Médiocrité ou sainteté

CONCLUSION — SUR LE CHEMIN QUI MÈNE À LA SAINTETÉ...

Le chemin de la sanctification est la seule voie qui donne à une âme la possibilité de vivre dans une véritable indépendance vis-à-vis du monde et de ses principes, 1 Corinthiens 2.15.

La loi de l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ trouve son expression visible en nous dans une obéissance sans contrainte, ni formalisme, à la volonté de Dieu, devenue le mobile de notre vie, Romains 8.15. Au sein d’un monde où tout passe et tout change, le croyant est transformé par un renouvellement intérieur quotidien qui produit en lui le fruit de l’Esprit. Été comme hiver, printemps comme automne, tel l’arbre de vie dans la cité de Dieu, le racheté du Seigneur rend son fruit tous les mois de l’année, Apocalypse 22.1-2.

Ce fruit de l’Esprit nous est présenté comme un tout harmonieux où les grâces infiniment variées de Dieu sont maintenues dans un équilibre parfait. L’apôtre Paul le décrit ainsi: "Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi il n’y a pas de loi qui soit contraire à cela", Galates 5.22. Dans cet épanouissement spirituel, sanctification et bonheur tendent à se confondre, Psaume 73.25-28.

Une telle vie intérieure a pour résultats les bonnes œuvres recommandées, tant dans l’Ancien Testament, Mic 6.8, que dans les Évangiles, Matthieu 7.21, les Épîtres, Jacques 2.26, et jusqu’aux dernières pages de l’Apocalypse, Apocalypse 21.7-8. Pour Jésus comme pour Paul ou Jacques, et Pierre ou Jean, les bonnes œuvres prouvent au monde incrédule la réalité et la vitalité de notre foi. C’est par nos œuvres que beaucoup d’ignorants et de contredisants seront amenés à croire. Les bonnes œuvres des fidèles sont comme les feuilles de l’arbre de vie. Elles ne servent pas à couvrir notre nudité, ni à masquer nos péchés. Elles sont là pour apporter aux nations la guérison de leurs maux, Apocalypse 22.2. Les œuvres faites en Dieu attirent l’attention des incrédules sur la source cachée où s’abreuve l’homme pieux, afin de pouvoir, même dans l’année de la sécheresse, être plein de sève et verdoyant, Psaume 1.3; Jer 17.8; Psaume 92.13-15.

Soulignons-le donc encore une fois: Loin de conduire les hommes au relâchement et à la licence, Romains 6.1, la justification par la foi nous amène à la sanctification manifestée par toutes sortes de bonnes œuvres accomplies par amour et non pour acquérir des mérites, Jean 14.15. Ces œuvres sont celles que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions, Eph 2.10. Elles signalent la présence de l’Esprit de Dieu dans un cœur, 1 Jean 3.24. Lumière dans le Seigneur, le croyant ne se glorifie pas de ses œuvres, mais agit devant les hommes afin qu’ils les voient et glorifient notre Père des cieux, Matthieu 5.16.

La sanctification procédant d’une communion permanente de vie avec Jésus, ne pourra être entretenue et alimentée qu’en demeurant en Christ, Jean 15.4, en revêtant le Christ, Romains 13.14 et en se nourrissant de Sa Parole et de Son Esprit, comme du vrai pain de vie, Jean 6.35,51,57.

Quand le Christ est devenu notre demeure, notre vêtement, notre aliment et notre breuvage, Dieu Lui-même prend plaisir à habiter en nous. Il aime orner Ses enfants de Ses propres parures. Il rassasie et désaltère toujours à nouveau l’âme qui a faim et soif de la présence de Son Fils bien-aimé.

La vigilance, la prière, la contemplation habituelle de Jésus-Christ et la méditation silencieuse de la Parole de Dieu sont alors les éléments indispensables à notre sanctification.

La vigilance

La vigilance est opposée au sommeil et à la légèreté, Marc 13.35-36. Discipline de l’âme contrôlée par le Saint- Esprit, la vigilance consiste à discerner les dangers qui menacent, au-dehors et au-dedans, notre vie tout entière. Pour les éviter ou les surmonter, nous disposons de toutes les armes de Dieu, Eph 6.13-18, cet équipement complet du bon soldat de Jésus-Christ, 2 Tim 2.2-4.

La vigilance s’exerce également en nous rendant sévères envers nous-mêmes, pour nous juger sans délai de tout ce qui peut déplaire à Dieu et contrister le Saint-Esprit en nous. Elle nous conduit à nous abstenir de toute apparence et de toute forme de mal, 1 Thessaloniciens 5.22, et nous éloigne de tout ce qui n’édifie pas, 1 Corinthiens 10.23.

Le croyant qui a compris cela n’éprouve plus le besoin de se justifier lui-même ou d’excuser sans cesse son comportement. Humble mais ferme, il reste inébranlable dans les situations les plus difficiles, 1 Pierre 5.10. En revanche, s’il s’est laissé surprendre par quelque faute, il s’humilie et confesse son péché à Celui qui peut le purifier incessamment, 1 Jean 1.8; 2.1-2; 3.3.

La prière permanente

L’homme qui prie sans cesse, 1 Thessaloniciens 5.17, se trouve dans un état d’âme où sa vie est entièrement ouverte à Dieu, son Refuge et sa force dans tous ses besoins, Psaume 46.2. La prière exprime à Dieu notre totale dépendance de Lui, Psaume 5.1-4. Les peines et les joies, les détresses et les délivrances, la maladie et la santé, le travail et le repos, les amis et les ennemis, l’abondance et la pauvreté, le rassasiement et la faim, les jeûnes et les repas, le sommeil et la veille, le chaud et le froid, la nudité et le vêtement, la vie et la mort, tout devient, pour le croyant, occasion de prière.

Mais prier, ce n’est pas donner des conseils ou des ordres à notre Dieu. C’est être simplement conscient que Dieu est là, qu’Il ne nous lâche pas, Heb 13.6. C’est, par l’Esprit, laisser le Christ prier en nous et nous maintenir à la hauteur de Son cœur en tout temps, à toute heure, en tout lieu. Nous connaissons alors l’exaucement "au Nom de Jésus", Jean 16.23.

Notons ici le rapport qui existe entre la prière et les actes. La prière a pour objet de nous obtenir la force d’accomplir des actes. C’est par un acte fondamental entre tous, l’union de notre volonté à celle de Dieu, que nous sommes faits semblables à Jésus et assurés que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ nous sera largement accordée, 2 Pierre 1.8-11.

La contemplation habituelle de Jésus-Christ

Ce qui importe le plus dans la course chrétienne, c’est d’avoir toujours devant les yeux la personne de Jésus-Christ, Heb 12.1-2. Nous avons en Lui, vrai homme et vrai Dieu, le parfait Modèle et la toute-puissance pour vivre de Sa vie. Quand notre regard est fixé sur Lui, Heb 2.9, notre œil est en bon état, et telle une lampe, il éclaire notre corps tout entier, Matthieu 6.22-23. Notre cœur, notre intelligence, notre volonté, tout s’illumine au contact du Seigneur et nous sommes remplis de Sa lumière et du fruit de la lumière qui consiste en toute bonté, justice et vérité, éprouvant ce qui est agréable au Seigneur, Eph 5.8-10.

Ce Jésus que nous contemplons par la foi, n’est pas un produit de notre imagination pieuse, ni le Jésus revu et corrigé par certains théologiens des temps modernes. C’est le Christ de la Révélation, le Fils de Dieu vivant que confessait l’apôtre Pierre, Matthieu 16.16. C’est Celui dont nous connaissons la grâce, 2 Corinthiens 8.9, alors qu’Il allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable; car Dieu était avec Lui, Actes 10.38. Il dissipe en nous tout mal par son regard, Proverbes 20.8, et transforme à Son image, toujours plus glorieuse ceux qui, le visage découvert, réfléchissent comme dans un miroir la gloire du Seigneur, 2 Corinthiens 3:18. Citoyens des cieux, c’est de là que nous attendons ardemment, comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps de misère et le rendra conforme à son corps de gloire, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses, Philippiens 3.20-21.

Pour l’instant, nous voyons encore comme dans un miroir, obscurément, mais alors nous verrons face à face, 1 Corinthiens 13.12. La course sera terminée, le travail de la sanctification achevé, et notre salut consommé, 1 Pierre 1.6-9.

Toutefois, ne nous y trompons pas. Jusqu’à ce que Jésus revienne, notre sanctification n’est jamais achevée. Personne n’a atteint la perfection, ni dans la foi, ni dans la connaissance, ni dans la charité, 1 Corinthiens 8.2; Eph 4.13; Philippiens 3.12-14.

La méditation personnelle de la parole de Dieu

C’est pourquoi nous n’insisterons jamais assez sur l’importance qu’a la lecture de la Parole de Dieu dans notre sanctification quotidienne, Jean 17.17. Méditons sur tout ce que Dieu a jugé utile de nous révéler dans les Écritures, Psaume 119.147-148. Croyons que tous ces textes nous concernent et doivent servir à notre instruction, Romains 15.4; 1 Corinthiens 10.11. Jésus affirmait aux Juifs que toutes les Écritures rendaient témoignage de Lui, Jean 5.39. Le jour de sa résurrection, Il expliquait aux disciples allant à Emmaüs toutes les choses qui le regardaient dans la loi de Moïse, les Psaumes et les Prophètes, Luc 24.27,44. À Timothée, ce serviteur fidèle qui, dès son enfance, connaissait les Saintes Lettres, 2 Tim 3.14-17, l’apôtre Paul demandait expressément de s’attacher à la lecture, à l’exhortation et à l’enseignement, 1 Tim 4.13.

Grâce à cette connaissance toujours nouvelle des Écritures, nous serons gardés de tomber dans la présomption. Nous aurons toujours en mémoire l’enseignement de Jésus invitant Ses disciples à demander le pardon de leurs offenses, Matthieu 6.12. L’Apôtre Jean, tout en affirmant que celui qui est né de Dieu ne pèche pas, 1 Jean 5.18, souligne pourtant que le croyant pèche encore et à besoin d’un Avocat auprès du Père, 1 Jean 1.8. Jacques, de son côté déclare clairement que nous manquons tous d’une manière ou d’une autre, Jacques 3.2.

Et si Dieu a trouvé bon de nous faire connaître les manquements de ses serviteurs: Le mensonge d’Abraham, la gourmandise d’Isaac, les tromperies de Jacob, l’incrédulité de Moïse et d’Aaron, le crime de David, les passions de Salomon, ou le manque de discernement spirituel, le reniement et la dissimulation de Pierre; c’est pour nous montrer que les plus grandes grâces reçues et les plus belles expériences spirituelles ne sauraient nous mettre à l’abri de la chute et des tentations, 1 Corinthiens 10.12. La chair ne s’améliore pas et, jusqu’au bout, nous devrons porter sur nous-mêmes le jugement du Dieu trois fois saint.

Une tâche urgente

Avant de conclure, et à l’heure où la Bible entre d’une façon nouvelle dans une multitude de foyers, il n’est peut-être pas inutile de rappeler ce que Paul Claudel écrivait dans les dernières années de sa vie, au sujet de l’Ancien Testament:

"Il faut rendre l’Ancien Testament au peuple chrétien. Il n’y a pas d’œuvre plus nécessaire et plus urgente. Il faut rendre au peuple chrétien cette moitié de son héritage dont on essaie de le dépouiller, cette Terre promise toujours ruisselante du même lait et du même miel dont on essaie de l’expulser, et qui lui appartient. Il faut rendre au peuple chrétien pour son usage ce grand édifice, débarrassé de tout cet appareil pseudo-scientifique de conjecture arbitraire et d’hypothèses frivoles qui ne sert qu’à décourager, à déconcerter, à rebuter les fidèles; à les assourdir tellement qu’ils n’entendent plus au milieu du ridicule caquet des scribes incapables d’aboutir à quoi que ce soit d’articulé et de positif, le grand cri des prophètes Sitientes, venite ad aquas! (Vous tous qui avez soif, venez aux eaux!) Il faut leur montrer dans cette œuvre magnifique de l’Esprit Saint, de la Sagesse de Dieu, non pas un amas confus de matériaux hétéroclites à demi-dévorés par le temps, mais un monument superbe sur lequel les siècles n’ont eu aucune prise et qui s’offre encore à nous, intact et vierge, dans sa composition sublime et profonde, dans sa signification originelle, dans l’invitation qu’il adresse, aussi puissante aujourd’hui qu’autrefois, à notre cœur, à notre intelligence, à notre imagination, à notre sensibilité, à tous nos besoins d’amour et de beauté...

...Quel bonheur d’avoir recouvré notre bien! Quel bonheur d’admirer à cœur libre, à cœur ouvert, notre Dieu, notre Créateur, qui n’est pas moins, qui est infiniment davantage, dans cette Parole vivifiante à nous distinctement adressée, qu’il ne l’est dans la radieuse confusion de la nature! Nourrissons-nous de cette histoire qui a un sens, de cette suite d’événements conduits par Dieu pour notre enseignement et pour la révélation de Ses infinies, de Ses ingénieuses miséricordes. Dieu n’est plus cette froide entité des philosophes. Il est quelqu’un. Moïse, David, nous le montrent tel qu’Il est, tel qu’Il vit sa vie, tel que nous avons bien le droit de le voir puisqu’on nous dit que nous sommes faits à Son image: Les savants nous expliqueront ça comme ils voudront.

"Mais quelle joie, quelle émotion de voir vivre là- haut notre Père, débordant de paternité à notre égard, tendresse, compassion, tous les sentiments qu’il faut, la colère même! Oui, nous aimons cette colère, cette sainte colère, nous aimons qu’on nous prenne au sérieux dans nos transgressions comme dans nos essais de bien faire. Et tous ces imbéciles qui nous parlent d’un Dieu féroce! Un Dieu jaloux, oui, tant que vous voudrez! C’est comme ça que nous l’aimons.

"Jetons-nous sans crainte, la tête la première, dans cet océan d’amour et de beauté, l’Ancien Testament, où tant de saints, tant de génies, on trouvé un aliment inépuisable. Refaisons connaissance, dans leur réalité vivante et typique, avec ces personnages vraiment surhumains, je veux dire chez qui une humanité intégrale est tout entière transfigurée par la signification authentique, Abraham, Jacob, Joseph, Moïse, Job, Samuel, David. Ce ne sont point des héros de roman et de théâtre. Nous pouvons les prendre dans nos bras. Ce sont nos frères et nos sœurs, mais des frères, des sœurs tout pleins de Dieu, tout débordants de la volonté du Très-Haut. Lisons l’Écriture Sainte, mais lisons-la comme la lisaient les Père qui nous ont montré que c’était la meilleure manière d’en profiter, lisons-la à genoux! Lisons-la non pas avec des intentions de critique, avec cette sotte curiosité qui ne va qu’à la vanité, mais avec la passion d’un cœur affamé! On nous a dit que la vie est là, que la lumière est là, pourquoi n’essaierions-nous pas un petit peu par nous- mêmes de savoir le goût que ça peut avoir?...", Paul Claudel: J'aime la Bible, Paris, Arthème Fayard, 1955, Pages 41-43.

* * *

DEVANT LE CHOIX

Au terme de cette lecture, irons-nous jusqu’au bout?

Finissons-en de nous décourager de notre médiocrité et de nous exalter de nos petites réussites, mais posons-nous la question: Sera-ce Lui ou Moi?

L’heure est grave. Que ferons-nous de ce message? Il est temps de choisir. Dieu parle une fois, deux fois — et l’on n’y prend pas garde... Job 33.14.

Pourtant, aujourd’hui, une voix retentit encore; que celui qui est injuste soit encore injuste; que celui qui est souillé se souille encore; que celui qui est juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore! "Voici, je viens bientôt, et j’apporterai avec moi la rétribution: Je rendrai à chacun selon son œuvre", Apocalypse 22.11-12.

"Vous aussi, tenez-vous prêts; car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas", Luc 12.40.

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