Les leçons de Marie Mère de Jésus

3. La Servante du Seigneur

Dieu ne donne pas sa gloire à un autre, ni son honneur aux idoles.

S’il a besoin des hommes, s’Il les emploie pour exécuter ses desseins, c’est une faveur qu’Il leur accorde.

Ainsi, dans sa grâce, Dieu sait à son heure susciter un homme, une femme, qui seront pour Lui des vases d’élection par lesquels Il fera connaître les richesses de sa gloire au milieu des hommes.

La gloire éternelle de Marie, comme celle d’Israël, c’est Jésus, le Fils Bien-Aimé du Père.

En effet, la vie même de Marie nous interdit de nous arrêter à elle. Toutes les leçons qu’elle nous donne nous ramènent à Christ, "l’Image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création".

On ne peut penser à Marie sans songer au Fils de Dieu. Marie existe par Lui, pour Lui, et en Lui.

De même on ne devrait pas pouvoir penser à un chrétien sans penser au Christ.

Ce qui est intéressant et utile pour nous dans la vie d’un homme ou d’une femme, c’est la mesure de Christ en eux. Tout le reste, origine, naissance, beauté, richesse, position, est secondaire dans un monde où tout est vanité et tourment d’esprit.

Celui en qui habite l’amour de Dieu ne tire pas sa gloire des hommes, mais cherche la gloire qui vient de Dieu seul.

Dans ces dispositions, il ne cherche pas sa volonté mais la volonté de Celui qui, par grâce, nous fait sortir de l’ombre et qui, à toute heure, peut nous y faire rentrer.

Si notre consécration est réelle, la fidélité au Seigneur reste totale, l’attachement et le dévouement au Christ demeurent complets, lors même qu’on ne parle plus de nous.

Les êtres qui sont jaloux de la gloire de Dieu, au lieu de rechercher leur propre gloire, savent qu’ils sont suscités pour servir au conseil de Dieu. Ils n’ignorent pas que leur course peut s’achever aussi bien à trente qu’à soixante-dix ans. L’essentiel pour eux n’est pas une longue vie, mais l’accomplissement humble, fidèle et joyeux, du service reçu du Seigneur.

Ce fut le cas pour Jean-Baptiste qui avait pu dire de Jésus: "Il faut qu’Il croisse, et que moi je diminue". Cette parole était son programme. Il l’a incarnée et non seulement prêchée.

Dès qu’il eut préparé le chemin du Seigneur, dès que le Christ fut sorti de l’ombre pour commencer son ministère, Dieu retira le Baptiste par une mort violente.

Du roi David lui-même, l’Écriture dira qu’après avoir, en son temps, servi au dessein de Dieu, il s’endormit et fut réuni à ses pères.

Ce n’est donc pas nous qui choisissons l’heure, le jour, le lieu et les circonstances qui nous effaceront de l’horizon des hommes.

De cette manière, Dieu prouve que la vie de ses serviteurs n’a de sens qu’en Christ, d’autre raison d’être que Christ.

L’apôtre Paul avait tellement bien compris cette vérité qu’il pouvait dire: "Christ sera glorifié dans mon corps avec une pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort; car Christ est ma vie et la mort m’est un gain". Ailleurs, il dira encore: "Nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur".

* * *

Ce que je viens de dire au sujet des serviteurs de Dieu en général, s’applique également à Marie, la servante du Seigneur.

Les Évangiles nous montrent d’une manière frappante la vraie place que Dieu a donnée à Marie, mère de Jésus.

Dans l’Écriture Sainte, il est surtout question de Marie avant la naissance du Christ, dans l’enfance et l’adolescence de Jésus.

Dès que Jésus est homme fait, et tout au long de son ministère, Marie n’apparaît plus qu’occasionnellement. Et, sans cesse, par les paroles qu’il prononce dans ces circonstances, Jésus semble vouloir rappeler le rôle exact de sa mère et sa place dans sa vie.

Voyons plutôt:

1. Aux noces de Cana, quand Marie communique à son fils l’embarras de leurs hôtes au sujet du vin, Jésus répond à sa mère: "Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue".

Marie doit comprendre qu’elle a devant elle son Seigneur, seul juge de ce qu’Il sera conduit à faire.

2. Quand de la foule assise autour de lui on vient lui dire: "Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir", Jésus répond: "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère".

C’est ainsi que Marie est sa mère, parce que Dieu l’a choisie, parce qu’elle n’a pas refusé la grâce qui lui a été faite, parce qu’elle a obéi, parce qu’elle a fait la volonté de Dieu.

3. Alors qu’une femme, élevant la voix du milieu de la foule, s’écrie, tandis qu’Il parlait: "Heureuses les entrailles qui t’ont porté, heureux les seins qui t’ont allaité"! Jésus dit aussitôt: "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent".

Jésus ne laisse donc pas l’attention des foules se détourner de Lui pour se porter sur sa mère, pas plus qu’Il ne laissa sa mère Lui dire ce qu’Il avait à faire au début de son ministère. Cependant, Jésus n’a pas abandonné Marie.

4. Quand, de la croix, Il voit sa mère se tenir avec Jean au pied de son gibet, Il s’écrie: "Femme, voilà ton fils", puis Il dit au disciple: "Voilà ta mère"! Et dès ce moment le disciple la prit chez lui.

Là encore, dans cette heure suprême, Jésus donne à sa mère sa vraie place. Jésus s’en va au Père... Il va retourner au lieu d’où il était venu. Son commencement n’était pas à la crèche et sa fin ne serait pas à la Croix.

Quant à Marie, sa place est sur la terre dans la compagnie des hommes, du disciple qu’Il aimait.

5. Et lorsque, ressuscité, Jésus se montre à ses disciples pendant quarante jours, ni les Évangiles, ni les Actes des Apôtres ne nous parlent d’une visite spéciale de Jésus à sa mère ou d’un message particulier du Ressuscité pour Marie.

Il apparaîtra à Marie de Magdala, puis aux saintes femmes, dont sa mère fait partie.

Il aura un message pour Pierre qui L’a renié, mais rien de spécial pour sa mère, fidèle parmi les fidèles.

Et c’est ainsi qu’après l’Ascension de Jésus, on retrouve Marie dans la chambre où se réunissent les apôtres, dans l’attente de la Pentecôte.

Que fait-elle? La servante du Seigneur persévère dans la prière avec ses frères et sœurs.

Nul ne s’adresse à elle. Marie, avec ses frères, invoque le Seigneur.

Marie prie avec les vivants, au milieu des vivants et pour les vivants.

Marie ne prie pas pour les morts, et surtout, personne ne la prie.

* * *

En dehors des citations que je viens de faire et de quelques autres sur lesquelles je reviendrai plus tard, il n’est plus question de Marie ou de son nom dans le Nouveau Testament.

Ni Paul, ni Jacques, ni Pierre, ni Jean, ni Jude ne la mentionnent. Écoutez plutôt leurs déclarations:

1. Paul, parlant de la médiation: "Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous" (1 Tim 2.5).

2. Jacques, parlant de la dévotion: "La dévotion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci: Visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde" (Jacques 1.27).

3. Pierre, parlant de la rédemption: "Si vous appelez Père celui qui, sans acception de personnes, juge chacun selon ses œuvres, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre exil. Sachez que ce n’est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, mais par un sang précieux, comme d’un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous. Par lui, vous croyez en Dieu, qui l’a fait ressusciter d’entre les morts et lui a donné la gloire, si bien que votre foi soit en Dieu comme votre espérance" (1 Pierre 1.17-21).

4. Jean, parlant de l’intercession: "Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas.

Mais si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste. C’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier", (1 Jean 2.1-2).

5. Jude, parlant de la foi transmise aux saints: "Très chers, j’avais un grand désir de vous écrire au sujet de notre salut commun; et j’ai été contraint de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes qui, depuis longtemps ont été marqués d’avance pour cette sentence: Ces impies travestissent en débauche la grâce de notre Dieu et renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ... Mais vous, très chers, rappelez-vous ce qui a été prédit par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils vous disaient: A la fin du temps, il y aura des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies. Ce sont eux qui créent des divisions, ces êtres psychiques qui n’ont pas l’Esprit.

"Mais vous, très chers, vous édifiant sur votre foi très sainte, priant dans l’Esprit Saint, gardez-vous dans la charité de Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. Les uns, ceux qui hésitent, cherchez à les convaincre; les autres, sauvez-les en les arrachant au feu; les autres, enfin, portez-leur une pitié craintive en haïssant jusqu’à la tunique contaminée par la chair.

"Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous présenter devant sa gloire, irrépréhensibles et dans l’allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles! Amen"! (Jude 3-4,17-24).

Tous ces textes fixent la doctrine chrétienne et excluent nettement la possibilité d’une évolution du dogme.

Il est frappant aussi de constater que Jean lui- même, le disciple qui prit Marie chez lui, garde le silence sur la mère de notre Seigneur. Je sais bien qu’on a voulu voir Marie dans la femme qu’il nous présente au chapitre douze de l’Apocalypse, enveloppée du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles. Pourtant, une étude attentive de ce chapitre examiné à la lumière de l’analogie de la foi, nous prouverait bien vite que cette femme ne personnifie ni Marie, ni même l’Église, mais le peuple d’Israël.

* * *

Comme nous l’avons vu plus haut, l’Écriture nous parle de Marie avant la naissance de Jésus, pendant son enfance et son adolescence. Puis Marie s’efface.

Elle ne vit plus que cachée en Lui, pour Le montrer, Lui. C’est Lui qu’elle met en avant. Marie reste dans l’ombre et surtout dans l’ombre de la Croix, qui plane sur toute la vie de son fils.

C’est là pour nous, parmi tant d’autres, une des grandes leçons que nous donne Marie.

Et si maintenant nous continuons à établir un parallèle entre la mère du Seigneur et l’âme sauvée par la grâce de Dieu — l’âme qui accepte par la foi le salut, pour l’apporter ensuite à d’autres — nous retirerons encore d’autres utiles instructions de la vie de Marie.

LA FIANCÉE DE JOSEPH

J’ai déjà souligné, en commentant l’Annonciation, la Visitation et le Magnificat, comment Dieu veut reproduire spirituellement en chacun de nous l’œuvre qu’Il fit en Marie.

Il reste donc à considérer pour notre édification ce qui arriva à Marie lorsqu’elle retourna chez elle après avoir passé trois mois auprès d’Élisabeth.

L’âme qui a accepté et cru la Parole du Seigneur, l’âme qui a connu la joie de la communion fraternelle et les transports de l’adoration, dans la communauté que crée le Christ, ne peut pas toujours rester auprès de ceux que la grâce a visités.

Il faut quitter "le pays des montagnes", descendre des purs sommets pour retourner chez soi, dans sa maison, où les difficultés vont commencer, où la foi va être éprouvée.

Les liens célestes ne brisent pas les liens terrestres. La vie de Dieu en nous ne fait que les épurer et les sanctifier.

L’appel de Dieu à la sanctification ne conduit pas les âmes à se séparer du monde pour vivre en vase clos, mais à devenir la possession de Dieu dans le monde, "son trésor particulier".

Il n’est pas question pour Marie de ne pas retourner vers Joseph ou de lui cacher son état.

De même, l’âme qui a reçu la vie de Dieu ne peut pas fuir ses responsabilités, et ne pas confesser le nom de Jésus parmi les siens.

Que va faire Joseph, lorsqu’il apprendra que Marie est enceinte?

Écoutons comment Matthieu nous décrit ces événements qui, humainement, auraient pu avoir de tragiques conséquences pour Marie:

Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble. Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle. Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.

Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:
Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils.
Et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.
Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.

(Matthieu 1.18-24).

Constatant l’état de sa fiancée, Joseph avait, à première vue, deux possibilités devant lui:

1. S’il croyait le témoignage de Marie et sa version sur le mystère de sa grossesse, il pouvait garder sa femme auprès de lui et honorer en elle, l’élue du Seigneur.

2. Par contre, s’il conservait un doute sur une situation aussi extraordinaire, étant un homme juste, il ne pouvait épouser Marie — la fiancée enceinte tombant alors sous le coup de la loi qui prononçait la peine de mort pour un tel cas. (Deut 22.23-30.)

Que se passe-t-il donc en Joseph pour qu’il s’oriente vers une troisième solution, celle qui le conduisait à vouloir rompre secrètement avec Marie, afin de ne pas l’exposer publiquement à l’ignominie et moins encore aux rigueurs de la loi?

Ou le témoignage de Marie n’a pas suffi pour le convaincre et l’amener à croire, et, dans le doute, il préfère s’abstenir, étant un homme de bien.

Ou, s’il a cru sa fiancée, une crainte respectueuse s’empare de son cœur. Joseph ne se sent plus capable de vivre avec cet être dans lequel Dieu accomplit un si grand mystère.

Qu’en sera-t-il de Marie, humblement résignée à toute la volonté de Dieu? La servante du Seigneur sera-t-elle abandonnée dans cette épreuve?

Quand Dieu a commencé un travail dans un cœur, Il le poursuit et l’amène à son achèvement. Il ne permet pas que l’incrédulité, le doute ou la crainte, détruise son œuvre ou nuise à son épanouissement. Dieu lui-même intervient: Un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, dissipe ses doutes ou ses craintes, lui révélant personnellement la vérité au sujet de "l’enfant" et lui communiquant ce que Dieu attend de lui. Dès son réveil, sans tergiversation, Joseph obéit à l’ordre d’En Haut et prend sa femme auprès de lui, la mettant ainsi à l’abri des Soupçons injurieux.

Joseph partage dès lors l’espérance de Marie.

Le salut est entré dans sa maison. La Vierge n’est plus seule maintenant pour attendre les choses merveilleuses de Dieu.

Une telle délivrance est l’image de tout ce que Dieu peut faire, aujourd’hui encore, pour les âmes de nos familles, qui ne croient pas à notre témoignage. Ce n’est plus à nous de combattre. Attendons-nous au Seigneur qui, à son heure, saura révéler lui-même sa grâce et amener à l’obéissance de la foi ceux qui dans nos demeures ne connaissent pas la vérité.

Mais il ne la connut point, jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, auquel il donna le nom de Jésus.
(Matthieu 1.25).

Par ce texte, que la version de Jérusalem traduit ainsi: "Et sans qu’il l’eût connue, elle enfanta un fils...", l’Évangile veut établir comme un fait historique, l’origine divine de Jésus-Christ.

C’est là le véritable intérêt que ce passage a pour nous. Joseph trouva Marie enceinte avant qu’ils eussent mené vie commune, et c’est sans qu’il l’eût connue qu’elle mit au monde Jésus.

Ainsi, si l’on ne peut prouver par l’Écriture la virginité perpétuelle de Marie, on ne saurait mettre en doute qu’elle était vierge à la naissance du Sauveur.

Cela seul est important.

Que se passa-t-il ensuite entre Joseph et Marie?

Il me paraît sans intérêt de discuter à perte de vue pour savoir si, après la naissance de Jésus, Joseph connut sa femme et lui donna d’autres enfants, ceux que l’Évangile appelle "les frères" du Seigneur.

S’il est vrai que le terme "frère" est employé quelquefois dans la Bible pour désigner un proche degré de parenté et non nécessairement les enfants du même père et de la même mère, nul ne peut certifier cependant que les "frères" de Jésus dont nous parle le Nouveau Testament n’étaient que ses cousins.

À Nazareth, où Jésus avait été élevé, ne disait-on pas de lui: "Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon; et ses sœurs ne sont-elles pas ici auprès de nous"?

Et Jean l’apôtre, ne nous signale-t-il pas que "ses frères non plus ne croyaient pas en lui".

Serait-ce pour cette raison-là qu’au moment de mourir, Jésus confie sa mère à Jean plutôt qu’à ses proches demeurés encore dans l’incrédulité?

On pourrait facilement le soutenir en s’appuyant sur cette parole du psaume messianique: "Je suis devenu un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère"!

Pour moi, je le répète, quelle que soit l’opinion que l’on partage au sujet des frères ou des sœurs de Jésus, je ne vois pas ce que le fait d’être restée vierge, ou d’avoir eu des enfants après la naissance du Christ, pourrait ajouter ou ôter à la vertu de la mère par excellence.

Toutefois, si rien ne s’oppose formellement à ce que Joseph ait connu sa femme après la naissance de Jésus, je pourrais très bien comprendre aussi que l’époux de Marie ait arrêté dans son cœur de respecter celle dont le corps avait été le théâtre mystérieux d’une telle opération de l’Esprit Saint!

De toute manière, Joseph et Marie restent pour les fiancés de tous les temps, des modèles de foi, d’amour et de pureté.

LA NAISSANCE DE JÉSUS

La lecture du deuxième chapitre des Évangiles de Luc et de Matthieu, nous renseigne parfaitement sur les circonstances que connut Marie, avant, pendant et après la naissance de son fils.

En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
(Luc 2.1-5).

Les choses merveilleuses que l’on attend de Dieu ne se passent pas toujours selon nos prévisions.

Marie et Joseph habitent à Nazareth de Gaulée, et pourtant, selon les Écritures, c’est à Bethléem de Judée que le Messie doit naître.

Écoutons plutôt:

"Et toi, Bethléem Ephrata,
Petite entre les milliers de Juda,
De toi sortira pour moi
Celui qui dominera sur Israël
Et dont l’origine remonte aux temps anciens,
Aux jours de l’éternité".
(Mic 5.1)

Si Marie avait connaissance de ce texte de Michée, elle pouvait être en souci. Devrait-elle, afin d’accomplir cette prophétie, se rendre d’elle-même à Bethléem pour accoucher dans cette ville, ou rester à Nazareth, ce qui pour elle simplifierait tellement les choses ?

Ce n’est pas à nous de réaliser les prophéties. Il nous appartient seulement d’être fidèles là où Dieu nous visite, et de savoir attendre de Lui, dans la soumission, l’accomplissement de ses desseins.

Malgré les apparences, Dieu gouverne le monde et règne au-dessus de tous les Césars.

Aussi, est-ce par un édit d’Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre que Joseph et Marie se trouveront au jour et à l’heure de l’accouchement, au lieu annoncé par les prophètes.

La volonté de Dieu s’accomplit toujours par la puissance de Dieu et est toujours conforme à la lettre de l’Écriture.

Dieu ne nous demande pas de réaliser aujourd’hui, d’une manière charnelle, ou parce que nous en aurions le loisir, ce qu’Il attend que nous accomplissions demain, avec la force qu’Il communiquera.

Mais demain, à l’heure qu’Il voudra, Il réclamera de nous une obéissance totale à sa volonté clairement révélée. Aucune circonstance, aucun travail, aucune fatigue ne devra nous arrêter.

Soumis aux autorités et malgré l’état de Marie, Joseph s’en ira comme tout le monde en sa propre ville, afin de se faire inscrire avec la femme qui lui était fiancée.

Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
(Luc 2.6-7).

Nous voici donc à Bethléem.

Mais, là encore, les choses ne vont pas se passer comme nous pourrions le désirer, ou comme notre imagination pieuse pourrait prévoir l’accomplissement d’un événement divin.

Tout est fait pour nous déconcerter ou nous scandaliser. Ni le cadre de la naissance du Christ, ni les acteurs qui évoluent autour de Jésus, ne semblent correspondre à la dignité qui revient au Fils de Dieu.

Ce n’est pas dans l’hôtellerie que va naître le Sauveur, mais dans une grotte obscure servant d’étable aux animaux.

C’est dans une crèche que Marie déposera son enfant et c’est là que de pauvres bergers viendront pour le trouver.

Sur la terre, la présence de Jésus en nous n’ouvre pas nécessairement toutes les portes.

Au contraire, en certains lieux, il n’y aura point de place pour nous ici-bas. "Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne L’a pas connu". Cependant, "toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein".

Dieu veut apprendre à ceux qu’Il a choisis pour accomplir sa volonté, que son salut gratuit doit être annoncé d’abord aux pauvres et aux ignorants.

LES BERGERS DE BETHLÉEM

Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit: Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie: C’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: Vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche.

Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée!

(Luc 2.8-14).

Si le monde ne nous reçoit pas, Dieu va nous rendre capables de recevoir ceux que le monde méprise, mais que Lui aime et veut sauver.

Aujourd’hui on consacre des millions pour se faire ouvrir la porte d’une "hôtellerie" qui n’est pas pour nous, et pour financer une publicité tapageuse destinée à faire accepter Jésus-Christ aux foules. Autrefois, Joseph et Marie acceptaient l’obscurité d’une étable pour y déposer le trésor de leur cœur.

Alors le ciel s’ouvrait et, sans aucun frais pour Joseph et Marie, une publicité merveilleuse digne du Fils de Dieu se faisait par un ange environné d’un chœur céleste.

Rien ne manquait à l’annonce! Le sujet, la date, le lieu, tout était indiqué. Enfin, le signe qui les conduirait à croire cette bonne nouvelle, et à reconnaître pour Sauveur l’enfant de la crèche, leur était révélé.

Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant. Tous ceux qui les entendirent furent dans l’étonnement de ce que leur disaient les bergers. Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce qui leur avait été annoncé.
(Luc 2.15-20).

Irrésistiblement attirés par la propagande céleste au rendez-vous des méprisés, les bergers vont en hâte à Bethléem et trouvent tout conforme à ce qui leur avait été annoncé! Alors, ils s’en retournent glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu.

Que celui qui lit comprenne, et qu’avec Marie il garde toutes ces choses et les repasse dans son cœur, trouvant son inspiration dans les choses faites par le ciel pour évangéliser la terre.

Si nous possédons aujourd’hui la vie de Jésus, si elle se manifeste dans notre chair mortelle, notre témoignage commencera parmi les pauvres, au sein des humbles de ce monde.

Seulement, ne laissons pas nu le Sauveur dans la crèche. Comme Marie, enveloppons-Le des langes de notre amour. Alors, si nous ne pouvons pas encore montrer le Christ ailleurs que dans une étable, nous ferons l’expérience que si Jésus est tout pour notre cœur, ceux que Dieu enverra vers nous par sa divine puissance, ne verront plus le bœuf et l’âne ou l’endroit misérable, mais uniquement la Personne du divin enfant.

Dans l’étable de Bethléem, ce que les bergers virent, ce fut le petit enfant. Alors, aussi, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.

De même aujourd’hui, si Christ est réellement né en nous, les humbles de ce monde sauront voir "le petit enfant", même si nous n’avons pas de grands moyens pour le montrer, ni de belles chapelles où le présenter.

LES MAGES D’ORIENT

Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode, voici, des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.

Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa d’eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent: À Bethléem en Judée; car voici ce qui a été écrit par le prophète:

Et toi, Bethléem, terre de Juda,
Tu n’es certes pas la moindre entre les villes de Juda.
Car de toi sortira un chef, qui paîtra Israël, mon peuple.

Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. Puis il les envoya à Bethléem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes, sur le petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.

Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

(Matthieu 2.1-12).

Si la bonne nouvelle doit être annoncée aux pauvres et aux ignorants, souvenons-nous que Dieu aime aussi les riches et les savants.

Pour eux aussi l’heure viendra où, comme les Mages de l’Orient, ils pourront voir "le petit enfant" avec Marie sa mère et se prosterner devant lui pour lui rendre hommage, en déposant à ses pieds leurs trésors.

Pour trouver Christ, leur voyage sera plus long que celui des bergers, et leurs difficultés plus grandes. Leur recherche du Sauveur ne se fera pas sans trouble. Mais, partis un jour dans la bonne direction, et malgré les obstacles, ils retrouveront toujours l’étoile qui les conduira dans leur nuit vers le meilleur trésor et vers la plus grande joie.

Eux aussi seront divinement avertis de ne pas retourner vers certaines gens qui leur seraient un piège et ils sauront dans quel chemin Dieu veut les voir marcher pour retourner à leurs occupations.

LA FUITE EN EGYPTE

Lorsqu’ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle; Car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J’ai appelé mon fils hors d’Égypte.

Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date donc il s’était soigneusement enquis auprès des mages. Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète:

On a entendu des cris à Rama,
Des pleurs et de grandes lamentations:
Rachel pleure ses enfants,

Et n’a pas voulu être consolée,
Parce qu’ils ne sont plus.
(Matthieu 2.13-18).

Aujourd’hui, comme aux jours d’Hérode, Dieu ne se laisse pas devancer par les plans criminels de nos adversaires. Dieu connaît les pensées et les intentions des cœurs et sait avertir ses enfants.

Que fera le jeune chrétien devant l’opposition, la menace et la rage de Satan?

Il se laissera guider par Celui qui, des cieux, veille sur la vie du tout petit enfant. Il se retirera où Dieu le conduira.

À cause de Jésus, Joseph et Marie durent descendre en Égypte. À cause de la vie de Christ en nous, Dieu peut encore nous conduire à l’écart, mais c’est Lui aussi, qui, à son heure, nous ramènera de l’exil.

La haine, la persécution, la souffrance, tout cela est dans le programme du chrétien, et doit arriver afin que l’Écriture soit accomplie.

LE RETOUR EN ISRAËL

Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d’Israël. Mais, ayant appris qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre: Et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes: Il sera appelé Nazaréen.
(Matthieu 2.19-23).

Les hommes passent, les temps changent; seul Jésus demeure!

À la mort d’Hérode, un ange intervient à nouveau pour rappeler Joseph, le petit enfant et sa mère, au pays d’Israël, non pas dans la ville de David son père, mais à Nazareth la cité méprisée de Galilée, d’où aucun prophète ne semblait devoir sortir. Élevé dans cette ville, Jésus sera appelé: "Nazaréen".

Là où se manifeste la vie de Jésus, tout est divinement conduit. L’homme ne choisit pas le lieu de son témoignage. Fidèle, il obéit à la volonté que Dieu lui révèle, et il ne tarde pas à voir l'Écriture s’accomplir dans sa vie.

L’ENFANT PERDU ET RETROUVÉ

Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque.

Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s’en aperçurent pas. Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. Il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père? Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur.

Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

(Luc 2.41-52).

Jésus avait douze ans quand Marie dut apprendre une leçon importante, et, avec elle, nous devons souvent repasser son enseignement dans notre cœur.

C’est toujours un grand danger pour nous d’accomplir par coutume des actes religieux.

Quand ils deviennent pour nous des traditions, sans nous en apercevoir nous perdons vite le contact avec Jésus. Accaparés par mille occupations, même pieuses, nous ne nous rendons pas compte que Jésus n’est plus avec nous. Cependant, nous le croyons là, faisant partie du voyage! Et c’est ainsi que l’on peut cheminer toute une journée sans souffrir de son absence.

Mais le soir arrive et, quand soudain l’on se soucie de Jésus, Il reste introuvable. Compagnons de voyage, parents et connaissances ne nous sont d’aucun secours pour nous aider à retrouver Celui que nous avons négligé, et perdu...

Où donc Le chercher? Où donc Le trouver?

Jésus nous a tellement habitués à sa fidélité, que nous en arrivons à croire qu’Il doit être toujours là, et que nous pouvons marcher avec qui nous voulons, bavarder avec qui nous semble bon, n’avoir aucun contact avec Lui pendant une journée entière, sans cependant douter un seul instant que nous Le retrouverons le soir, quand nous aurons terminé nos affaires...

Dieu veut nous apprendre que la présence de Jésus est une grâce à chérir plus que toute autre chose, et qu’il ne va pas de soi qu’Il reste avec nous quand nos pensées ne sont pas avec Lui.

Pour une journée où nous avons négligé le Seigneur, la marche est arrêtée... Trois jours de peine et d’angoisse...

Cependant, Jésus n’était pas en danger. Il était resté à Jérusalem et se tenait assis dans le temple, au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.

Pour retrouver le contact avec Jésus, il faut toujours revenir à notre point de départ. C’est au temple de Dieu que le Sauveur est resté et c’est là seulement que nous Le retrouverons, si nous savons rentrer en nous-mêmes.

Jésus est occupé des affaires de son Père, alors que nous L’avons oublié pour nous occuper de nos propres affaires.

N’accusons pas le Seigneur d’avoir mal agi avec nous, mais rentrons en nous-mêmes. Nous comprendrons alors que si nous avons dû Le chercher durant trois jours, si nous avons été dans la peine et l’angoisse, c’est bien parce qu’un matin, nous sommes partis sans Lui et que toute une journée toujours sortis de nous-mêmes nous nous sommes éloignés de Lui.

On ne perd Jésus qu’en s’éloignant de Lui. Et ce qui nous éloigne de Lui, ce sont les affaires et les soucis de la terre.

C’est auprès de son Père que le Christ se trouve. Recherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et si même comme Marie et Joseph, nous ne comprenons pas toutes les paroles et les pensées du Seigneur, nous Le verrons redescendre avec nous à Nazareth, entrer dans nos occupations et préoccupations pour y manifester de plus en plus sa vie, sa sagesse et sa grâce devant Dieu et devant les hommes.

Après avoir bien compris cet enseignement que Marie gardait dans son cœur, il nous faut revenir à une leçon qu’elle avait apprise dans ce même temple de Jérusalem, quarante jours après la naissance de Jésus, à l’heure où, pour la première fois, elle y avait conduit son Fils.

LA PROPHÉTIE DE SIMÉON ET SON ACCOMPLISSEMENT

Le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu’avait indiqué l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Et, quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moise, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur — suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur — et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur.

Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint au temple, poussé par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu’ordonnait la loi, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, Salut que tu as pré paré devant tous les peuple, Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d’Israël, ton peuple.

Son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui.

(Luc 2.21-33).

Lors de ce premier voyage à Jérusalem, Marie n’était pas montée au temple "selon la coutume de la fête", mais pour présenter son enfant au Seigneur, et pour accomplir à son égard ce que prescrivait la loi de Moïse.

Portant son enfant dans ses bras, tout occupée de lui, Marie avait vu et entendu des choses merveilleuses.

Un pieux vieillard, divinement averti qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur, survint au temple, poussé par l’Esprit, au moment où les parents de Jésus se soumettaient aux exigences de la Parole.

De la bouche de Siméon, Marie qui venait de présenter au Seigneur l’offrande du pauvre, avait reçu la confirmation que son trésor était vraiment le Salut de Dieu, la Lumière pour éclairer les nations, et la gloire du peuple d’Israël.

Aussi, Marie et Joseph étaient-ils dans l’admiration des choses qu’on disait de Lui.

Comme il est bon aujourd’hui encore — lorsque dans notre faiblesse nous accomplissons la volonté du Seigneur — d’entendre des personnes pieuses, comme Siméon et Anne, rendre témoignage à la vie de Dieu que nous possédons, et aux merveilleuses possibilités que cette vie nous donne pour nous-mêmes et pour les autres.

Mais c’est alors que Dieu, au moment même où Il nous donne sa bénédiction, nous prépare à entendre des choses que notre cœur charnel n’aurait pu supporter sans sa grâce prévenante:

Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées.
(Luc 2.34-35).

Marie devait savoir que la vie de son enfant deviendrait un signe qui provoquerait la contradiction parmi les hommes, et qu’elle-même connaîtrait la souffrance. Une épée transpercerait sa propre âme, lorsque l’opposition des hommes irait jusqu’à clouer le Sauveur sur la Croix, cette Croix où les pensées des cœurs se trouvent révélées, le Crucifié suscitant la foi ou l’incrédulité, l’amour ou la haine de plusieurs.

C’est une vie de souffrance qui fut promise à Marie au moment même où elle recevait la bénédiction du vieillard Siméon. La mère de l’homme de douleur sera aussi la mère douloureuse.

La souffrance, l’épée sont dans son programme. Un tranchant est pour Jésus, l’autre pour Marie et pour tous ceux qui, avec elle, sont sauvés par les meurtrissures du Crucifié.

C’est à la communion de ses souffrances que le Christ nous appelle, afin que nous soyons rendus conformes à Lui dans sa mort pour l’être aussi dans sa glorieuse résurrection.

C’est à Le suivre dans le renoncement à tout, à Le suivre jusqu’à la mort et à la mort de la Croix que Dieu convie ceux qu’Il bénit de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ.

C’est vers la Croix en effet que marchera Marie.

C’est là que nous la retrouverons debout et silencieuse, laissant parler son Fils, qui décide de son sort.

Son enseignement suprême pour toutes les générations qui la diront "bienheureuse", Marie Pavait donné une fois pour toutes à Cana, en sept mots simples et lumineux:

"Faites tout ce qu’Il vous dira".

Ce sont ces paroles qui délivrent les hommes de leurs difficultés. Elles leur apportent ce qui leur manque: Le vin meilleur, la joie parfaite que procure l’obéissance aux commandements du Fils de Dieu.

Marie a mis au monde son Fils, non pour que l’on parle d’elle, mais toujours de Lui, non pour qu’on regarde à elle, mais toujours à Lui, non pour qu’on l’aime elle, mais toujours Lui, qui de sa plénitude nous donne grâce sur grâce.

* * *

Voilà Marie! Marie dans l’ombre de la Croix! Marie vraiment humaine, priant au milieu de ses frères et avec ses frères, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes:

Celui qui seul est assis à la droite de Dieu et intercède pour nous.
Celui qui seul possède l’immortalité.
Celui qui seul a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile.
Celui qui vient bientôt, notre glorieux Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.

Il nous demande à tous qu’à l’instar de Marie, la servante du Seigneur, nous sachions Le montrer, Lui, au monde qui L’ignore.

Alors, quand Lui qui est notre vie sera manifesté, Il nous manifestera avec Lui en gloire.

C’est Lui, Jésus, qui en son jour, présentera Marie glorifiée avec tous ceux qui, comme elle, n’auront eu de regard et d’amour que pour Lui, tous ceux qu’Il n’a, pas honte d’appeler, encore aujourd’hui "ses frères".

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