Contre les hérésies

LIVRE TROISIÈME

AVANT-PROPOS

Vous aviez exigé de moi, mon très-cher frère, que je prisse la plume pour exposer au grand jour le système de Valentin, jusqu’à présent peu connu, comme le prétendent ses partisans, pour dérouler ensuite le tableau des nombreuses erreurs qu’il renferme, et pour opposer une réfutation à chacune d’elles. Cette tâche, je l’ai déjà en partie remplie, en combattant tous les hérétiques dans la personne de Simon, le père de toutes les hérésies, en montrant le développement successif de toutes les fausses doctrines, et en les réfutant au fur et à mesure qu’elles se présentaient. Mais il ne suffit pas de traduire devant la raison de pareilles absurdités, il faut encore les attaquer et les anéantir par tous les moyens possibles, et c’est ce qu’achèvera le troisième livre de ce traité. Dans le premier, nous avons présenté le tableau de toutes les erreurs des hérétiques avec les traits particuliers qui caractérisent chacune d’elles ; dans le second, nous avons réfuté, renversé et mis à nu toutes leurs fausses doctrines en les montrant telles qu’elles sont ; dans ce troisième livre que nous entreprenons aujourd’hui, nous nous proposons de fortifier tous nos raisonnements de l’autorité même des saintes Écritures. Ainsi, loin que rien manque à l’accomplissement de la tâche que vous nous aviez prescrite, nous vous aurons fourni encore, au-delà de votre attente, de nouvelles armes pour triompher de tous ceux qui professent des erreurs, quelles qu’elles soient ; et, en agissant ainsi, nous nous efforçons d’imiter l’amour de Dieu pour les hommes, d’après lequel il puise dans les trésors de ses grâces, et distribue généreusement à chacun au-delà de ce qu’il demande. Veuillez donc rappeler à votre souvenir tout ce que nous avons dit dans les deux premiers livres ; en y joignant ce qui nous reste à dire, vous possèderez un système complet de réfutation de toutes les hérésies, vous résisterez à toutes les attaques des hérétiques, et vous travaillerez avec confiance au triomphe de cette foi, qui est une, véritable et vivifiante, que l’Église a reçue des apôtres pour la distribuer à ses enfants ; car le Seigneur, maître souverain de toutes choses, a donné à ses apôtres la puissance évangélique, au moyen de laquelle ils nous ont transmis la vérité, c’est-à-dire la doctrine du fils de Dieu. Il les a revêtus de cette mission, lorsqu’il leur a dit : « Celui qui vous écoute, m’écoute ; celui qui vous méprise, me méprise moi-même et celui qui m’a envoyé. »

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