Contre les hérésies

LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE PREMIER

Que les apôtres n’ont commencé de prêcher l’Évangile et n’en ont confié le dépôt à l’écriture qu’après avoir été fortifiés par les dons et les vertus de l’Esprit saint ; qu’ils ont proclamé un Dieu unique, créateur du ciel et de la terre.

La science de notre salut nous a été enseignée par les mêmes hommes qui nous ont communiqué la connaissance de l’Évangile ; ils le prêchèrent d’abord de vive voix, et ils en transmirent ensuite le dépôt par l’Écriture, suivant l’ordre donné par Dieu même, afin que ce monument devînt pour les chrétiens à venir la base inébranlable de leur foi. On ne peut soutenir, sans commettre une erreur, que les apôtres prêchèrent l’Évangile avant d’en avoir possédé la science entière et parfaite, comme quelques-uns ont eu la témérité de le dire, se vantant de reprendre les apôtres eux-mêmes : en effet, ce fut après la résurrection de notre Seigneur que les apôtres reçurent, par la descente de l’Esprit saint sur eux, la vertu d’en haut, et qu’ils furent remplis de tous ses dons ; dès ce moment ils possédèrent la science parfaite, et ils enseignèrent par toute la terre les vérités que nous devons à la bonté de Dieu, promettant la paix du ciel à tous les hommes qui croiraient à l’Évangile.

Ainsi Mathieu confiait à l’écriture le dépôt de l’Évangile, dans la langue hébraïque, qui était celle des apôtres, tandis que Pierre et Paul prêchaient ce même Évangile à Rome, où ils posaient les premiers fondements de l’Église. Après qu’ils eurent quitté cette ville, Marc, disciple et fidèle interprète de Pierre, nous transmit par l’écriture les choses que Pierre lui avait annoncées ; et Luc, disciple de Paul, écrivit dans un livre l’Évangile tel qu’il était prêché par son maître. Ensuite Jean, le disciple bien-aimé, celui qui reposait sur le sein de notre Seigneur, écrivit un récit de l’Évangile pendant son séjour à Éphèse, en Asie.

Tous ensemble ils furent unanimes pour prêcher un Dieu unique, créateur du ciel et de la terre, que les prophètes avaient annoncé ; et pour rendre témoignage au Christ, fils unique de Dieu. Celui qui ne croit pas ces vérités méprise les enfants de Dieu ; il méprise notre Seigneur Jésus-Christ, il méprise Dieu le père, et il a prononcé lui-même sa propre condamnation, en résistant à son salut. Or, telle est la conduite que tiennent tous les hérétiques.

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