Visions du Ciel et de l'Enfer

4. La joie du ciel

« Mais, continua le prophète, pour que tu puisses avoir l'idée la meilleure de notre joie, je vais ici te présenter brièvement (car des siècles passés à traiter cet agréable sujet seraient à peine suffisants pour en parler assez longuement) de quoi ont été délivrées ces âmes bénies qui, par le glorieux rachat de notre brillant Rédempteur, ont été amenées tel. Et pour que tu le Comprennes mieux, je tâcherai de mettre mes paroles au niveau de ta capacité en comparant les choses qui sont dans le ciel avec celles que tu connais d'en bas, bien que tes yeux t'aient montré combien ce qui est du ciel surpasse infiniment ce qui peut être trouvé sur la terre. Et. en second lieu, je t'exposerai (autant que ton Intelligence pourra le saisir) ce qu'est le bonheur qui réjouit ICI les rachetés ».

« D'abord. les âmes de tous les élus sont libérées pour toujours de ce qui pourrait les rendre malheureuses, et, en premier lieu, tu ne l'ignores pas, du péché. C'est lui seulement qui plonge la créature dans la misère. Le Dieu béni avait fait d'abord toutes choses heureuses ; tout était pareil à Lui qui est ainsi à un degré suprême : et si le péché n'avait pas défiguré la beauté du travail des cieux, les anges et les hommes n'auraient jamais connu ce que signifie le mot malheur. Ce fut le péché qui précipita les anges apostats dans l'enfer et dépouilla le monde d'en bas de sa beauté. Ce fut le péché Qui défigura l'image de Dieu dans l'âme de l'homme et fit du seigneur de la création l'esclave de sa propre convoitise : en agissant ainsi, l'homme se plongea dans un océan d'éternelle misère duquel Il n'y a pas de rédemption. C'est par une miséricorde d'un prix inestimable que, dans ce lieu bienheureux, tous les habitants sont libérés du péché pour toujours par le Sang de notre Rédempteur Jésus.

Sur la terre d'où tu viens, les âmes les meilleures et les plus saintes gémissent sous le fardeau de la corruption. Le péché s'attache à tout ce qu'elles font et les rend souvent captives contre leur volonté. « Qui me délivrera » a été le cri de beaucoup de chers serviteurs de Dieu, fidèles et aimés de Jésus. Le péché est la charge pesante des saints eux-mêmes tant qu'ils sont revêtus de leur corps de chair corruptible, et c'est pourquoi, quand Ils déposent leurs corps, les âmes sont comme un oiseau échappé de sa cage et avec une vigueur céleste, ils montent dans cette région bénie. Mais ici, leurs luttes sont terminées et la mort est engloutie dans la victoire. Ici, leurs âmes qui avaient, sur terre, été déformées et souillées par le péché, sont par Jésus, à jamais béni, présentées au Père éternel ».

« Ici, chaque âme bienheureuse est libérée du péché et de toute occasion de pécher, ce qui est un grand supplément à notre joie. Adam lui-même dans le paradis bien qu'il fût dans sa première création parfaitement innocent et libre vis-à-vis du péché, n'était cependant exempt de la tentation. Satan entra dans le paradis pour le tenter et Adam succomba facilement ; il mangea du fruit défendu et tomba, et, par sa chute, toute la nature humaine fut corrompue.

Le péché, tel une gangrène, a rongé la nature humaine et corrompu l'humanité entière. »

« Mais ici, chaque âme bienheureuse est libérée de tout cela. Aucun démon ne peut la tenter, ni la corruption l'atteindre. Rien sauf ce qui est pur et saint, ne peut être admis dans ces lieux. Aucune suggestion maligne de l'esprit apostat ne peut les importuner, et le lion rugissant qui parcourt encore la terre, cherchant qui il peut dévorer n'a pas d'accès ici ; l'esprit du monde ne peut pas davantage tenter les âmes des rachetés qui ont, par la foi et la patience, vaincu ses artifices et sont arrivés ici en sûreté. Ses attraits, ses tentations n'ont aucune prise sur nous, habitants de ces régions célestes, nous regardons avec mépris toutes les réjouissances terrestres. Nous sommes ici au-dessus du monde et de toutes ses tentations, et par le Sang de notre Jésus triomphant, nous avons obtenu la victoire sur lui. Rien ici ne peut troubler notre paix, mais un calme éternel met le comble à notre bonheur d'être libérés du péché et de toutes ses tentations. Et, comme conséquence de cela ».

« Troisièmement, nous sommes libérés des effets du péché c'est-à-dire du châtiment sous lequel gémissent ceux qui sont enfermés dans les sombres régions du malheur éternel qu'ils ne peuvent pas supporter, mais que, cependant, Ils doivent souffrir toujours. Ce fut par le péché que la mort s'introduisit dans le monde d'en bas ».

« Ce sont ces choses dont nous sommes délivrés dans cet état béni et cependant, cela ne représente qu'une faible part de la joie du ciel. Nos joies sont positives aussi bien que négatives et ce qu'elles sont, je m'en vais te le montrer ».

« Nous réjouissons ici la vue de Dieu, la source bénie et éternelle de notre bonheur. Mais ce que c'est, je ne peux pas plus l'exprimer que des créatures finies peuvent en comprendre l'infinité ; nous sentons seulement que cela emplit continuellement nos âmes d'une joie inexprimable et pleine de gloire et d'un amour si ardent que rien ne peut le satisfaire sinon son Auteur béni et que l'éternité elle-même. C'est ce qui nous fait vivre, aimer et chanter, et louer à jamais et qui transforme nos âmes à sa ressemblance. Les saints du monde d'en bas, tandis qu'ils voyagent vers cette contrée bienheureuse, sont soutenus dans leur pèlerinage par Ses bras éternels qui les mettent à même de marcher de grâce en grâce. Mais, nous, qui sommes en sûreté dans le havre d'un bonheur éternel, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire comme par le Seigneur, l'Esprit (2 Corinthiens 3.18). Mais, pour que ces choses soient davantage à la portée de ta compréhension, par la contemplation de la face de Dieu, nous avons une jouissance réelle de Son amour et Ses sourires bénis rendent nos âmes joyeuses et dans Sa grâce, nous nous réjouissons continuellement, « car dans Sa grâce est la vie ». Et alors, par cette adorable vision de Dieu, nous arrivons à Le connaître combien plus que ne le peuvent ceux d'en bas, car il y a une vision de Lui-même qui ouvre notre entendement « et nous donne la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu, dans la face de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ».

Ici, nous nous réjouissons tous de le voir face à face. En bas, les saints jouissent de Dieu avec mesure ; mais ici, nous en jouissons sans mesure. En bas, ils ont quelques gouttes de Sa bonté, mais là, nous en avons de grandes ondées, nous nageons dans un océan de joie sans bornes. En bas, la communion des saints avec Dieu est souvent brisée ; mais ici, nous avons une jouissance de Dieu ininterrompue. Ici, nous bénéficions de la perfection de toute grâce. En bas, l'amour est mélangé de frayeur et la frayeur apporte le tourment ; niais ici, l'amour est parfait, et l'amour parfait bannit la crainte. Ici, nous aimons le Dieu béni plus que nous-mêmes et notre prochain comme nous-mêmes. Nous sommes tous les Enfants d'un seul Père et tous nos frères nous sont également chers. Notre connaissance dans le monde d'en bas était très imparfaite, mais ici nous voyons Dieu tel qu'Il est et ainsi, nous arrivons à Le connaître comme nous en sommes connus. Notre joie également, atteint ici sa perfection. »

« ici, nos facultés se développent en rapport avec la grandeur des objets que nous avons à contempler. Tandis que nous séjournions dans le monde d'en-bas, aucune lumière ne pouvait illuminer notre intelligence sinon par les fenêtres de nos sens ; c'est pourquoi le Dieu béni daignait condescendre à nos possibilités et adaptait les expressions de Sa Majesté à l'étroitesse de notre imagination. Ici, la révélation de la divinité est beaucoup plus glorieuse et nos entendements sont purifiés de toutes ces images terrestres qui coulaient par les canaux grossiers de nos sens. En bas, les plus pures conceptions de Dieu étaient très imparfaites. Mais ici, l'or est séparé des scories et nos conceptions sont plus nettes et siéent à la pureté et à la simplicité de Dieu. En bas, les objets de gloire étaient abaissés au niveau des perceptions des sens, mais ici, les facultés sensibles sont élevées et affinées et rendues sujets de gloire ».

« C'est pourquoi, maintenant que la lumière divine brille de ses rayons directs et que les épais rideaux de la chair n'existent plus, l'âme jouit d'une vision plus claire de Dieu. Nous voyons à présent ce que nous avons cru de la nature glorieuse du Dieu à jamais béni, ses décrets et ses conseils, sa providence et ses dispensations. Ici, nous voyons clairement que, de toute éternité, Dieu était le seul qui existât, — mais Il n'est pas solitaire — que la divinité n'est ni confondue dans l'unité, ni divisée en nombre, et qu'il y a priorité d'ordre, mais pas de supériorité parmi les personnes sacrées de la Trinité ineffable, mais qu'elles sont également l'objet de la même adoration. Les voies de Dieu qui, d'en bas, sont inscrutables et qu'il nous semble illégal d'examiner, nous les percevons ici comme étant le résultat de la sagesse, divine, et cela avec une telle clarté que la vérité elle-même n'est pas plus évidente. »

« Ces choses, ajouta le prophète sur un autre ton, font partie de celles qui constituent notre bonheur. Cependant, elles se rapportent à nos âmes seulement. Mais encore, la joie des habitants de ces régions bénies n'est pas complète tant que leurs corps ne sont pas ressuscités et réunis à leurs âmes. Par la munificence divine, Énoch et moi-même, nous jouissons d'une manière particulière, parce que nous avons été transportés ici dans notre corps, à la fois comme types du monde antédiluvien et du monde postdiluvien, de la résurrection de l'adorable Fils de Dieu et de tous les saints au travers de Lui. Maintenant, parce que personne, sauf le grand Messie n'a été ressuscité de la mort (Il est les prémices de ceux qui sont morts) parce que le corps d'Énoch et le mien n'ont pas connu la mort malgré qu'ils aient subi un changement équivalent à cela, Il est très difficile de se rendre compte de ce que sera l'état réel du corps ressuscité, ceci n'étant possible pleinement que par comparaison avec le corps glorieux du Seigneur Lui-même. Nos corps qui n'ont pas éprouvé la mort, mais qui ont subi un changement, ne peuvent pourtant pas être mis en parallèle avec la gloire de celui de Jésus, quoiqu'étant, comme le sien, corps spirituels de qui je veux te montrer maintenant les propriétés distinctes ».

« À la résurrection, les corps de rachetés seront ici, comme le mien actuellement, des corps spirituels, non seulement visibles, mais tangibles (à ces mots, le saint prophète daigna me donner la main) tu seras davantage capable de savoir ce que j'entends par corps spirituel. C'est un corps débarrassé de tout mélange grossier de corruption, fait d'une substance pure, affinée et cependant solide, non composée de vent et d'air comme ce que les mortels d'en bas pourraient lourdement imaginer.

Ici, je priai le saint prophète de se montrer indulgent à mon égard si je disais que j'avais toujours pris « spirituel » dans un sens opposé à « matériel » c'est-à-dire incapable d'être touché comme je venais de faire avec le sien. Le prophète répondit que leurs corps sont spirituels, non seulement parce qu'ils ont été purifiés de toute corruption, mais aussi comme n'ayant pas besoin d'être sustentés matériellement par de la nourriture, la boisson, le sommeil et le vêtement qui sont le conditionnement de nos corps sur la terre ». N'as-tu pas lu, dit le prophète, que Jésus après sa résurrection, apparut à ses disciples dans son corps, tandis qu'ils étaient tous réunis dans une chambre dont les portes étaient fermées ? Et alors, il invita Thomas à approcher et à étendre sa main pour toucher son côté, lui prouvant ainsi que son corps ressuscité était substantiel. À elle seule, la contemplation de notre Seigneur béni ici, nourrit et entretient à jamais nos corps et nos âmes ».

« À la résurrection, nos corps seront immortels. Dans le monde d'en bas d'où tu viens, tous les corps sont assujettis à la mort, passibles d'être réduits en poussière à tout Instant. Mais ici, nos corps seront incorruptibles et libérés de la mort pour toujours, car notre corruptibilité sera changée en incorruptibilité, la mort sera engloutie par la vie ».

Ici, j'exprimai le désir que le prophète se montrât patient avec moi pour que je lui donne un aperçu de mes propres idées sur cette question.

« Parle, car je suis prêt à dissiper ton doute, dit-il ».

« J'ai appris, dis-je, dans les Saintes Écritures, que l'immortalité est un attribut qui n'appartient qu'à Dieu seul et non aux hommes. C'est pourquoi Paul dit à Timothée que seul, Dieu possède l'immortalité ». Quand je dis que les corps des rachetés sont immortels, répondit le Prophète, J'entends ceci : corps dans leur état de résurrection, qui ne meurent plus. Même les corps de tous ceux qui jouissent déjà de la félicité du Paradis sont, à cette heure, dans la poussière de la terre, encore sous la puissance de la mort (rappelons-nous qu'en parlant ainsi le prophète Elie qui a été lui-même enlevé sans passer par la mort fait allusion aux âmes des Enfants de Dieu dans le Paradis qui attendent la résurrection de leurs corps). Seulement quand ils seront ressuscités, ils seront immortels. Il est très vrai que Dieu seul possède l'immortalité. dit l'Écriture. Aucune créature, qu'elle soit ange, ou qu'elle soit homme ne peut, dans ce sens strict, être appelée immortelle. Nous sommes immortels par Sa grâce, mais Dieu est immortel dans Son essence et a été ainsi de toute éternité ; c'est dans ce sens qu'on peut dire que LUI SEUL possède l'immortalité. C'est pourquoi Il est dit de Lui que Lui seul est saint, que personne n'est bon sauf Dieu qu'aucun n'est Juste, ni miséricordieux sauf Lui à qui soit la bénédiction, la gloire, l'honneur et la louange pour toujours et à jamais ! »

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