Théologie de l’Ancien Testament

§ 224. Suite de la description du temps du salut.

Et d’abord, le peuple de Dieu sera réintégré dans sa patrie et Jérusalem en sera de nouveau la capitale. C’est là un premier point que les prophètes sont unanimes à relever. Joël 3.20 et Amos 9.15 y ajoutent un détail qui a bien son importance : Israël ne sera plus jamais chassé de son pays. Et Abdias 1.19, de son côté, annonce que les frontières de la Terre sainte seront alors notablement reculées. Il le fait dans des termes qui ne peuvent guère se prendre d’une manière figurée.

En second lieu, les douze tribus seront de nouveau réunies au grand complet. La destruction de l’une d’entre elles avait été jadis un malheur national (Juges 21.3,6) ; le schisme des dix tribus est présenté comme un châtiment de Dieu. Il ne peut être question de salut et de félicité pour le peuple aussi longtemps que les douze tribus ne seront pas réunies sous la même autorité. Eh bien ! dans les derniers temps : « Les enfants d’Israël et les enfants de Juda se rassembleront et s’établiront un chef. » (Osée 1.11 ; 3.5) Ephraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda n’opprimera plus Ephraïm. » Ezéchiel insiste surtout sur ce point dans l’allégorie des deux bois (Ézéchiel 37.15-22). Représentez-vous un sarment coupé et fendu en deux dans le sens de la longueur. Ezéchiel applique ces deux morceaux de bois l’un contre l’autre ; ils s’adaptent parfaitement l’un à l’autre, et le prophète s’écrie : « Ainsi les enfants d’Israël ne seront plus deux nations ; ils ne seront plus divisés en deux royaumes ! »

En troisième lieu, le péché étant la cause de tout mal, le mal disparaîtra avec le péché. Dans l’ancienne alliance la sainteté pénètre du dehors au dedans. Toutes les ordonnances mosaïques ont pour but de mettre l’Israélite dans un état de pureté extérieure, qui le fasse soupirer après la pureté du cœur (§ 84). Dans la nouvelle alliance, la sainteté s’établit dans l’intérieur, et de là elle pénètre la vie jusque dans ses détails les plus ordinaires. Dans la nouvelle économie tous les lieux impurs de l’ancienne Jérusalem, — et la colline de Gareb, c’est-à-dire du lépreux, et Goath, la place des exécutions (de גוע, distinguer, condamner, d’après Hengstenberg), et toute la vallée pleine de cadavres et de cendre, et tous les champs jusqu’au torrent du Cédrond, que Josias profana parce qu’ils avaient été le théâtre de l’idolâtrie de ses prédécesseurs, — tous ces lieux mal famés seront saints et feront partie de la Jérusalem nouvelle (Jérémie 31.38 et sq.).

d – Les « Scheremôth » ne sont pas autre chose que les Schademôth Quiderôn, les champs du Cédron de 2 Rois 23.4.

[Tout ce passage a évidemment une signification symbolique, mais Hengstenberg va trop loin quand il n’y voit que l’image de l’annexion de tous les royaumes de la terre au royaume de Dieu.]

Tandis que le péché rend profanes les choses les plus saintes, la sainteté des derniers temps sanctifiera les choses les plus indifférentes : les mots inscrits sur la tiare du souverain sacrificateur : Sainteté à l’Éternel ! le seront alors sur les sonnettes des chevaux (Zacharie 14.20). Tous les instruments de cuisine dans la ville sainte seront saints (v. 21).

[« Les chaudières de la maison de l’Éternel (v. 20) seront aussi saintes que les vases des sacrifices devant l’autel. » Dans le culte mosaïque, les chaudières, qui servaient aux laïques, étaient moins saintes que les bassins dont les prêtres seuls se servaient pour faire aspersion du sang des victimes. Toute distinction semblable sera abolie.]

Il n’y aura plus ni guerre, ni famine, ni bêtes dévorantes, ni pestee ; toutes les armes seront retranchées (Osée 2.18 ; Michée 5.4-10 ; Zacharie 9.10). Le troupeau de l’Éternel paîtra seul, en sûreté, au fond des forêts du Carmel (Michée 7.14). Jérusalem sera sainte et les étrangers ne la profaneront plus (Joël 3.17).

e – Ce sont là (§ 89) les quatre principaux fléaux que mentionne l’A. T.

La nature elle-même se ressentira de ce nouvel état de choses. Elle jouira d’une paix profonde. L’heureuse harmonie qui régnait avant la chute entre l’homme et la nature sera rétablie (§ 72) ; la Terre sainte sera glorifiée ; une source vivifiante jaillira du temple et se déversera dans la mer Morte, dont elle rendra les eaux pures et sainesf (Joël 3.18 ; Ézéchiel 47.6 et sq.) ; le peuple de Dieu se verra comblé de toutes les bénédictions de la terre et des cieux ; il n’y aura plus rien qui vienne lui nuire et le troubler (Osée 2.20, 23 ; Amos 9.13 ; Ézéchiel 34.25). Les animaux des champs perdront leur férocité (Ésaïe 11.6-8), ils gîteront avec les animaux domestiques et se nourriront de végétaux comme euxg. Voyez aussi. Ésaïe 65.25.

f – Voyez Neumann, les Eaux vives, essai exégétique sur Ézéchiel 47.1-12.

g – Ce n’est pas ici une simple allégorie.

Dans toutes ces descriptions de la félicité des derniers temps, les prophètes s’accordent à présenter le changement du cœur et la délivrance du péché comme l’indispensable condition de toutes ces délivrances extérieures. Voyez, par exemple : Ésaïe 11.9 : Pourquoi tant de paix même chez les animaux les plus sauvages ? « C’est que la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel comme le fond de la mer des eaux qui la couvrent. » Ainsi encore Ésaïe 33.24 : « Nul n’y dira : Je suis malade ! car l’iniquité du peuple qui y habitera sera pardonnée. »

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