Révolté...? Résigné...? Vainqueur...?

Chapitre III

LES VAINQUEURS OU L'ACCEPTATION JOYEUSE

Par une nuit obscure, un homme chargé d'angoisses et de soucis lutte seul avec Dieu. Mais il ne sait pas qu'il combat contre Dieu, et jusqu'au lever de l'aurore, il s'épuisera dans une lutte inégale. Soudain, au moment même où sa hanche étant luxée, il chancelle, vaincu, les premières lueurs de l'aube lui révèlent le vrai visage de Celui qu'il a pris pour un ennemi. En un instant, il comprend son erreur et, brisé, à bout de force et de ressource il se jette en pleurant dans les bras de Celui qu'il combattait. Maintenant il s'accroche à Lui, s'abandonne sans réserve et implore Sa bénédiction. Et tandis que le soleil se lève, en même temps que Jacob reçoit un nouveau nom, Israël (Vainqueur de Dieu) une vie nouvelle commence pour lui. Que s'est-il passé ? Jacob l'explique en appelant le lieu de son combat « Peniel (Face de Dieu) », car, dit-il : « j'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée! »

Que d'hommes, que de femmes, ressemblent à Jacob ! (Genèse 32) Quand donc l'aurore se lèvera-t-elle pour eux, leur faisant connaître le doux visage de Celui dont le bras les arrête, dont la main les frappe afin de les bénir et transformer leur vie ? Alors ils appelleront aussi leur lit de souffrance ou leur chambre de malade « Peniel », un lieu duquel ils pourront dire : « Là, j'ai rencontré Dieu et j'ai vu Sa face ! ».

Dans une nacelle battue par les vagues, une poignée d'hommes se tourmentent à ramer, car le vent est contraire. Soudain, dans la nuit, marchant sur la mer écumante, telle un fantôme, une forme humaine s'approche de leur esquif, mettant l'effroi dans le cœur des rameurs. Dans la tempête hagarde, les disciples n'ont pas reconnu Jésus, leur Sauveur merveilleux qui vient à leur secours. L'épouvante les saisit et leur arrache des cris d'angoisse. Mais aussitôt, majestueuse, la voix aux intonations si chaudes du Maître des éléments, rassure les cœur craintifs : « Ayez bon courage, c'est Moi, n'ayez point de peur ! » Puis, Jésus monte vers eux dans la nacelle, et le vent tombe (Marc 6.47-51).

Semblables aux disciples luttant contre le vent contraire, prenant Christ pour un fantôme plutôt que pour leur délivrance, des milliers d'affligés s'épuisent sur la mer agitée de la vie ! Quand comprendront-ils que le règne de la peur cesse dans les âmes avec la domination du Christ, et que le vent contraire tombe dès qu'on laisse entrer Jésus dans son cœur ?

« Quand la maladie nous enserre, on ne pourra jamais assez se redire que c'est dans l'acceptation de cette vie bouleversée que sera notre salut physique, moral et spirituel (Madeleine CHASLES : Le temps de la patience...) ».

Cependant, si « accepter » est un grand et beau mot, il faut pour qu'il devienne une réalité dans une vie qu'un motif plus puissant que la douleur, l'isolement, l'inquiétude, les privations nombreuses qui vont de pair avec la maladie, étreigne notre cœur, sinon l'acceptation ne sera qu'une sorte de résignation supérieure.

Pour parvenir à l'acceptation joyeuse, comme nous l'ont illustré les deux récits ci-dessus, deux choses sont absolument nécessaires :

1° Reconnaître la main de Dieu dans toutes nos circonstances.

2° Recevoir Christ, Sauveur vivant qui nous apporte sa divine sécurité pour le reste de la course et nous fait envisager toutes choses sous l'angle de l'éternité, nous abreuvant au cœur même de Dieu, source intarissable de toutes béatitudes.

Même si ces deux conditions sont remplies, cela ne veut pas dire qu'au jour où l'épreuve nous frappera, on atteindra de suite la vie de plénitude à laquelle Dieu nous appelle dès ici-bas, cette vie de paix dans la souffrance, de joie dans la tristesse, de contentement dans les renoncements, cette vie qui vaut mille prédications et d'où s'exhale le parfum même du Christ.

Et pourquoi ? — Parce que nos expériences les plus précieuses, notre compréhension et nos progrès spirituels s'opèrent plus souvent dans le creuset de l'affliction que dans les jours faciles et doux. Il ne devrait pas en être ainsi. Souvenons-nous donc sans cesse que plus nos relations avec Dieu seront intimes et constantes, plus nous serons capables de glorifier Dieu dans les débuts mêmes de nos tribulations.

« Soyez toujours joyeux !... En toutes choses rendez grâces ! »

Ainsi parle l'Écriture sainte !

Est-il possible de réaliser de telles exhortations dans un monde où le temps et les circonstances nous atteignent tous ?

Pour l'homme naturel cela est inconcevable, mais pour Dieu toutes choses sont possibles et deviennent possibles à celui qui croit !

Cependant celui qui atteint cet état de repos de la foi constatera toujours qu'il s'y trouve par pure grâce et parce qu'il connaît l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance !

Le croyant ne parvient à ce degré spirituel et ne s'y maintient que par une connaissance toujours plus complète de soi-même et de tout ce que Dieu est pour lui en Christ.

Pour cela, il revient sans cesse à la Croix du Calvaire où mourut son Sauveur. Là, il découvre la ruine totale de sa nature et perd toutes ses prétentions. Golgotha lui révèle la mesure de l'inimitié de l'homme contre Dieu. Pourtant, sur cette colline sanglante, Il peut mesurer autre chose que sa profonde misère. La croix le place en face d'un amour insondable, celui de Dieu donnant Son Fils unique pour le salut éternel de son âme. Dans la contemplation du divin crucifié mourant pour des impies, il trouve la preuve irréfutable de l'amour de Dieu pour ses créatures. Dès lors, il connaît la grâce et sait que pour lui, tout est grâce.

Plus il pense à ces choses, plus il devient conscient de son entière dépendance de Dieu.

La surabondante grâce de Dieu lui apparaît comme un océan sans rivage. Ce n'est plus dans la seule question du salut de son âme qu'il la voit en activité, mais dans tous les détails de sa vie. Jusqu'à hier, il trouvait tout naturel de jouir d'une bonne santé. Ne faisant pas d'excès, il s'en attribuait secrètement le mérite. Vivre au milieu des siens, être nourri et vêtu, posséder quelques biens, tout-cela était à ses yeux le fruit légitime de son labeur. Et si pourtant dans sa prospérité, il s'est souvenu de Dieu pour le bénir, sa reconnaissance venait davantage de traditions pieuses que d'une conviction personnelle. — Aujourd'hui, la grande vérité proclamée par Job dans son dépouillement pénètre son cœur : « Nu, je suis sorti du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. » Devant cette froide réalité qui faisait dire plus tard à Paul : « Nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter », il saisit à quel point tout est grâce pour l'homme, si bien qu'il considère sa vie sous un angle tout nouveau. Rien ne lui appartient en propre ; ce qu'il possède, il l'a reçu de Dieu, et doit être prêt par conséquent à rendre à tout moment et sans murmure ce que Dieu, pour un temps, a bien voulu lui confier. Si dans le domaine de la vie courante, il sait restituer avec gratitude un objet emprunté, à l'instar de Job, il pourra désormais rendre à Dieu Ses dons avec actions de grâces, faisant sien le mot sublime du patriarche : « L'Éternel a donné, et l'Éternel a ôté ; que le nom de l'Éternel soit béni ! »

Mais dans le chemin de la vérité, le Saint-Esprit le conduira plus loin encore. Non seulement l'homme apprendra que rien ici-bas n'est à lui, mais il reconnaîtra que les disciples du Christ ne s'appartiennent point à eux-mêmes, et ne peuvent plus « vivre pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux ».

Tandis que la seigneurie du Christ s'établit peu à peu sur sa vie tout entière, la Bible dont il se nourrit lui devient toujours plus chère. Plus il s'approprie les promesses de ce livre, plus il constate chaque jour leur merveilleux accomplissement. Il connaît « le don de Dieu » et a bu aux eaux vives de la grâce qui deviennent en lui une fontaine jaillissante. Il découvre alors que le salut n'est pas une chose offerte en vue du jour de la mort, une assurance contre le jugement et l'enfer, mais une relation actuelle avec Dieu, une vie qui n'est autre que celle de Christ manifestée dans notre chair mortelle. Le salut, c'est l'entrée puissante d'une personne en nous. C'est « la vie en abondance » promise par Jésus à ses brebis, la vie où l'on découvre chaque jour davantage « les richesses insondables du Christ ».

Alors une seule passion vient dominer son âme, une seule vision remplit ses yeux, une seule pensée occupe son cœur, et parce qu'il fait l'expérience de la chose, avec Paul il peut s'écrier : « Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées à cause de Christ comme étant une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les estime comme des ordures, afin de gagner Christ... pour le connaître, Lui et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances... » (Philippiens 3.7-10)

A nouveau il est au pied de la Croix du Calvaire qui par le Saint-Esprit, lui révèle son message libérateur. Il comprend que là, il trouve en Christ bien plus qu'un glorieux substitut, mais son représentant devant Dieu. Sur cette croix, selon le témoignage même de la Parole de Dieu, par la foi, il se voit identifié à son Sauveur crucifié, mort avec lui au péché, à la loi, à ce monde. Mais Christ étant ressuscité, par la foi, il se voit aussi ressuscité avec Lui (Romains 6). La mort de Christ à la croix est donc pour lui la fin d'une vie de souillure, d'esclavage, de convoitise, d'infructueux efforts, et la résurrection du Christ, le commencement d'une vie nouvelle portant du fruit pour Dieu en Jésus-Christ. Soudain il comprend le secret de la vie de saint Paul et il laisse l'Esprit saint graver à jamais ces paroles dans son cœur : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi ! » (Galates 2.20)

Oh ! quelle révélation ! Le langage de Paul qu'il trouvait si abstrait devient maintenant pour lui si concret ! Il a découvert la richesse glorieuse de ce petit mot en si souvent employé dans les épîtres de l'apôtre. Désormais, il sait qu'il est, aux yeux de Dieu, « un homme en Christ » (2 Corinthiens 12.2). Christ est sa vie et la sphère dans laquelle il vit tout en étant encore dans le monde. Il demeure en Christ et Christ demeure en lui. Telle est la glorieuse réalité qu'apporte la foi dans une vie.

Vie de foi ! Unique secret de la victoire, source de paix, de joie et de repos.

Vie de foi en un Dieu connu en Jésus-Christ comme un Père plein d'amour, siégeant sur le trône de la grâce, « duquel nous nous approchons avec confiance pour recevoir miséricorde et trouver grâce pour être secourus au moment opportun ».

Vie de foi en un Sauveur parfait en qui nous avons obtenu une rédemption éternelle et qui dans le ciel même nous représente devant Dieu intercédant pour nous.

Vie de foi en un Seigneur qui dirige nos vies sur la terre par le Saint-Esprit qu'Il nous a donné, hôte divin qui a fait sa demeure en nous au point que nos corps en sont le temple.

Vie de foi en la vivante et permanente Parole de Dieu qui nous affirme que « toutes choses travaillent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu ! »

Seules, la connaissance intime et personnelle du Dieu et Père, de notre Seigneur Jésus-Christ et la foi en Ses promesses peuvent amener un homme à accepter les maux comme les biens, sans que sa paix soit troublée et sa joie ôtée. Alors, avec Paul il peut dire : « J'ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve (Philippiens 4.11) ».

« J'ai appris ! » Amis malades, ne vous découragez pas. Même un grand apôtre a dû apprendre l'acceptation joyeuse.

Mais écoutons à travers les siècles du christianisme et jusqu'à nos jours les accents puissants du cantique que les malades vainqueurs se sont appropriés :

« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Celui même qui n'a pas épargné Son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi de toutes choses avec Lui ? Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? C'est Dieu qui justifie ; qui est Celui qui condamne ? C'est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ; qui est-ce qui nous séparera de l'amour de Christ ? Tribulation ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée ?... Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Romains 8.31-32).

Peut-on connaître dans un langage humain quelque chose d'aussi beau ? Quelle que soit l'issue de sa maladie, celui qui fera siennes les paroles inspirées de cette hymne sera vainqueur.

Il se souviendra que sa maladie fait partie de ces « toutes choses » qui travaillent pour son bien ! Il verra même dans son épreuve un exaucement inattendu d'un soupir que lui arrachait parfois son activité débordante : « oh ! qu'un temps passé à l'écart me serait profitable ! » Par cette maladie, Dieu ne lui donne-t-il pas ce temps qu'il n'aurait jamais su prendre si la main de Dieu ne l'avait pas touché ? A quoi bon gaspiller de précieuses journées à ronger son frein ! La vie est brève, l'épreuve mesurée. Pour ne pas perdre le bénéfice de l'affliction, il mettra à profit le temps qui lui est accordé pour mieux connaître le plan de Dieu et Ses pensées à son égard afin d'être mieux à même de le glorifier dans sa vie. Dès lors la maladie ne le dominera plus. Il la dominera et elle le servira. Elle deviendra même pour lui un tel enrichissement qu'il pourra dire plus tard : « Avant que je fusse affligé, j'errais ; mais maintenant je garde Ta parole... Il est bon pour moi que j'aie été affligé, afin que j'apprenne Tes statuts. » (Psaumes 119.67 et 71.)

Occupé du Seigneur et non plus de ses maux, dans la lecture de la Bible qui est devenue son livre de chevet, le croyant va de découverte en découverte, et, comme le Psalmiste, il éprouve tant de bonheur dans cette lecture qu'il s'écrie : « J'ai de la joie en Ta Parole, comme un homme qui trouve un grand butin. » Il pourra même dire en vérité : « Ta parole m'a fait vivre ! »

De plus en plus, les voies et les pensées de Dieu lui deviendront familières. Pour que la distance qui s'étend entre les cieux et la terre ne sépare plus les pensées et les voies du Seigneur, de nos pensées et de nos voies, il faut vivre là où Dieu se trouve. Quand nous saisissons par la foi que « notre vie est cachée dans le Christ en Dieu », et que nous ne voulons plus vivre ailleurs que là, non seulement Dieu nous révèle ses secrets, mais quelles que soient nos tribulations, un seul de nos jours vaut mille journées d'un incrédule riche et bien portant !

Telle est la vie de ceux qui connaissent le chemin des lieux saints et qui se tiennent « au delà du voile ».

Connais-tu, cher malade, cette vie victorieuse dans le sanctuaire ?

Oh ! approche-toi « avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié d'une mauvaise conscience et le corps lavé d'eau pure », et entre, entre aujourd'hui dans la pleine possession de tous tes privilèges.

Tu entendras dans le sanctuaire « des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer », mais qui laisseront dans ton cœur et dans ta vie un souvenir ineffaçable.

Là, l'essentiel du « pourquoi ? » des épreuves te sera dévoilé, si bien que tu n'auras pas besoin d'attendre le ciel et ses pleines révélations pour bénir et louer Dieu pour toutes choses.

Il n'est pas interdit au chrétien de se poser un « pourquoi ? ». Mais ce « pourquoi ? » doit l'inciter à rechercher dans la Bible les réponses dont il a besoin pour comprendre le langage de Dieu.

Du commencement à la fin, la Parole de Dieu lui apprend que le but du Seigneur dans l'épreuve est, d'une part, de glorifier Son Nom et, d'autre part, de nous faire du bien à la fin. Si même nous ne comprenons pas les méthodes de Dieu et ses mesures à notre égard, la certitude que Lui est infiniment bon et sage doit nous suffire.

Mais recherchons au travers de la Bible quelques-uns des « pourquoi ? » de l'épreuve, dans le sincère désir de ne jamais rien perdre des leçons de cette divine école.

La maladie comme telle est une conséquence du péché dont le salaire final est la mort. Elle est même appelée dans le livre de Job « le premier-né de la mort ». Sans la chute, les larmes, la mort, le deuil, les cris, les peines seraient choses inconnues sur la terre. Comme tous les autres maux, la maladie a son origine dans le péché de l'homme, mais si cela est vrai, elle n'est pas nécessairement, et loin de là, le signe d'une punition de Dieu ou d'un châtiment. Elle est un instrument dont Dieu se sert pour notre bien et pour faire notre éducation.

Il ressort clairement de l'enseignement général et particulier de la Bible, que Dieu emploie la maladie ou toute autre épreuve :

1° Pour amener un homme emporté dans le tourbillon des affaires de ce monde ou vivant simplement dans l'insouciance ou la rébellion, à penser à son âme et à Dieu. Dieu lui donne ainsi le temps matériel de se mettre en règle avec Lui avant qu'il ne soit trop tard. Dans sa patience, Dieu parle une fois, deux fois, et l'homme n'y prend pas garde... Alors dans son amour pour l'âme perdue, le Seigneur de toute chair frappe plus fort pour réveiller à salut l'âme insensible, qui, aveuglée, court à sa perte.

2° Pour ramener un pécheur égaré, pour le faire rentrer en lui-même et le conduire à reconnaître ses fautes et sa misère devant Dieu, afin que cette âme trouve dans l'humiliation sincère la confession et l'abandon de ses péchés, le pardon du Dieu saint « qui ne souhaite pas la mort du méchant, mais plutôt qu'il se détourne de ses voies, et qu'il vive ». Exemples : Manassé, roi de Juda (2 Chroniques 33). L'enfant prodigue (Luc 15).

3° Pour glorifier Son Nom aux yeux des hommes par la grandeur de ses délivrances, toujours proportionnées à la profondeur de nos détresses. Exemples : L'oppression des Israélites par les Égyptiens (Exode 1-15). Les trois jeunes Hébreux dans la fournaise ardente (Daniel 3). L'aveugle-né du chapitre neuf de l'Évangile de Jean. La maladie de Lazare (Jean 11).

4° Pour nous apprendre à connaître le fond de notre cœur et manifester la mesure de notre fidélité et créer en nous une autre faim que celle des biens matériels, la faim de la Parole de Dieu, selon qu'il est écrit : « L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais l'homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel. » Exemple : Israël dans le désert (Deutéronome 8).

5° Comme châtiment, chez un croyant qui par un grave péché a donné occasion aux ennemis de la foi de blasphémer le nom de Dieu. Cependant, ce châtiment sera toujours plus faible que celui que le coupable prononcerait lui-même, s'il avait à juger un cas semblable au sien chez autrui. Exemple : Le roi David. (Lire l'histoire de son crime et son châtiment aux chapitres 11 et 12 du deuxième livre de Samuel.) Que faire si l'on est conscient que l'épreuve porte pour nous ce caractère ? Imiter David qui confesse sa faute et retrouve dans l'humiliation, la joie de son salut. (Lire Psaumes 51 et 32.)

6° Pour punir l'orgueil du croyant au jour où Satan l'incite à agir selon les principes de la chair et de la volonté propre. Exemple : L'histoire du dénombrement du peuple ordonné par David. (Lire 2 Samuel 24 et 1 Chroniques 21.) Que faire alors ? Se réfugier brisé et humilié dans les mains du Dieu que nous avons offensé, nous souvenant que ses compassions sont grandes, et qu'il est toujours préférable d'être châtié et corrigé par Dieu que par les hommes ! (2 Samuel 24.14 ; Jérémie 10.24 ; Lamentations de Jérémie 3.22, 31-33.)

7° Pour donner au fidèle accusé de servir Dieu par intérêt, l'occasion de manifester, au sein de la plus grande affliction et du plus complet dépouillement, qu'un croyant aime Dieu-pour Lui-même et non pour les bienfaits et les avantages dont Il comble Ses enfants. (Exemple : Job 1-2.)

Pour délivrer l'âme pieuse de toute propre justice et de ses conceptions de Dieu, en lui donnant l'horreur de soi-même, mais aussi la joie ineffable de voir la face de Dieu ! (Exemple : Job 42.)

9° Pour nous faire servir au conseil de Dieu et au salut de beaucoup d'âmes. Exemples : I. Les afflictions de Joseph qui avaient nettement ce double but. (Lire Genèse 15.13 ; 37-50 ; Psaumes 105.17-22) ; II. Les tribulations de l'apôtre Paul pour la pleine manifestation de la vie de Jésus chez les Corinthiens. (2 Corinthiens 4.7-18.)

10° Pour nous apprendre à connaître les consolations de Dieu, « afin que nous soyons capables de consoler ceux qui sont dans quelque affliction que ce soit, par la consolation dont nous sommes nous-mêmes l'objet de la part de Dieu ». Être consolé par Dieu procure une béatitude que toutes les jouissances du monde ne sauraient égaler. On découvre en Dieu un cœur plus sensible et plus tendre que celui d'une mère. Jamais main plus douce n'a essuyé les pleurs, ni pansé les blessures des âmes en détresse. (Lire 2 Corinthiens 1.3-4 ; Matthieu 5.4 ; Ésaïe 51.12 ; 66.13 ; Job 5.17-18 ; Osée 6.1.)

11° Parce que « Dieu agit envers nous comme envers des fils, car quel est le fils qu'un père ne discipline pas ? » Dieu nous traite donc comme des fils et non comme des bâtards. « Il nous discipline pour notre profit afin que nous participions à sa sainteté » (Hébreux 12.5-11). Chez les Hébreux, tout ce que Dieu voulait sanctifier, que ce soit une personne ou un objet, était séparé, retiré de l'usage profane et offert, consacré à Dieu. Aujourd'hui encore, par la maladie, Dieu se plaît à attirer à l'écart une âme « pour lui parler au cœur ». Là, au sein même d'un aride désert, « Il rassasie son âme et la rend pareille à un jardin arrosé, à une source jaillissante dont les eaux ne tarissent pas » (Ésaïe 58.11). Heureux sont ceux que Dieu appelle dans « la vallée » pour parler seul avec eux. Là, Il leur fait voir Sa gloire ! (Ézéchiel 3.22-23). Ami, malade, accepte ta vie de « séparé ». C'est une grâce insigne que Dieu accorde à ses saints. Dans la solitude où Il te place, Dieu ambitionne de mettre l'image de Son Fils en toi pour te rendre capable de le servir en sainteté véritable !

12° Pour que nous portions plus de fruit (Jean 15.2), et pour donner à d'autres l'occasion de porter « beaucoup de fruit » et « du fruit qui demeure ! » (Jean 15.5-16) Il s'agit avant tout du fruit de l'Esprit qui se manifeste dans l'épreuve par « l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la tempérance » (Galates 5.22-23). Mais il s'agit aussi de toutes « les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l'avance afin que nous marchions en elles » (Éphésiens 2.10). Exemples : I. La maladie d'un père ou d'une mère, qui va apprendre aux enfants « à montrer leur piété envers leur propre famille et à rendre à ceux dont ils descendent les soins qu'ils en ont reçus » (1 Timothée 5.4). II. Du grabat de l'humble chaumière aux vastes salles des hôpitaux, des femmes, des hommes dévoués ont l'occasion jour et nuit de montrer leur amour pour leur prochain en soulageant de multiples souffrances.

13° Pour donner au croyant la possibilité d'expérimenter la toute suffisance de la grâce divine et l'amener à reconnaître que Sa puissance s'accomplit dans l'infirmité. Pour manifester Sa vie, Dieu se sert de fragiles vases de terre, « afin que l'excellence de la puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous ». Puissions-nous donc toujours être de ces vases sans apparence dans lesquels Dieu pourtant a placé le plus grand des trésors. Exemple : L'apôtre Paul.

14° Pour amener l'homme le plus fidèle et le plus pieux à préférer Dieu à tout de qu'il a de plus cher et de plus légitime sur la terre. Comme à Abraham Dieu peut nous redemander « notre Isaac ». Pour les uns, « leur Isaac », c'est leur santé ; pour d'autres, une femme, un mari ou un enfant. Pour d'autres encore, « Isaac » c'est leur situation ou même leur ministère, le service qu'ils avaient reçu de Dieu. Le sacrifice est douloureux ; mais à l'heure où la foi triomphe dans l'obéissance, Dieu dans Sa grâce rend souvent ce qu'Il a demandé ou même donné tout à double. Exemple : Abraham (Genèse 22), Job, etc.

15° Enfin, Dieu éprouve l'homme pour lui apprendre la patience et la dépendance, purifiant sa foi comme l'or dans le creuset du fondeur, jusqu'au jour où, « manifesté fidèle par l'épreuve, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment ». (Lire Jacques 1.2-8, 12 ; 1 Pierre 1.6-7 ; Ésaïe 48.10 et Malachie 3.2-3.)

Dieu veuille donner par l'un ou l'autre de ces quinze points, une réponse encourageante à l'âme qui cherche encore le « pourquoi ? » de son épreuve ! Quel que soit son cas particulier, la Bible entière lui enseigne que c'est en amour qu'il est affligé et toujours en vue de son bien suprême.

Écoutons plutôt :

« Ton Dieu... t'a fait marcher dans le désert grand et terrible... afin de t'humilier et de t'éprouver, pour te faire du bien à la fin ! » (Deutéronome 8.16).

« La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent... » (Esdras 8.22)

« Et Dieu bénit la fin de Job plus que son commencement. » (Job 42.12).

« Je crierai au Dieu Très-Haut, à Dieu qui mène tout à bonne fin pour moi. » (Psaumes 57.2.)

« Bien que le pécheur fasse le mal cent fois et prolonge ses jours, je sais cependant que tout ira bien pour ceux qui craignent Dieu, parce qu'ils craignent Sa face. » (Ecclésiaste 8.12.)

« Dites au juste que le bien lui arrivera. » (Ésaïe 3.10.)

« Écoute je te prie la voix de l'Éternel dans ce que je te dis, et tout ira bien pour toi et ton âme vivra. » (Jérémie 38.20.)

« Il fait toutes choses bien. » (Marc 7.37.)

« Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu. » (Romains 8.28.)

Que nous faut-il de plus pour rester dans la paix en toutes circonstances, quand toute la Parole du Dieu qui ne peut mentir nous affirme de telles choses ?

Et si même nous ne nous comprenons toujours pas, si « Ses pensées ne sont pas toujours nos pensées », jusqu'au jour ou plus de lumière nous sera donnée, que Sa déclaration nous suffise :

« Moi, je connais les pensées que je pense à votre égard, dit l'Éternel, pensées de paix et non de mal, pour vous donner un avenir et une espérance ! » (Jérémie 29.11).

Le vainqueur est celui qui en tout temps a appris à « serrer par devers lui, les paroles de la bouche de son Dieu plus que le propos de son propre cœur. »

La Parole de Christ « habite en lui richement », et il sait l'employer au moment opportun. Il possède en réserve dans son cœur des paroles qui sont esprit et sont vie.

Ainsi, quand l'épreuve se prolonge et lui paraît sans issue, faisant taire les propos pessimistes de son cœur, sa foi s'approprie cette parole inspirée :

« Aucune tentation ne nous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu est fidèle qui ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces ; mais avec la tentation Il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. » (1 Corinthiens 10.13.)

Puis au jour où le poids de l'épreuve semble vouloir l'écraser, l'Esprit de Dieu lui rappelle avec force cette autre parole : « Les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d'être comparées à la gloire à venir qui doit nous être révélée » (Romains 8.18) ; ou encore : « Notre légère tribulation d'un moment, opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire (2 Corinthiens 4.17). » Alors ses regards se détournant des choses qui se voient, se fixent sur celles qui ne se voient pas. Si son corps est encore sur la terre, ses yeux plongent dans l'éternité.

Mais avant tout, le vainqueur vit dans l'attente du retour de Son Maître et Seigneur. Cette attente n'est pas celle de là mort, mais bien la venue de Jésus sur les nuées du ciel qui en un clin d'œil, « transformera le corps de notre abaissement en le rendant semblable au corps de sa gloire » (Philippiens 3.20), pour l'enlever avec tous les croyants transmués et ressuscités à Sa rencontre dans les airs (1 Thessaloniciens 4.13-18), et l'introduire avec eux dans les aimables demeures de la maison du Père (Jean 14.1-3).

Dans cette attente, bienheureuse espérance de sa vie et de l'Église tout entière, par le Saint-Esprit, il fait entrer le Christ dans toutes ses circonstances. Il lui expose simplement ses besoins, ses peines et ses désirs, ne craignant pas de tout lui dire et de s'ouvrir à Lui aux sujets de ses faiblesses, de ses tentations et de ses luttes. Il met à nu devant lui ses actes et ses pensées, et se laisse instruire, reprendre, corriger, purifier et consoler par la Parole de Dieu.

Et si parfois la main qui s'appesantit sur lui est pesante, au lieu de baisser la tête, il contemplera cette main qui le frappe et y découvrira la marque des clous. Cette main percée le rassure et le soulage. Il reconnaît en elle la main de Celui qui l'a le plus aimé au monde, la main meurtrie pour son péché.

Alors, comme Jacob à Péniel, comme Pierre enfonçant dans les eaux, il saisit cette main et trouve en elle son tout puissant secours, car :

« des rayons lui jaillissent de la main et là réside sa force ! » (Habakuk 3.4.)


N.B. — Une Bible ou un Nouveau Testament sera envoyé gratuitement à toute personne qui en fera la demande à M. Gaston RACINE, Saars 23, Neuchâtel (Suisse).

En France, cette brochure peut être obtenue chez Mme L. DUCOMMUN, 1, rue Jacques-Offenbach, Paris (16e), qui enverra également un Nouveau Testament à toute personne qui en fera la demande.

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