sur la prétention des Samaritains à descendre de Jacob (Jean 4.12) ; car selon les circonstances, ils savaient fort bien aussi se défendre de toute parenté avec Israël (Jos. Ant. 11.8, 6, 12.5, 5). Et d’autre part, il ne faut accueillir qu’avec méfiance les renseignements fournis par les Juifs sur l’origine d’un peuple qu’ils haïssaient. Tenons-nous en au témoignage de l’Ancien Testament.

g – Cette dernière opinion, qui est celle de l’ancienne théologie, a été reprise par Hengstenberg.

Eh bien ! des passages comme 2 Rois 17.24 ; Esdras 4.2,9, sont évidemment favorables à l’opinion qui voit dans les Samaritains un peuple d’origine purement païenne. Tout au moins résulte-t-il de 2 Rois 17.27, que les prêtres avaient tous été déportés. Quant à Esdras 4.2, 9 et sq., il est assez remarquable que les Samaritains, lorsqu’ils demandent aux Juifs de pouvoir prendre part à la construction du nouveau temple de Jérusalem, ne se présentent point à eux comme un peuple frère, mais uniquement comme des étrangers qui ont adopté leur Dieu. — En revanche, il résulte de 2 Chroniques ch. 30, que, même après la prise de Samarie, il demeurait encore beaucoup d’Israélites sur le territoire des dix tribus. En effet, la Pâque solennelle d’Ezéchias n’a pas eu lieu de suite après son avènement au pouvoir, comme on le croit souvent, mais seulement dans la sixième année de son règne, et par conséquent, après la prise de Samarie. Il est vrai que ce reste de population israélite fut bien probablement emmenée à son tour en captivité par Assarhadon. Mais plus tard, lorsque Josias détruit les idoles qui pouvaient encore se trouver dans le territoire des dix tribus, nous y rencontrons encore quelques représentants de la tribu de Manassé et d’Ephraïm (2 Chroniques 34.9. Voyez aussi Jérémie 41.5). Aussi bien, une déportation absolument radicale est-elle à peine croyable sur une aussi grande échelle. — Nous pensons donc pour notre part que l’élément israélite, même après l’immigration juive dont nous parlerons au § 192, a toujours été très faible chez les Samaritains. — Les habitants de Naplouse qui sont tout ce qu’il reste des Samaritains, n’ont point du tout le type juifh.

h – Ritter XVI, 647.

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