Médiocrité ou sainteté

Préface

Malgré les habitudes et la mode, chacun sait que les préfaces, (de "proefari", dire d’avance) sont le plus souvent parfaitement inutiles. Que dire alors d’un préfacier qui loin d’être un écrivain présentant l’œuvre d’un jeune auteur est plutôt un jeune lecteur présentant l’œuvre d’un écrivain. Il s’agira donc moins ici de préface que de "témoignage".

Fils de l’auteur, j’ai trente ans au moment où j’écris ces lignes. Je viens de lire et relire le texte qui sera bientôt offert à l’attention des lecteurs qui auront le privilège d’avoir ce livre entre les mains. Mais il y a quinze ans déjà, qu’un soir du Jeudi Saint, dans le midi de la France, alors que je participais à un camp biblique de vacances, j’entendais ce même message, celui du même évangéliste, celui de l’Évangile en fait, la bonne nouvelle de la Grâce de Dieu en Jésus-Christ. Ce message devait me conduire, dans les heures qui suivirent, à ce choix qui donne son titre à cet ouvrage, et dont allait dépendre l’orientation future de ma vie personnelle: MÉDIOCRITÉ OU SAINTETÉ!

Témoigner de l’importance de ce livre, c’est pour moi dire à son futur lecteur qu’ayant découvert devant Dieu mon état de "médiocrité" et sa signification profonde, le "péché", c’est-à-dire ce qui m’empêchait de bénéficier de la communion avec mon Créateur, qu’ayant cru ce que Dieu disait de moi et de son Fils par Sa Parole, j’ai découvert "d’un même mouvement l’amour de son Cœur, l’efficacité et la totalité de son pardon". Témoigner de l’efficacité de la PAROLE prêchée et rappelée dans ce livre, c’est pour moi dire à celui qui en prendra connaissance, qu’elle a changé ma vie.

Les "saints"? Comme le souligne l’auteur en accord avec toute la révélation biblique, ils ne sont rien d’autre que ces pécheurs qui ont accepté la grâce de Dieu. Ils sont saints, oui, mais "par Celui qui habite en eux, par la Vie du Cep qui coule dans les sarments". Et ce Jésus qui disait à ses disciples, "Moi je suis le vrai cep et vous êtes les sarments", veut habiter chez tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants de cette terre. Encore faut-il qu’ayant rencontré Jésus-Christ, ils lui aient ouvert la porte de leur cœur, afin qu’Il fasse Sa demeure en eux. C’est ce que j’ai fait ce soir d’avril 1954, alors que le monde christianisé se préparait à se souvenir du Crucifié de Golgotha par qui tout fut, non seulement possible, mais déjà "accompli". C’était pour moi l’heure de Dieu. Si cet ouvrage, comme on dit d’ordinaire, "vient à son heure," eh bien, que ce soit pour vous lecteur, l’heure de Dieu, qui enfin sonne ou "re-sonne" dans votre vie.

* * *

Après avoir souligné l’importance de la notion de choix, d’un choix initial, mais aussi d’un choix qui se renouvelle quotidiennement, en l’illustrant par les choix de ces hommes de la Bible, qui se révèlent être à l’image de chacun de nos propres choix, l'auteur parle au cœur, sans artifice, se contentant de faire défiler devant nos yeux ces personnages qui meublent tant de souvenirs religieux et stérilement dévots, et qui, tout pleins de poussière, semblaient avoir perdu toute signification existentielle. Sous la plume combien inspirée et incisive de l’auteur, ils reprennent pourtant un relief saisissant et une actualité que j’oserais qualifier pour utiliser le jargon de mon métier, "d’opérationnelle" dans la "planification" de nos vies personnelles. Au delà des patriarches et des prophètes archétypes provisoires de Celui qui devait venir, culmine la divine personne du Christ.

Quel renouveau de ma conviction, à la lecture de ce livre, de la validité de ce jugement de l’auteur quant à la vanité des procédés artificiels "d’actualisation" de la Parole de Dieu! Actualisons-nous le verre poli de nos miroirs? Quelle que soit la forme ou la couleur de son cadre, la surface qui réfléchit la lumière reste la même, au fil de nos jours, au fil de nos heures. Ce miroir qu’est la Bible est toujours capable de nous convaincre, à tout âge, de la nécessité du salut de Dieu et de nous assurer que ce salut a été accompli en Jésus-Christ.

La lumière soudain a jailli dans les ténèbres. L’homme voit sa misère et, de la repentance à la foi en la justification acquise pour nous par le sacrifice du Christ, il est conduit sur le chemin de la sanctification, qui n’est autre que "la vie en Christ", vécue quotidiennement grâce à l’opération de l’Esprit de Dieu. Elle débouche, bien au-delà de l’esclavage, la stagnation, le mélange, la tristesse d’une "médiocrité" dominée par la dictature de notre MOI, sur la joie, l’unité, le progrès et la liberté d’une vie "sanctifiée" par la présence en elle du CHRIST-JÉSUS, Jésus de Nazareth. C’est Lui qui montrait il y a bientôt deux mille ans le chemin du salut, la CROIX, mais qui, l’ayant suivi à notre place, pouvait déjà, ressuscité d’entre les morts, donner à ceux qui avaient cru à la vertu salvatrice de son sacrifice, ce bien ineffable après lequel nous courons tous, la PAIX, non pas celle que le monde croit parfois pouvoir donner, promettre ou prédire, mais la Sienne, la Paix de Dieu, "qui surpasse toute intelligence", scellée une fois pour toutes pour tous les rachetés dans le sang de l’Agneau de Dieu, "qui ôte le péché du monde".

Toutes ces promesses qui parcourent ce livre rempli de la Parole de Dieu — et auxquelles renvoient d’opportunes références bibliques en notes infra-marginales — sont pour nous. "À nous de nous en emparer par la foi", nous dit l’auteur. En effet, le même Jésus qui disait dans son sermon sur la montagne: "Bienheureux les doux, car ils recevront la terre en héritage", devait dire un peu plus tard que ce sont les "violents" qui s’emparent du Royaume des Cieux. Peut-être faut-il se faire violence en effet pour ouvrir la porte de son cœur à Celui qui vous dit:

"Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. A celui qui vaincra je lui donnerai de prendre place auprès de moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai pris place auprès de mon Père sur son trône. Celui qui a des oreilles, qu’il écoute ce que l’Esprit dit aux Églises."
(Apocalypse 3.20-22)

Jésus ne force pas l’accès. Il frappe. Mais cette demande d’un accueil libre et personnel, Il me l’adressait le soir où j’entendais cette prédication intitulée "Médiocrité ou Sainteté", à moi fils de pasteur, ayant toujours cru être chrétien, mais qui n’en avais que l’inévitable habit tissé par le conditionnement familial et ecclésiastique, tout plein de déchirures et d’éclaboussures d’ailleurs.

Et, ce même message, le Christ glorifié le dit encore aujourd’hui à l’Église, quelle que soit son appellation — puisqu’à l’origine cette parole interpelait l’Église primitive de Laodicée, bien avant qu’interviennent les grands schismes et leurs prolongements actuels.

Ottawa, janvier 1971
Dr J.-B. Racine,
Professeur à l’Université d’Ottawa,
Département de Géographie.

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