Opinions ou convictions ? La foi

4. L’OBJET DE LA FOI

L’Objet de la foi n’est pas l’existence de Dieu proprement dite, que les insensés sont seuls à nier (Psaume 14.1; 53.1), mais la réalité de Dieu dans Ses témoignages, la fidélité de Ses promesses, la certitude de Sa Parole. Il est évident qu’on ne peut croire une personne que si on est certain auparavant que cette personne existe.

Au moyen âge spécialement, plusieurs théologiens et en particulier saint Thomas d’Aquin, ont cru pouvoir établir diverses preuves de Dieu. Ils avaient oublié, semble-t-il, que le chrétien et l’Église n’ont pas à démontrer la vérité, mais à la confesser.

Les savantes démonstrations thomistes ou autres qui concluent à l’existence d’un Dieu saint et bon, sage et tout-puissant ne sauraient amener l’intelligence naturelle à une conviction ferme au sujet de Dieu; car en regardant autour de nous, nous demandons: Où est la sainteté de Dieu? Nous voyons l’impiété et l’hypocrisie tolérées. Et Son amour? Il y a tant de misères! Et Sa sagesse? Le désordre envahit Son œuvre! Et la Toute-puissance de Dieu? Il ne semble pas faire respecter Ses lois.

Ceci explique qu’il ne suffit pas de montrer que Dieu est, ce qu’Il est, pour satisfaire notre entendement obscurci et rebelle. L’homme ne peut pas parvenir à la connaissance de Dieu par le travail de sa raison. L’homme connaît Dieu et est assuré de son existence par une expérience vivante. La certitude de Son existence ne repose pas sur un échafaudage philosophique, mais sur le fait que Dieu s’est approché de nous, est venu à nous et nous a saisis. L’homme ne s’élève pas à Dieu, mais Dieu dans Sa grâce est venu vers nous (Jean 3.13; 1.14). Le croyant est assuré de l’existence de Dieu, parce qu’Il en a éprouvé la réalité dans sa vie, et non parce qu’il peut en donner des preuves scientifiques. Ces preuves existent pour lui, mais il évite les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science dont quelques-uns font profession (1Tim 6.20-21).

Le croyant témoigne de l’existence de Dieu dans ce monde, et son témoignage vivant a plus de force et de poids que toutes les preuves raisonnées.

Si tu peux être assuré que Dieu existe, toi qui te heurtes à des difficultés intellectuelles dans la recherche de la vérité, ne te dérobe pas plus longtemps à la main de Dieu, qui te cherche et qui veut te saisir, (Esa 50.2). Abandonne tes vaines et stériles recherches dont la poussière t’obscurcit la vue, désire rencontrer Dieu, et soudain tu verras Dieu devant toi, et en Lui tu te découvriras toi-même.

Alors seulement, saisi et subjugué par Dieu, dans cette création qui soupire (Romains 8.22), dans la nature qui t’offrait tant de choses contradictoires, tu discerneras avec force la puissance éternelle et la divinité du Créateur (Romains 1.20). Le muet langage de l’étendue des cieux parviendra à ton cœur (Psaume 19.1-3). La voix de ta conscience sortant d’un long sommeil te rappellera ton origine en te montrant tes erreurs (Psaume 19.12).

L’existence de Dieu n’est donc pas un objet de recherche, un sentiment vague, une idée obscure, mais un fait indépendant de nos circonstances bonnes ou mauvaises. Les événements fâcheux qui atteignent ce monde, les épreuves pénibles rencontrées sur notre route, nos souffrances actuelles ne sauraient la mettre en doute, pas plus que l’insuffisance des preuves scientifiquement développées. Les paroles de l’Écriture accusent les païens, non pas d’avoir négligé les études pour parvenir à la connaissance de Dieu, mais d’avoir méconnu la vérité divine qui se découvre manifestement à tous dans la création (Romains 1.18). La négation de Dieu est donc une offense à la nature et une offense à la raison.

À vrai dire les libre penseurs, les positivistes, les matérialistes, les rationalistes renient la foi, non parce qu’ils ne peuvent pas croire, mais parce qu’ils ne veulent pas croire. L’orgueil des uns ne peut tolérer la suprématie d’un Être divin, auquel ils auraient à rendre compte de leur conduite. Le désespoir, le dépit, la révolte des autres qui ont vu les plans chéris de leurs cœurs bouleversés les conduisent à rejeter l’idée d’un Dieu juste et puissant. Si cet Être existait, n’aurait-Il pas dû, en bon et puissant esclave, réaliser tous leurs projets? D’autres encore, voulant assouvir les inclinations mauvaises de leurs cœurs, excluent la pensée gênante d’un Dieu saint. Ces derniers malheureux ne sont cependant pas très dangereux pour la foi chrétienne. Les grands ennemis de la foi sont bien plutôt ceux qui font de leur esprit leur dieu, de leur raison leur unique sagesse. Tout en s’appelant peut-être comme Nietzsche: "Nous autres immoralistes", "Nous autres sans patrie", ils ne sont pas nécessairement de grands jouisseurs, ils ne vivent pas toujours dans les péchés grossiers. Peut-être sont-ils, comme Nietzsche et tant de grands révoltés, des chastes, des hommes dont la vie privée semble irréprochable. Ce sont "des purs" selon le monde, mais certainement pas "des purs" selon Dieu (Matthieu 5.8). Leurs pensées, leurs paroles, leurs écrits sont des blasphèmes. On ne leur connaît pas selon le monde de "grands péchés", mais pourtant ils vivent dans "le péché", car la pureté selon Dieu c’est "l’obéissance à la vérité" (1 Pierre 1.22). S’ils renient et nient Dieu, si avec Renan ils s’écrient: "Notre Père le Néant", c’est pour mieux croire en eux-mêmes et s’adorer eux-mêmes. Ce péché-là, c’est l’arbre mauvais. Tous les autres péchés ne sont que les fruits de cet arbre maudit (Romains 5).

Cet orgueil de l’esprit humain qui, à l’instar de Satan (Esaïe 14.13), veut supplanter Dieu, engendre tous les péchés. Il est la cause de la guerre et de tous les maux. Le péché de certains intellectuels, s’en rendent-ils compte, encourage les péchés des classes ignorantes. Après avoir sapé au nom de la raison toutes bases religieuses, ou simplement après avoir jeté le doute sur les valeurs les plus sacrées, il ne faut pas s’étonner que tout chancelle, "On ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi", (Galates 6.7).

Vous qui êtes si édifiés par l’exemple d’athées et d’incrédules de votre connaissance, souvenez-vous que le péché, c’est s’opposer à la volonté de Dieu, c’est détrôner Dieu.

Ne nous laissons pas illusionner par de belles apparences ou entraîner par les divagations de notre esprit, mais souvenons-nous de notre Créateur pendant qu’il en est temps encore! (Ec 12.1). Réconcilions-nous avec Lui (Job 22.21), avant que le Dieu vivant ne nous amène en jugement devant Lui (Ec 11.9).

Notre destination est de glorifier Dieu; si nous y manquons, nous nous rapprochons de la bête.

Si nous sommes troublés par le problème du mal, du péché, de la souffrance, des injustices; si nous estimons Dieu injuste ou impuissant, réalisons ce que nous sommes: Fils de la poussière, atome dans l’espace, éclair dans le temps, et nous constaterons combien nos doutes sont misérables.

Qui sommes-nous pour analyser Dieu, le peser dans notre balance, le soumettre à nos appréciations humaines et à nos critiques insensées? La chose formée, dira-t-elle à Celui qui l’a formée: "Pourquoi m’as-tu ainsi faite"? (Romains 9.20). Si nous pouvions sonder tous les problèmes, nous ne serions plus créatures, mais Dieu Lui-même. Apprenons à Le connaître et à nous connaître, et nous constaterons que le péché et l’injustice sont en nous et non en Dieu. Le rejet de Christ, le Saint et le Juste, rejet qui se perpétue au travers des âges, n’est-il pas une preuve de l’injustice de l’homme et de son état de péché?

N’est-ce pas notre orgueil, notre vanité qui nous aveuglent? Acceptons les réponses de la foi et nous comprendrons! Ce sont nos dieux profanes ou religieux, que nous nous sommes choisis nous-mêmes, qui sont injustes et qui nous ont trompés. Ce sont eux qu’il nous faut rejeter pour revenir au vrai Dieu que nous avons méconnu et abandonné. La chrétienté est retournée au paganisme. Sous un vernis de christianisme, elle s’est créé une nouvelle mythologie. C’est là son péché et sa ruine.

En revenant à Dieu, en nous inclinant devant Lui, nous serons sauvés. Dans la reconnaissance de Sa souveraineté absolue et dans l’humble confession de notre dépendance, nous trouverons l’apaisement. Nous pourrons comprendre que "Ses pensées ne sont pas nos pensées" (Esaïe 55.8). Nous pourrons admettre que le Dieu Créateur peut avoir des pensées et des vues qui nous dépassent et que nous ne saisissons pas.

Après ces considérations que nous jugions nécessaires pour la bonne compréhension de notre sujet, nous disons donc que l’Objet direct de la foi n’est pas l’existence de Dieu, mais Dieu Lui-même, tel qu’Il se révèle en Jésus-Christ (Jean 17.3), et dont l’Écriture sainte rend témoignage (Jean 5.39). L’Objet de la foi comprend donc toutes les vérités révélées par Dieu et qui se trouvent réunies en une seule personne, Jésus (Eph 4.21), le Saint et le Véritable (Apocalypse 3.7). Christ est l’objet immuable de la foi, mais on ne peut et on ne doit pas séparer les vérités bibliques de Sa personne adorable.

Parce que nous ne connaissons encore qu’en partie (1 Corinthiens 13.12), il peut exister des différences d’interprétation de détail. Par contre un homme qui dit avoir la foi et qui nie certaines vérités scripturaires, telles que la préexistence éternelle du Christ, Sa divinité, les miracles, la résurrection, ou qui spiritualise des vérités clairement établies, ne possède qu’une foi vaine, hypocrite et morte, (1 Corinthiens 15.14; Matthieu 15.7-9; Jacques 2.26). Ce n’est pas la foi, mais l’incrédulité qui se promène sous le manteau de la foi, (Jacques 2.14).

D’autre part, si la foi se détourne de son objet unique, qui renferme toute la Révélation, pour se porter sur des traditions humaines même les plus antiques et les plus dignes de respect (Colossiens 2.23), ou sur des conceptions scientifiques même les plus plausibles (Colossiens 2.8), elle perd par là-même son caractère essentiel, en cessant d’être exclusivement religieuse.

En terminant ce chapitre, je résumerai ce que nous devons croire selon les Écritures pour être sauvés:

Pour avoir la vie éternelle, nous devons croire du cœur que Jésus-Christ venu en chair est le Fils unique et éternel de Dieu, (Jean 3.16 ; 1 Jean 4.2). Cette foi n’est pas intellectuelle, elle n’est pas une opinion théologique, mais une assurance, une conviction qui nous conduit à des actes, nous amenant à nous confier en Lui et à soumettre toute notre vie à Son contrôle (Galates 2.20).

Nous devons croire à l’Évangile (Romains 1.16; 1 Corinthiens 15.1-4). Cet évangile, par lequel nous sommes sauvés, nous annonce que Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été enseveli, et qu’Il a été ressuscité le troisième jour selon les Écritures (1 Corinthiens 15.1-4). Croire à l’Évangile implique la reconnaissance de Jésus comme Sauveur et Seigneur de tout notre être (1 Corinthiens 6.19-20).

Pour être sauvés nous devons confesser de notre bouche Jésus comme Seigneur et croire dans notre cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, (Romains 10.9). Cela comporte la foi en Sa divinité, car si à nos yeux Jésus est né selon la chair de la semence de David, Il a été déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de Sainteté, par la résurrection d’entre les morts (Romains 1.4). La résurrection de Christ, démonstration de Sa divinité, devient le fondement de notre foi en Sa mort expiatoire. Notre foi en l’œuvre rédemptrice de Christ trouve dans la résurrection du Seigneur le sceau de Dieu sur la vie de Jésus et sur Son sacrifice et Son approbation de cette vie et de ce sacrifice (Romains 4.25). Christ étant ressuscité, nous sommes conduits à croire à Son élévation dans la gloire (Eph 1.20), à Son intercession actuelle pour nous et à Sa puissance pour nous délivrer du péché (Heb 7.5).

Pour être sauvés, nous devons croire que Jésus peut et veut nous pardonner nos péchés (Luc 7.36-50). En croyant cela, nous reconnaissons et nous confessons que Jésus-Christ est Dieu, car un seul peut pardonner les péchés: Dieu (Marc 2.7).

"Crois au Seigneur Jésus, disait Paul au geôlier de Philippe, et tu seras sauvé" (Actes 16.31). De cette affirmation et de cette circonstance, il ressort clairement que l’Objet de la foi c’est Christ, une personne, et non un certain nombre de vérités. Mais en croyant en cette personne et en étant ensuite enseigné dans Sa Parole, on recevra également toutes les vérités qui se rattachent à notre Sauveur, avec lequel elles formeront bientôt pour nous une seule réalité vivante.

La foi qui sauve est donc autre chose qu’une adhésion intellectuelle aux vérités révélées dans la Bible, et bien plus qu’une simple confiance dans la parole d’un homme. La confiance est cependant d’une importance extrême comme point de départ de la foi. Mais le Parole révélée, objet de cette confiance, ne doit servir qu’à nous amener à la vérité divine qu’Elle renferme, à nous introduire auprès de la personne vivante de qui l’Écriture émane. La foi est plus que l’appropriation de certaines promesses. Elle nous fait vivre en relations intimes avec Dieu Lui- même, connu comme Père, et avec Son Fils bien-aimé connu comme Sauveur, Ami et Maître de notre vie.

"Il n’y a de salut en aucun autre; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés" (Actes 4.12).

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