Commentaire sur les Actes des Apôtres

Chapitre XIX

19.1

Or il arriva, pendant qu’Apollos était à Corinthe, que Paul, après avoir parcouru les contrées supérieures, vint à Ephèse, et y trouva quelques disciples ;

Saint Luc explique ici, que non seulement l’Eglise a été augmentée et confirmée entre les Ephésiens par le retour de saint Paul, mais aussi a été ornée d’un miracle, à savoir que grâces visibles du Saint Esprit ont été là conférées à certains disciples, qui étaient encore apprentis et novices. Au reste, on ne saurait pas bien dire s’ils étaient habitant de la ville, ou étrangers nouvellement venus ; et cela n’est de grande importance. Il est bien certain que c’étaient des Juifs ; car ils avaient reçu le baptême de Jean ; il est aussi vraisemblable qu’ils étaient habitants d’Ephèse, puis que saint Paul les a là trouvés.

19.2

et il leur dit : Avez-vous reçu l’Esprit saint quand vous êtes devenus croyants ? Ils lui répondirent : Mais nous n’avons pas même ouï dire s’il y a un Esprit saint.

La fin de cette histoire montre que saint Paul ne parle point ici de l’Esprit de régénération, mais des dons particuliers, que Dieu du commencement a distribués en diverses sortes à ceux auxquels il lui a semblé bon, et ce à l’édification commune de son Eglise. Mais cette interrogation de S. Paul engendre ici une question ; à savoir si lors le Saint Esprit était communément donné à tous. Car s’il était seulement donné à peu de gens, pourquoi le conjoint-il avec la foi, comme si c’était une conjonction inséparable ? Il est possible que ce n’étaient point gens vulgaires ; ou bien pour ce qu’ils étaient bien peu, à savoir seulement douze, saint Paul demande s’il n’y en a pas un qui ait reçu de ces grâces du Saint Esprit. Toutefois je pense de ma part, que ce n’a été par cas d’aventure, mais par le conseil de Dieu, qu’en un même instant se sont trouvés en la présence des Gentils, tant de Juifs, voire disciples, c’est-à-dire, de la compagnie des fidèles, lesquels toutefois ont confessé que jusques à présent ils n’avaient point connu la gloire souveraine de l’Evangile, laquelle se démontrait dans les dons du Saint Esprit, afin que par eux le ministère de S. Paul fut rendu plus excellent. Car il n’est pas vraisemblable qu’Apollos eût laissé si peu de disciples en Ephèse ; et ils eussent été mieux instruits par lui, depuis qu’Aquilas et Priscille lui eurent diligemment enseigné la voie du Seigneur. Qui plus est, je ne doute point que les frères, desquels S. Luc a fait mention ci-dessus, étaient des autres, et non point ceux-ci. Bref, S. Paul voyant que ces gens-ci font profession du nom de Jésus-Christ, afin qu’il examine mieux quelle est leur foi, il les interroge s’ils ont reçu le Saint Esprit. Car on peut bien voir par ce que S. Paul lui-même dit au chap. 3 des Galates, que ceci a été une marque de la grâce de Dieu, pour donner autorité à la doctrine. Je voudrais bien, dit-il, savoir de vous, s’il est ainsi que vous ayez reçu le Saint Esprit par les œuvres de la Loi, ou par l’ouïe de la foi.

Nous n’avons pas même entendu dire. Comment s’est pu faire cela, que ceux-ci qui étaient Juifs, n’eussent point entendu parler du Saint Esprit, duquel les Prophètes font mention partout ; vu aussi que l’Écriture est pleine des titres de celui-ci ? Certes nous recueillons de ceci, que saint Paul n’a point parlé généralement du Saint Esprit ; et d’autre part, que ces gens-ci, selon qu’ils avaient été interrogés, ont répondu qu’ils ne savaient encore que c’était de ces grâces visibles, desquelles Dieu avait orné le Royaume de son Fils. Ils confessent donc qu’ils ne savent si Dieu confère tels dons et grâces. Et pourtant par ce mot d’Esprit, sont entendues les grâces de celui-ci. Et ce sens est confirmé par ceci, que s’ils eussent nié du tout qu’ils ne savaient rien du Saint Esprit, saint Paul n’eut point souffert un erreur si lourde, voire monstrueuse, qu’il n’en eût dit quelque chose. Quand il demande à quelle fin donc, ou comment ils ont été baptisés, il montre tacitement que par tout où Christ avait été purement annoncé, aussi que les grâces visibles y étaient apparues, en sorte qu’un tel ornement était commun à toutes les Eglises. Par quoi ce n’est point sans cause que S. Paul s’étonne que les fidèles étaient ignorants de cette gloire de Christ, laquelle Dieu voulait faire lors apparaître partout ; et ajoutant incontinent une correction, il exhorte qu’il ne fallait pas croupir en ces rudiments desquels ils étaient abreuvés ; pour ce que l’office de Jean avait été de former des disciples à Christ.

19.3

Et il leur dit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Jean.

19.4

Alors Paul dit : Jean a baptisé d’un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus.

L’admonition que fait ici saint Paul, tend à ceci, que ces hommes se sentent convaincus de leur rudesse, pour aspirer à progresser davantage. Il dit que Jean Baptiste a prêché du Christ à venir. Il a donc mis ses disciples en train, afin qu’ils allassent à Christ qui n’était encore manifesté. Par quoi afin que ceux-ci ne se plaisent point, et ne refusent dédaigneusement de s’avancer plus avant, il leur remontre qu’ils sont bien loin d’atteindre au but. Car quand les hommes sentent à bon escient ce de quoi ils ont encore besoin, ils sont aussi incités à désirer ce qui leur manque. Le tout revient à ceci, comme s’il eût dit : Avant que Christ ait été glorifié, cette sienne puissance ne s’est point montrée au monde ; mais finalement il a voulu que son Royaume fut ainsi florissant quand il est monté au ciel. Beaucoup moins donc quand Jean était encore au cours de son ambassade, ont été répandues les grâces du Saint Esprit, lesquelles attestent que Christ est maintenant assis à la dextre de son Père. Car il ne s’était point encore alors ouvertement manifesté pour Rédempteur au monde. Sachez donc qu’il faut que vous cheminiez plus avant ; car vous êtes encore bien loin du but. Par ce moyen il montre clairement que la foi de tous les fidèles qui avaient été enseignés par Jean Baptiste, devait tendre au Christ à venir ; afin que ceux-ci ne s’arrêtassent aux commencements et rudiments. Au reste, nous sommes aussi enseignés par ceci, que le baptême de Jean a été un signe et Sacrement de repentance, et de la rémission des péchés ; et que notre baptême aujourd’hui n’est en rien différent du sien, sinon en ce que Christ est manifesté, et que généralement toutes les parties de notre salut sont accomplies en sa mort et résurrection ; et même le baptême a été amené à son but et plein effet, d’autant que d’un côté la pénitence procède de cette fontaine de la mort et résurrection, comme j’ai dit ; et d’autre part, la foi est là rapportée, a ce que de là elle obtienne la justice gratuite. En somme, S. Paul démontre manifestement que le baptême de Jean était baptême de régénération et renouvellement, comme est aujourd’hui le nôtre. Or pour ce que la purgation et nouveauté de vie procède du seul Christ, il dit que le baptême a été fondé en la foi de celui-ci. Par cela nous sommes exhortés que toute la force et vertu du baptême dépend de là, que nous appréhendions par foi en Christ tout ce que le baptême représente ; tant s’en faut que le signe extérieur déroge et amoindrisse en rien la grâce de Christ.

19.5

Ce qu’ayant entendu, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus.

Pour ce que c’était une opinion commune entre les anciens, qu’il y avait diversité entre le baptême de Jean Baptiste, et celui de Christ, ils ont pensé qu’il n’y avait nul inconvénient, que ceux qui avaient été baptisés du baptême de Jean, fussent derechef baptisés, pour ce qu’ils avaient été seulement préparés par le premier baptême. Mais que leur opinion fût mauvaise, il apparaît par ce que le baptême de Jean Baptiste a été un gage et arrhe de la même adoption, de la même nouveauté de vie, lesquelles nous recevons aujourd’hui de notre baptême. Et pourtant nous ne lisons point que Christ ait baptisé derechef ceux qui lui avaient été renvoyés par Jean Baptiste. Joint que Christ a reçu le baptême en sa chair, afin que par un tel signe visible il s’associât avec nous, Matthieu 3.15. Or si nous admettons cette diversité mal controuvée, nous perdrons ce bénéfice singulier, que nous avons un baptême commun avec le Fils de Dieu. Mais il n’est point besoin de longue réfutation ; car pour persuader que ç’ont été divers Baptêmes, il faut que premièrement ils montrent en quoi l’un a été différent de l’autre. Or est-il ainsi qu’il y a bonne similitude bien répondante des deux côtés, et une même proportion et conformité, lesquelles nous contraignent de confesser que ce n’a été qu’un même baptême. Maintenant on demande, s’il a été licite de le réitérer. Et aucuns hommes furieux de notre temps s’appuyant sur ce témoignage, ont voulu introduire cette façon, que le baptême pouvait être réitéré. Aucuns entendent une nouvelle institution par ce mot de baptême ; mais j’ai raison pour n’accorder aucun point avec eux, à savoir que leur exposition est contrainte, et est comme un subterfuge. Il y en a d’autres qui disent que le baptême n’a point été réitéré ou derechef administré ; d’autant qu’ils avaient été faussement baptisés par quelque sot imitateur de Jean. Mais pour ce que leur conjecture n’a nulle couleur, mais plutôt les paroles de saint Paul donnent à entendre que c’étaient vrais disciples de Jean Baptiste, et S. Luc les appelle honorablement Disciples de Christ, je ne peux suivre aussi cette opinion ; et cependant je dis que le baptême de l’eau n’a point été derechef administré, d’autant que les paroles de saint Luc ne signifient autre chose, sinon qu’ils ont été baptisés du Saint Esprit.

Premièrement ce n’est point une chose nouvelle, que le nom de baptême soit transféré aux grâces et dons du Saint Esprit ; comme nous avons vu ci-dessus Actes 1.5 ; 11.16, où saint Luc disait que Christ a appelé baptême quand il promettait aux apôtres que le Saint Esprit leur serait envoyé en forme visible. De même, quand le Saint Esprit descendit sur Corneille, saint Pierre eut souvenance des paroles du Seigneur, quand il dit : Vous serez baptisés du Saint Esprit, Actes 11.16. De plus, nous voyons ici qu’il est nommément parlé de ces grâces visibles de l’Esprit et qu’elles sont conférées avec le baptême. Et quant à ce qui est ajoute incontinent après, que le Saint Esprit vint après qu’il leur eut imposé les mains j’interprète cela comme une chose ajoutée pour plus ample et facile déclaration Car c’est une façon de parler qui se trouve bien souvent en l’Écriture ; a savoir de proposer une chose en bref, et incontinent après la déclarer plus facilement. Par ainsi saint Luc exprime plus clairement ce qui était un peu obscur à cause de la brièveté, disant que le saint Esprit leur a été donné par l’imposition des mains. Que si quelqu’un réplique que le nom de baptême n’est point mis simplement, mais avec une adjonction quand il est mis pour les dons du Saint Esprit ; je réponds que du contenu du texte l’intention de saint Luc apparaît assez, et davantage qu’il fait allusion au baptême duquel il avait fait mention. Et certes si on l’expose du signe extérieur, ce sera une chose absurde de dire qu’il leur fut donné, sans entremettre quelque meilleure doctrine. Que si par traduction on le prend de l’institution, la façon de parler sera encore dure, et la narration ne conviendrait point bien, qu’après qu’ils furent enseignés, le Saint Esprit descendit sur eux. Au reste, comme je confesse bien que cette imposition des mains a été un Sacrement, aussi je dis que ceux qui l’ont tiré à perpétuelle imitation, ont failli par ignorance. Car comme ainsi soit que tous s’accordent bien en cela, que c’a été une grâce temporelle, laquelle a été conférée par ce signe, c’est une perversité et moquerie de retenir et garder le signe, quand la vérité est ôtée.

Il y a une autre raison au baptême et en la Cène, par lesquels Sacrements le Seigneur rend témoignage qu’il nous présente des dons qui dureront jusques à la fin du monde, par quoi il faut soigneusement et prudemment discerner les Sacrements qui ont été institués pour tout jamais, et ceux qui ont été seulement ordonnés seulement pour un temps, de peur qu’il n’y ait quelques vains masques, qui tiennent place entre les Sacrements. Quant à ce que les anciens ont usé de l’imposition des mains pour confirmer la profession de foi en ceux qui étaient venus en âge, je ne réprouve point cela, moyennant qu’on ne pense point que la grâce du Saint Esprit soit annexée avec une telle cérémonie ; comme fait S. Jérome contre les Lucifériens. Mais les Papistes ne méritent aucun pardon, lesquels ne se contentant point de la cérémonie ancienne, ont été si infatués d’ajouter une graisse puante, de laquelle non seulement ils ont fait une confirmation de baptême ; mais aussi un sacrement beaucoup plus digne, par lequel les fidèles sont rendus parfaits, ce disent-ils, au lieu qu’auparavant ils n’étaient qu’à demi Chrétiens ; et au lieu qu’auparavant leurs péchés étaient seulement pardonnés, ils sont maintenant préparés au combat. Car ils ne font point de difficulté de vomir tels blasphèmes exécrables.

19.6

Et après que Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit saint vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient.

19.7

Or ils étaient en tout environ douze hommes.

19.8

Or, étant entré dans la synagogue, il parlait avec assurance, pendant trois mois, discutant et persuadant, de ce qui regarde le royaume de Dieu.

Nous recueillons de ceci, que S. Paul a commencé par la compagnie des fidèles, qui avaient déjà fait profession de Christ ; et que puis après il vint en la synagogue, afin qu’il recueillît en un corps d’Eglise le reste des Juifs, auxquels Christ n’avait encore été manifesté, ou pour le moins lesquels ne l’avaient encore reçu. Or S. Luc dit que Paul parlait hardiment et franchement, à cette fin que nous sachions que quand S. Paul a été entendu par l’espace de trois mois, ce n’a point été qu’il ait couvert par finesse la doctrine de l’Evangile, ou qu’il se donnât quelque ouverture par propos obscurs et ambigus. Saint Luc aussi exprime bientôt après l’espèce de cette hardiesse, quand il dit que Paul disputait et induisait à ce qui est du Royaume de Dieu. Or nous savons qu’en beaucoup de passages de l’Écriture est dénotée par ce mot cette restauration qui avait été promise aux Pères, et qui devait être faite et accomplie à la venue de Christ. Car comme hors Christ il n’y a plus qu’une dissipation difforme et horrible de toutes choses, ce n’est point sans cause que les Prophètes ont attribué ceci au Messie à venir, qu’il établirait le Royaume de Dieu au monde. Or maintenant puisque ce Royaume nous ramène de notre révolte à l’obéissance de Dieu, et d’ennemis il nous fait enfants de Dieu ; premièrement il consiste en la rémission gratuite des péchés, par laquelle Dieu nous reçoit en grâce, et nous adopte pour son peuple ; puis après au renouvellement de vie, par lequel il nous fait conformes à son image. Il dit que Paul a disputé et induit, signifiant, qu’il a parlé d’une telle façon, qu’il a prouvé par raisons vives et fermes ce qu’il mettait en avant. D’avantage, qu’il a aiguillonné les auditeurs par saintes exhortations, afin qu’ils donnassent ouverture au Royaume de Dieu. Car il n’y a nulles subtilités qui nous puissent rendre dociles à Dieu, sinon que nous soyons fléchis par saintes admonitions.

19.9

Mais comme quelques-uns s’endurcissaient et étaient rebelles, décriant la voie du Seigneur devant la multitude, s’étant retiré d’eux, il sépara les disciples, enseignant tous les jours dans l’école de Tyrannus.

Nous ne lisons point que S. Paul ait jamais été si paisiblement et bénignement entendu des Juifs, comme il a été en Ephèse, quand il vint la première fois. Car au lieu que les autres le chassaient par émotion qu’ils lui dressaient, ceux-ci l’ont prié de demeurer longtemps. Maintenant après qu’il s’est efforcé par l’espace de trois mois de dresser entre eux le Royaume de Dieu, plusieurs ont découvert leur impiété et obstination. Car S. Luc dit qu’ils ont été endurcis et obstinés. Et de fait, telle est la vertu de la doctrine céleste, qu’elle fait enrager les méchants, ou bien les rend encore plus obstinés ; non point que cela soit de sa nature, mais c’est par accident ; pour ce que quand la vérité les presse, ils sont contraints de révéler leur poison caché. Saint Luc ajoute puis après, qu’ils ont médit de la voie du Seigneur devant la multitude. Car à la fin les contempteurs de l’Evangile se jettent jusques à une telle furie, que d’un courage envenimé ils combattent envers les autres ce qu’ils ne veulent point recevoir ; et non à autre intention, sinon afin que si faire se pouvait tous les autres soient compagnons de leur impiété. On soit bien que par ce mot de Voie, l’Écriture entend coutumièrement toute façon de faire ; mais ici il se rapporte à l’Evangile du Fils de Dieu. Or S. Luc dit que Paul se sépara d’eux, et retira les disciples ; par lequel exemple nous sommes exhortés que quand nous avons une fois expérimenté un endurcissement et obstination désespérée, et à laquelle il n’y a plus de remède, il ne faut plus que nous perdions notre peine. Saint Paul lui-même avise Tite, qu’après une ou deux admonitions, il fuie un hérétique (Tite 3.10). Car si la parole de Dieu est prostituée aux chiens et pourceaux, on lui fait un vilain outrage. En même temps aussi il faut pourvoir aux faibles, de peur que leur piété ne soit renversée par médisances perverses et fausses accusations de la pure doctrine. Paul donc a séparé et retiré à part les disciples, de peur que le troupeau des simples brebis ne fut infecté de la puanteur des boucs.

Disputant de jour en jour. Ce passage montre bien comme Paul a été diligent à enseigner ; et comment ceux qui se fâchent tout incontinent d’apprendre, sont par trop chagrins ou délicats. Car nous voyons coutumièrement qu’il y en a bien peu qui soient tous les jours prompts et prêts à écouter. Or encore qu’il eût un soin particulier du troupeau domestique, lequel il avait assemblé comme en une bergerie, si est-ce qu’il ne prive point les étrangers de son labeur ; mais continuant le cours de ses disputes, il éprouve s’il en pourra rencontrer aucuns qui soient dociles. Quant à l’école du Tyran, il n’entend pas quelqu’un qui eût pour lors domination ; car les Romains obtenaient la domination par toute l’Asie ; mais il est croyable que ç’ont été des écoles que quelque Tyran, c’est-à-dire Seigneur, avait jadis fait bâtir à ses dépens, et avait données à la ville. Les fidèles donc ont usé de ce lieu public, qui retenait le nom de celui qui l’avait fait bâtir pour faire leurs assemblées.

19.10

Et cela eut lieu pendant deux ans, de sorte que tous ceux qui habitaient l’Asie, tant Juifs que Grecs, entendirent la parole du Seigneur.

Saint Luc ne signifie pas que tous ceux d’Asie soient là venus pour entendre saint Paul ; mais que toute l’Asie a été parfumée de la bonne senteur de sa prédication, et que la semence a été éparse au long et au large ; en sorte que son labeur a été fructueux non seulement à une ville, mais aussi aux lieux fort lointains. Et ceci advient souvent, que quand on prêche la vérité de Dieu en un lieu, elle s’épand çà et là, et retentit au long et au large, où la voix du Ministre ne peut être entendue ; pour ce qu’elle est donnée de main en main, et les uns sont docteurs aux autres. Car un seul homme ne pourrait suffire, sinon qu’un chacun de sa part fut capable à avancer la foi et enseigner les autres.

19.11

Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul,

Selon l’usage commun de l’Écriture, il appelle les vertus, les miracles qui étaient témoignages d’une puissance extraordinaire de Dieu. Or il explique que l’Apostolat de S. Paul a été orné de ces marques, à cette fin que l’autorité de sa doctrine fut plus certaine. Car c’est une façon vulgaire de parler, que miracles sont faits par la main d’un homme. Ainsi la louange de ceux-ci est attribuée à Dieu seul, comme à celui qui en est auteur ; et l’homme est abaissé et mis en ordre de ministre. Et pour mieux amplifier ces miracles, saint Luc explique que les couvre-chefs et tabliers étaient portés sur les malades, et qu’à l’attouchement de ceux-ci, les malades ont été guéris. Il est assez notoire à quelle fin cette puissance a été donnée à saint Paul ; à savoir afin qu’il se montrât être vrai apôtre de Christ, qu’il donnât autorité à l’Evangile, et confirmât son ministère. Et il est bon de se rappeler ce que nous avons vu ci-dessus de l’usage légitime des miracles. Quant à ce que Dieu a guéri les malades par les couvre-chefs mêmes de saint Paul, cela tendait à ce but, que ceux qui ne l’avaient jamais vu, néanmoins reçussent sa doctrine avec révérence et humilité. Donc tant plus se montrent ridicules les Papistes, qui s’aident de ce passage pour faire valoir leurs reliques. Voire, comme si Paul avait fait porter ses couvre-chefs, afin que les gens les embrassent en l’honneur de celui-ci par dévotion, comme en la Papauté on adore les culottes et souliers de saint François, la ceinture de sainte Rose, le peigne de sainte Marguerite, et tels autres fatras. Mais plutôt il a choisi les choses les plus viles, afin que le prix et le lustre n’engendrât quelque superstition. Car son intention était, d’attribuer la gloire toute entière au seul Seigneur Jésus.

19.12

en sorte qu’on emportait même des mouchoirs ou des ceintures qui avaient touché sa peau pour les appliquer sur les malades, et les maladies les quittaient, et les esprits malins sortaient d’eux.

19.13

Or quelques-uns aussi des exorcistes juifs ambulants entreprirent d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient les malins esprits, en disant : Je vous adjure par ce Jésus que Paul prêche.

Afin qu’il apparaisse mieux que l’Apostolat de S. Paul a été confirmé par ces miracles, desquels mention a été naguère faite, S. Luc enseigne maintenant, que grave punition a été faite de l’abus que certains commettaient en se couvrant faussement du nom de Christ. Dont nous connaissons que les vertus n’ont été faites par la main de saint Paul à autre fin, sinon pour assurer à tous qu’il prêchait fidèlement Christ la puissance de Dieu ; puis qu’il en est ainsi que non seulement le Seigneur n’a point souffert que ces vertus fussent séparées de la pure doctrine de l’Evangile ; mais a puni si rigoureusement ceux qui les ont tirées au rebours pour les faire servir à leurs exorcismes et conjurations. Dont nous pouvons re cueillir derechef, que tous miracles qui obscurcissent le nom de Christ, sont autant d’illusions du diable, et que tous ceux qui appliquent les vrais miracles de Dieu ailleurs que pour sceller la pure religion, sont faussaires.

Certains Juifs exorcistes. Je ne doute point que cet office d’exorciste ne soit procédé d’une sotte imitation. Dieu avait accoutumé de déployer sa puissance en diverses façons entre les Juifs ; et s’était autrefois servi du ministère des Prophètes pour chasser les diables. Sous cette couverture ils ont forgé des conjurations. Et de cela on a à la volée dressé un office extraordinaire sans aucun commandement de Dieu. Aussi il se peut bien faire que Dieu l’ordonnant ainsi, cet office a eu quelque efficace ; non pas qu’il favorisât tout à rebours de sa Parole, mais afin qu’ils observassent tant plus volontiers leur religion jusques à la venue de Christ. Sous le règne de Christ l’ambition perverse a fait que les Chrétiens ont combattu contre les Juifs ; car à l’appétit des hommes on a créé aussi des exorcistes. Puis après, comme la superstition ordinairement va de mal en pis, le Pape a voulu que ceci fut commun à tous ses clercs qui devaient être avancés à plus haut degré. Car après que les clercs sont faits portiers, tout soudain la conjuration des diables leur est commise ; mais l’expérience démontre combien ils sont dignes de moquerie. Car ils sont contraints de confesser qu’ils confèrent un titre vain et sans effet. Car où est la puissance, par laquelle ils conjurent les diables ? Et les exorcistes de leur côté reçoivent cet office avec une moquerie manifeste, vu qu’ils ne l’exercent jamais. Mais à la vérité ceci est advenu à bon droit, qu’il n’y a jamais fin aux erreurs, quand on se recule de la parole de Dieu. Quant à ceux-ci, nous pouvons voir que c’étaient coureurs et vagabonds, comme on en voit plusieurs en la Papauté ; car saint Luc dit qu’ils ont dressé leur chemin d’un côté et d’autre, selon que l’occasion s’adonnait de tromper.

Nous vous adjurons par Jésus. Il est vraisemblable que ces trompeurs se sont adressés au nom de Christ, afin qu’ils obtinssent une puissance nouvelle, de laquelle ils s’étaient faussement vantés auparavant, ou pour ce que la puissance qu’ils avaient eue était cessée, afin qu’ils obscurcissent l’Evangile. Or ils ont doublement failli en cette invocation. Car vu qu’ils ignorent la doctrine de saint Paul, ils abusent de la couverture de celui-ci, n’ayant point de foi, comme pour faire des enchantements d’art magique. Avec ce ils usurpent sans vocation de Dieu, ce qui n’est en la puissance des hommes. Or l’invocation légitime du nom de Dieu et de Jésus-Christ est, quand elle est conduite par foi, et ne passe point les bornes de la vocation. Par quoi nous sommes exhortés par cet exemple, de ne rien attenter, que la parole de Dieu n’aille devant pour nous éclairer, sinon que nous voulions être gravement punis d’un tel sacrilège. Le Seigneur lui-même nous invite à prier. Tous ceux qui n’ont point ce don de pouvoir faire miracles, se doivent contenir dedans ces limites. Car quand les apôtres contraignaient les mauvais esprits de sortir hors par commandement, ils avaient Dieu pour auteur, et savaient bien qu’ils s’acquittaient fidèlement du ministère qu’il leur avait enjoint.

19.14

C’étaient les sept fils d’un certain Scéva, Juif, grand sacrificateur, qui faisaient cela.

19.15

Mais l’esprit malin répondant leur dit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?

19.16

Et l’homme en qui était l’esprit malin se jetant sur eux et s’étant rendu maître de tous deux, les maltraita de telle sorte qu’ils s’enfuirent de cette maison nus et blessés.

Ce que le diable avait fait par cet homme, est attribué à l’homme même. Car il n’avait point une telle violence, qu’il eût peu blesser sept jeunes compagnons forts et robustes, et les dépouillant tout nus les chasser hors. Or on ne pourrait résoudre pour certain comment le diable habite dans les hommes ; sinon qu’on peut mettre une opposition entre l’Esprit de Dieu et l’Esprit de Satan. Car tout ainsi que saint Paul enseigne que nous sommes temples de Dieu, pour ce que son Esprit habite en nous ; aussi au contraire il dit que Satan travaille avec efficace en tous incrédules. toutefois il est bon que nous sachions que saint Luc traite ici d’une singulière façon d’habiter, à savoir quand la bride est tellement lâchée à Satan, qu’il saisit l’homme entièrement. Or Dieu a voulu montrer un tel exemple, afin qu’il montrât que sa vertu n’est point enclose au son de la voix, et qu’il n’est point licite que le nom de son Fils soit tiré à superstitions. Or quand il permet à Satan de nous tromper, sachons que nous sommes plus gravement punis, que s’il nous navrait et blessait en la chair. Car l’apparence décevante des miracles est un horrible enchantement pour ensorceler les incrédules, à ce qu’ils soient plongés en plus profondes ténèbres, pour autant qu’ils ont rejeté la lumière de Dieu.

19.17

Et cela fut connu de tous les Juifs et Grecs qui habitaient Ephèse, et la crainte les saisit tous et le nom du Seigneur Jésus était magnifié.

C’est le fruit de la vengeance que Dieu avait prise de ce méchant du nom de Christ ; à savoir que tous ont été saisis de crainte, à ce qu’ils ne méprisassent la doctrine, laquelle Dieu avait bien montré par un merveilleux exemple qu’il voulait maintenir rigoureusement ; et qu’ils ont été amenés à porter révérence à Christ, Car outre ce que Dieu nous invite par tous ses jugements à ainsi profiter, à ce que nous craignions de pécher, il y a ceci davantage, que la majesté de Christ nous a été démontrée en cet exemple, et l’autorité de l’Evangile confirmée. Quant à ce qu’il dit que cela fut divulgué à tous, c’est-à-dire par tout. Car il signifie que la renommée du fait a couru de bouche en bouche ; afin que le nom du Fils de Dieu fut magnifié entre plus de gens.

19.18

Et plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer leurs pratiques.

Saint Luc met en avant un signe de cette crainte de laquelle il a parlé. Car ils ont montré par effet qu’ils étaient touchés à bon escient de la crainte de Dieu, quand ils ont de leur bon gré confessé les fautes de leur vie passée, afin que par leur dissimulation ils ne nourrissent l’ire de Dieu dedans leurs cœurs. Or nous savons combien il y a grande peine et difficulté d’arracher une vraie et franche confession de ceux qui ont péché. Car comme ainsi soit que les hommes n’estiment rien plus précieux que leur bonne réputation, aussi ont-ils en beaucoup plus grand prix la honte que la vérité ; et qui plus est, ils tâchent de couvrir leur opprobre tant qu’ils peuvent. Ainsi donc cette confession faite de bon gré a été un témoignage de repentance et de crainte. Car il n’y a homme, sinon qu’il soit touché au vif du sentiment du jugement horrible de Dieu, qui se soumette aux opprobres et ignominie des hommes, et qui vienne de son bon gré recevoir jugement en terre, pour être absous et exempt de condamnation au ciel. Quand il dit Plusieurs, nous recueillons de cela, que tous n’étaient pas de même condition. Car il se peut faire que ceux-ci ont eu longtemps leurs consciences navrées ; comme plusieurs bien souvent ont des vices cachés dedans. Par quoi saint Luc ne donne pas une loi commune à tous ; mais il propose un exemple, lequel doivent ensuivre ceux qui ont besoin de semblable médecine. Car à quel propos ceux-ci ont-ils confessé leurs péchés, sinon afin qu’ils témoignent de leur repentance, et demandent conseil et allégement à Paul ? Il y avait bien une autre raison en ceux qui confessèrent aussi leurs offenses et péchés, quand ils vinrent pour recevoir le baptême de Jean, Matthieu 3.6. Car par ce moyen ils protestaient que ce n’était pas par dissimulation qu’ils étaient consacrés à repentance. Mais saint Luc montre ici par une espèce, comment les fidèles ont été touchés de la révérence de Dieu, quand Dieu leur a ouvertement proposé un exemple de sa sévérité. Par cela on peut voir clairement combien l’impudence des Papistes est grande, qui couvrent leur tyrannie de ce fard. Car, je vous prie, y a-t-il chose en quoi leur confession auriculaire approche de ceci ? Premièrement les fidèles ont confessé en produisant quelques exemples, combien ils avaient été déçus misérablement par Satan, avant que d’avoir reçu la foi ; mais par la Loi du Pape il est requis qu’on raconte tout ce qu’on a fait, dit et pensé. Nous ne lisons point que ceux-ci aient fait confession de leurs péchés, sinon une fois ; et la loi du Pape ordonne que pour le moins on se confesse tous les ans une fois. Ceux-ci se sont présentés volontairement et de leur bon gré ; le commandement du Pape oblige un chacun par nécessité. Saint Luc dit qu’il y en eut plusieurs, et non point tous ; la loi du Pape n’excepte nul. Ceux-ci se sont humiliés en l’assemblée des fidèles ; le Pape en ordonne bien autrement ; que le pécheur barbote secrètement dans l’oreille d’un certain prêtre. Voilà de quelle grâce et dextérité ils accommodent l’Écriture pour approuver leurs mensonges et tromperies.

19.19

Et un assez grand nombre de ceux qui avaient pratiqué les arts occultes, ayant apporté les livres, les brûlaient en présence de tous. Et on en calcula le prix, et on trouva qu’il se montait à cinquante mille pièces d’argent.

Saint Luc ne parle pas seulement des enchantements de magiciens ; mais aussi des curiosités vaines et frivoles, desquelles la plupart des hommes sont volontiers trop convoiteux. Car par le mot Grec qui est ici mis, sont comprises toutes choses qui n’ont point une ferme utilité en elles, mais traînent les esprits et études des hommes par divers circuits, sans profit. L’astrologie judiciaire est de cette façon, et tout ce que les hommes vains et fols se forgent ordinairement pour deviner pour 1e temps à venir. Or ils brûlent leurs livres, afin que pour l’avenir ils ôtent toute occasion d’errer et à eux-mêmes et aux autres. Et ils montrent beaucoup mieux l’affection qu’ils portent à ta religion, quand ils ne se soucient de faire perte de leurs livres, qui avaient coûté une si grande somme d’argent. Tout ainsi donc que saint Luc a ci-dessus décrit une confession de paroles, aussi en décrit-il ici une de fait. Au reste, quant à la somme de laquelle il est ici parlé, vu que les Grecs prennent le mot pour, toutes espèces de monnaie, il n’est pas bien certain si saint Luc dénote par cela, ce que les Romains nommaient Denarios, ou bien s’il entend ce qu’ils appelaient Sestertios. Toutefois pour ce qu’on sait assez qu’il a exprimé quelque certaine somme, afin que nous sachions que ces fidèles ont méprisé le gain d’un grand courage, je ne doute point qu’il n’entende ce qu’on appelait Denarios, ou bien quelqu’autre espèce de monnaie plus excellente et précieuse. Or cinquante mille telles pièces valent environ neuf mille livres de la monnaie de France.

19.20

Ainsi la parole du Seigneur progressait avec force et manifestait sa puissance.

Par ce mot Puissamment, saint Luc signifie que la Parole avançait d’une façon non habituelle ; comme s’il disait qu’en ces accroissements est apparu une efficace rare et plus grande que de coutume. Quant à ce mot de Croître, je le rapporte au nombre des hommes ; comme s’il eût dit que l’Eglise a été tous les jours augmentée de nouveaux disciples, d’autant que la doctrine se répandait au large. Il ajoute que la Parole a été confirmée en un chacun : c’est-à-dire, qu’ils ont profité de plus en plus en l’obéissance de l’Evangile, et en piété, et que leur foi prénom racines beaucoup plus profondément.

19.21

Or, après que ces choses se furent accomplies, Paul se proposa d’aller à Jérusalem, après avoir passé par la Macédoine et par l’Achaïe, disant : Après que j’aurai été là, il faut aussi que je voie Rome.

Il entend que Paul entreprit ce voyage par l’instinct du Saint Esprit ; à cette fin que nous sachions que toute sa vie a été réglée selon la bonne volonté de Dieu. Or il a eu le Saint Esprit pour gouverneur de toutes ses opérations, d’autant qu’il s’est soumis à la bonne conduite de Dieu, et a dépendu de la volonté de celui-ci. Et ce qui s’ensuit un peu après, n’empêche de rien, à savoir que son voyage n’a point été si heureux comme il espérait. Car Dieu gouverne ses fidèles bien souvent, leur cachant cependant ce qui doit advenir. Car il veut qu’ils lui soient tellement acquis, que les choses étant enveloppées et brouillées, ils suivent les yeux fermés ce qu’il leur aura dicté par son Esprit. Au reste, on peut recueillir que méprisant toutes ces commodités, il s’est totalement adonné aux Églises, quand il a mieux aimé se dépouiller de la présence de Timothée, qui était le meilleur, le plus fidèle, très cher, et en somme le plus propre de tous pour sa compagnie, que de ne négliger la croissance de ceux de Macédoine.

19.22

Et ayant envoyé en Macédoine deux de ceux qui le servaient, Timothée et Eraste, lui-même resta encore quelque temps en Asie.

19.23

Or il arriva en ce temps-là un grand trouble à l’occasion de la voie du Seigneur ;

De ce mot de Voie, il faut que les lecteurs soient avertis qu’il est ici pris pour secte, ou pour ce que les Philosophes Grecs appellent Hérésie. Mais pour ce qu’il n’y a rien plus odieux, ou même plus exécrable en l’Eglise de Dieu, où l’unité de la foi doit régner, que quand un chacun choisit à sa fantaisie ce qu’il doit suivre, je pense que S. Luc a voulu fuir le mot d’Hérésie qui était à bon droit infâme et odieux entre les fidèles ; et qu’il a mis voie, pour doctrine, selon la façon de parler des Hébreux. Or quant au point de ce fait, nous voyons de quelle façon admirable le Seigneur a exercé son serviteur. Quand il s’est mis en chemin, il espérait qu’à son départ l’Eglise serait en repos. Tout soudain un trouble se lève, duquel il ne se doutait nullement. Au demeurant, on aperçoit clairement en ce Démétrius, quelle peste pernicieuse est l’avarice. Car un homme seul ne fait point de difficulté de troubler par sédition une grande ville, et ce pour son gain particulier. Et quant aux ouvriers, qui comme flambeaux allumés par lui, mettent le feu par tout, ils nous montrent bien évidemment, comment il est bien facile de pousser à toutes sortes de méchancetés gens de vilaine nature, et adonnés à leur ventre ; et principalement s’ils vivent au jour la journée d’un gain déshonnête, et si on leur ôte l’espérance de gagner. Au reste, nous voyons en cette histoire la vive image de notre temps. Démétrius avec ses rustres émut un grand trouble ; d’autant que si la superstition est ôtée, de laquelle ils avaient accoutumé de faire grand gain, leur métier ne vaut plus rien. Par quoi ils combattent comme si c’était pour leur propre vie ; car Démétrius a peur d’être privé d’une fructueuse pratique ; et les autres craignent d’être frustrés de leur gain ordinaire. Et aujourd’hui quel est le zèle qui pousse le Pape, ses Évêques cornus, les moines et toute la prêtraille ; mais, pour mieux dire, quelle fureur les transporte à résister à l’Evangile d’une rébellion si obstinée ? Il est vrai qu’ils se vantent qu’ils bataillent, pour la foi catholique. Et Démétrius n’était sans belle couleur, mettant en avant le service de Diane. Mais la chose démontre assez, que le Pape et ses suppôts bataillent plutôt pour leur ventre que pour la conscience, afin que le pot bouille toujours en la cuisine. Ils dissimulent doucement les blasphèmes horribles contre Dieu, moyennant que leurs revenus ne se diminuent point. Ils ne sont courageux sinon à maintenir leurs superstitions, qui font venir la farine au moulin. Par quoi étant exhortés par tels exemples, apprenons à élire un état qui soit accordant à la doctrine de Christ ; de peur que la convoitise du gain ne nous arme et incite à un combat méchant et illicite. Et ceux qui par ignorance et erreur sont tombés à quelque métier vicieux, ou qui sont enveloppés en une autre manière de vivre impure et perverse, se doivent toutefois donner garde d’une telle témérité pleine de sacrilège. Et quant aux fidèles docteurs, qu’ils apprennent par cet exemple, qu’ils n’auront jamais faute d’ennemis, jusques à ce que le monde renonçant à soi-même, présente la paix ; ce qui n’adviendra jamais. Pour ce que la doctrine de saint Paul ôte la pratique et le gain à Démétrius et aux gens de son métier, ils se jettent furieusement pour éteindre cette doctrine. Ceux à qui l’Evangile sera contraire, n’en feront-ils pas bien autant ? Or il n’y a homme qui n’ait occasion de combattre. Car toutes les affections charnelles sont ennemies de Dieu. Ainsi il faut qu’autant qu’il y a de cupidités charnelles régnantes au monde, ce soient autant d’ennemis armés pour résister à Christ. Il est vrai que bien souvent les méchants seront bridés d’en-haut, à ce qu’ils n’émeuvent des tumultes, et n’exercent cruautés ouvertement ; néanmoins quiconque n’est dompté pour porter le joug de Christ, il aura toujours l’Evangile de celui-ci en haine. Ainsi il faut que les fidèles docteurs aient ceci pour tout résolu, qu’ils auront toujours affaire avec grand nombre d’ennemis, et de diverses sortes. La convoitise de Démétrius se montre ouvertement ; cependant toutefois il nous faut entendre que c’a été un soufflet de Satan, lequel tâchant en toutes sortes de renverser la doctrine de saint Paul, a trouvé cet instrument propre pour faire ce qu’il voulait faire. Or puis que nous savons que Satan est un ennemi irréconciliable de Christ et de sa vérité, pensons-nous qu’il ait jamais faute de ministres qui montrent leur rage ouvertement à son instigation, ou qui par menées secrètes tâchent de ruiner l’Evangile, ou qui vomissent le venin de leur haine, ou pour le moins qui montrent quelque signe d’ennemi en murmurant et se rebiffant ?

19.24

car un nommé Démétrius, orfèvre, qui faisait des temples de Diane en argent, procurait aux artisans un grand profit,

19.25

et les ayant assemblés ainsi que les ouvriers du même métier, il leur dit : hommes, vous savez que de ce gain vient notre bien-être ;

Démétrius découvre ici vilainement sa malice. Il est licite de pourvoir à son profit particulier jusques à quelque point ; mais c’est une chose par trop méchante, quand un homme pour son profit et bien particulier trouble la paix publique, pervertit le droit et la raison, s’abandonne à violence et meurtres, tâche de propos délibéré à éteindre ce qui est juste et équitable. Démétrius confesse que le point de la matière est que Paul nie que les dieux faits des mains humaines soient dieux. Il ne s’enquiert point si cela est vrai ou non ; mais étant aveuglé de convoitise de gain, il est transporté à opprimer la vraie doctrine. Ce même aveuglement le pousse à chercher des remèdes violents. Les ouvriers aussi sont menés d’une même impétuosité, pour autant qu’ils ont peur de tomber en pauvreté et disette. Car le ventre n’a ni yeux ni oreilles, en sorte qu’il ne donne aucun lieu à équité. Et d’autant plus chacun de nous se doit tenir pour suspect, quand il est question du gain et profit particulier ; afin que la convoitise même laquelle induit ceux-ci à rage, ne nous fasse confondre toute différence qui est entre ce qui est juste et inique, et entre ce qui est honnête et déshonnête.

19.26

et vous voyez et vous entendez que, non seulement à Ephèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a détourné par persuasion une foule considérable, en disant que les dieux faits par les mains des hommes ne sont pas des dieux.

19.27

Et il en résulte le danger, non seulement que pour nous cette industrie ne tombe en discrédit, mais que même le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et qu’elle soit dépouillée de sa majesté, elle que toute l’Asie et toute la terre révèrent.

Premièrement c’est déjà tout à rebours, quand Démétrius ne pense à la religion que finalement en second lieu. Car n’était-ce pas une grande absurdité, de ce qu’il préférait son ventre à sa déesse ? Mais encore ce n’est que mensonge, quand il met en avant que le grand honneur qu’on portait à Diane, est en danger. Car si la doctrine de saint Paul ne lui eût point apporté de dommage, il eût été en repos en sa maison ; et quant à l’honneur de Diane, il n’en eût point été en perplexité, et n’en eût point fait de fâcherie aux autres. D’où lui vient donc un si grand soin et une telle ardeur de solliciter, sinon de sa perte particulière ? Mais pour autant qu’il voit bien qu’il n’aurait point cause assez probable ni honnête pour soi ni pour les autres, il tâche de la farder de quelque couleur empruntée. Afin donc de couvrir le déshonneur de son maléfice, il met en avant le titre de religion, lequel est favorable. En cette sorte, quelque chose que les méchants s’élèvent fièrement contre Dieu, si est-ce qu’avec impudence ils cherchent des couvertures honnêtes d’un côté et d’autre. Mais Dieu ne peut endurer qu’on se moque de lui ; mais plutôt il les tire hors de leurs cachettes, pour les amener en lumière. Il n’est besoin d’amener un autre témoin pour réfuter la méchante hypocrisie de Démétrius ; car il se coupe la gorge par ses propos, quand il découvre la douleur qu’il a de son dommage particulier. Et nous en pouvons bien dire autant aujourd’hui des Papistes. Ils ont les bouches pleines de ces vanteries orgueilleuses, qu’ils sont grands protecteurs de notre mère sainte Eglise, et de la foi catholique ; mais après avoir fait une telle préface magnifique de leur zèle, ils sentent l’odeur de la cuisine à plein gosier, quand on en vient à débattre de la cause. Mais quant à nous, si nous voulons débattre la cause de la vraie religion à bon escient, et en pureté de conscience, il faut que nous mettions en oubli nos propres commodités, en sorte que la gloire de Dieu obtienne le premier lieu. Car l’apparence du profit et du gain éblouit tellement tous les sens par ses allèchements, que combien que nous cheminions par le milieu de toutes sortes de forfaits et méchancetés, toutefois nous nous flattons, cependant que nous avons ce but de pourvoir à notre particulier.

Que toute l’Asie et le monde a, etc. Il semble à Démétrius que ce n’est point raison que la majesté de la grande Diane soit mise bas, vu que tout le monde lui porte honneur et révérence. Et c’est le refuge commun à tous superstitieux, de mettre en avant le consentement de la plus grande multitude. Mais la vraie religion requiert un appui bien plus ferme que n’est celui qui réside en la fantaisie et appétit des hommes. Il n’y a rien qui retienne plus aujourd’hui les pauvres gens simples et ignorants, sinon qu’ils n’osent point rejeter les erreurs ou abus qui sont partout en usage ; car ils ont en eux cette folle opinion, qu’il faut estimer légitime ce que tous ont reçu pour bon, combien que ce soit follement et à la volée, dont ils ne font nulle difficulté d’opposer audacieusement contre Dieu le seul nom de coutume. Mais Dieu nous donne bien une autre règle ; à savoir que nous contentant de sa seule autorité, nous ne nous arrêtions point ni à la folle opinion des nommes, ni à notre usage, ni à la coutume et façon de la pluralité des nations.

19.28

Ayant entendu ces paroles et étant remplis de colère, ils criaient disant : Grande est la Diane des Ephésiens !

19.29

Et la ville fut remplie de ce tumulte, et ils se précipitèrent tous ensemble dans le théâtre, entraînant avec eux Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul.

Saint Luc nous propose ici la nature du peuple comme peinte en un tableau. Comme si un feu avait embrasé mille maisons ensemble ; aussi en un instant toute la ville d’Ephèse a été émue à sédition. Et là où un tel orage a été une fois amorcé, on ne le peut pas puis après apaiser facilement. Or puisqu’ainsi les fidèles serviteurs de Christ ne peuvent pas éviter un tel mal et esclandre, il faut qu’ils soient munis d’une constance invincible, afin que sans s’étonner ils puissent soutenir les émotions du peuple, et ne soient troublés comme d’une chose nouvelle et non accoutumée, quand ils voient bruire le peuple. Ainsi en un autre passage S. Paul se glorifie que d’un courage constant il passe par le milieu des séditions et émeutes, 2 Corinthiens 6.5. Cependant le Seigneur soutient par un bon soulagement les fidèles Ministres de sa Parole, quand ils sont ainsi agités entre divers orages et tempêtes, et les confirme d’une assurance fort bonne, en attestant qu’il gouverne son Eglise. Et non seulement cela, mais aussi qu’il a en ses mains le gouvernement de tous orages, tourbillons, et tempêtes, pour les apaiser quand bon lui semblera. Sachons donc qu’il nous faut naviguer comme en une mer sujette à diverses tempêtes, et qui plus est, qu’il nous faut soutenir ce blâme et diffamation, comme si nous-mêmes avions déclenché ces troubles ; et que rien ne nous détourne de faire notre office en rondeur de conscience. Ainsi cheminant et avançant, il est bien vrai que nous serons travaillés rudement ; mais pour le moins le Seigneur ne permettra point que nous soyons noyés. D’avantage, nous voyons que combien que sédition soit une chose confuse, toutefois le peuple va toujours du côté de la mauvaise cause ; comme ici les Ephésiens ravissent ces deux personnages Gaïus et Aristarque, et repoussent Alexandre par cris furieux. Et d’où vient cela, sinon d’autant que Satan domine et règne en eux, en sorte qu’ils favorisent plutôt une mauvaise cause ? Il y a aussi une autre raison, qu’ils sont tellement préoccupés en leurs entendements par faux rapport, qu’ils ne peuvent prendre la patience de s’enquérir de la cause.

19.30

Et comme Paul voulait se présenter devant le peuple, les disciples ne le lui permettaient pas.

On peut bien voir ici la constance de S. Paul, et en même temps sa grande modestie. Il se pouvait bien cacher, et en sûreté ; et nonobstant il est prêt de s’exposer de son bon gré en danger. Tant il y a toutefois qu’il ne refuse point de suivre le conseil de ceux qui connaissaient mieux l’état des affaires. S’il n’eut point été retenu, ce qu’il avait délibéré de faire ne devait pas être imputé à outrecuidance ni témérité. Il n’était aucunement coupable du trouble qui était embrasé ; pourquoi n’exposerait-il pas sa vie ? vu même qu’il ne désespérait point que l’issue n’en fût bonne ? Mais quand il y a avertissement des frères et amis expérimentés, en cela sa modestie est digne de louange, qu’il ne poursuit point obstinément sa délibération.

19.31

Et quelques-uns même des Asiarques, qui étaient ses amis, ayant envoyé vers lui, l’exhortaient à ne point se rendre au théâtre.

19.32

Les uns donc criaient une chose, les autres une autre ; car l’assemblée était tumultueuse, et la plupart ne savaient même pas pourquoi ils étaient réunis.

19.33

Et l’on instruisit un homme tiré de la foule, Alexandre, que les Juifs poussaient en avant. Et Alexandre, faisant signe de la main, voulait adresser au peuple une apologie.

Il est à croire que cet Alexandre n’a point été poussé par les Juifs pour défendre la cause commune des gens de sa nation ; mais d’autant qu’ils désiraient de le livrer comme proie entre les mains du peuple. Cependant le nom de Juif l’a rendu si odieux, que le peuple a rejeté avec tumulte et grand bruit tout ce qu’il devait dire pour maintenir la cause ; et même en cette émeute et si grande furie du peuple, il a été bien prés de la mort. Au reste, on ne saurait pas bien dire si c’est cet Alexandre duquel S. Paul fait mention ailleurs, 1 Timothée 1.20 ; 2 Timothée 4.14 ; nonobstant je trouve vraisemblable que c’est lui. Que si nous croyons que ce soit lui, apprenons par cet exemple épouvantable, de cheminer avec sollicitude, de peur que Satan ne nous tire à une semblable apostasie. Car nous voyons que lui qui était près d’endurer le martyr, est devenu apostat malheureux et déloyal.

19.34

Mais dès qu’ils reconnurent qu’il était Juif, tous d’une seule voix crièrent pendant près de deux heures : Grande est la Diane des Ephésiens !

Ç’a été une confession faite à haute voix ; mais sans aucune fermeté, vu qu’elle ne procédait point d’une foi de cœur. Car d’où vient reste grande divinité de Diane, laquelle ils louent si hautement, sinon que comme transportés d’esprit, ils maintiennent furieusement l’erreur, de laquelle ils avaient été une fois abreuvés ? C’est bien une autre chose de la vraie piété ; à savoir que nous croyons de cœur à justice, et puis après fassions confession de bouche à salut. En cela nous voyons la différence entre la fureur des esprits transportés et l’obstination forcenée de tous les fanatiques, et entre la constance et le zèle des Martyrs du Fils de Dieu. Et toutefois nous devrions avoir honte de notre lâcheté, si nous nous montrons moins vaillants et hardis en la profession de la foi, laquelle est assurée et bien certaine, qu’eux se montrent en leur erreur puante. Car nous entendons ce que l’Esprit de Dieu nous dicte par David, Psaumes 116.10 ; j’ai cru ; c’est pourquoi je parlerai.

19.35

Or le secrétaire, ayant apaisé la foule, dit : Hommes Ephésiens ! qui est donc l’homme qui ne sache pas que la ville des Ephésiens est la gardienne du temple de la grande Diane, et de son image tombée du ciel ?

Saint Luc explique ici, que le trouble fut tellement apaisé, que nonobstant la superstition fut la plus forte envers ce peuple enragé, et la vérité de Dieu n’a point été écoutée. Car le greffier (comme ont accoutumé de faire gens politiques) ne demande autre chose que de pouvoir apaiser par quel que moyen que ce soit, ce peuple ainsi mutiné. Cependant la cause est ensevelie. Il est certain qu’il voyait bien la malice de Démétrius, et comment il avait troublé la ville, abusant du prétexte de religion pour la faire servir à son profit particulier ; mais il ne touche point le mal, qui était caché à ce peuple simple et ignorant. Cependant pour apaiser la sédition, il loue hautement la fausse divinité de Diane, et maintient le service et l’honneur de celle-ci, pleins de superstition. Si S. Paul eût été à cette heure-là au théâtre, il eût plutôt enduré la mort cent fois, que de souffrir que par une telle malheureuse récompense on le rachetât du danger éminent. Car combien que le greffier n’avait eu charge de Paul de parler en cette sorte, tant il y a toutefois que Paul qui était témoin public, et héraut de la doctrine céleste, se fut montré déloyal en dissimulant cette harangue profane. Le greffier dit que la statue que les Ephésiens honoraient, était descendue du ciel, et que Paul et ses compagnons n’avaient rien dit au déshonneur de leur déesse. Eût-il été loisible de se taire, que par son silence il n’eût approuvé cette fausse excuse ? Or cela eût été donner la main et favoriser à l’idolâtrie. Ce n’est donc point sans cause que saint Luc avant que passer outre, a montré que les frères ont gardé S. Paul d’entrer au théâtre.

19.36

Cela étant donc incontestable, vous devez vous apaiser et ne rien faire avec précipitation.

19.37

Car vous avez amené ces hommes qui ne sont ni sacrilèges, ni blasphémateurs de notre déesse.

C’est à bon droit et en vérité qu’il nie qu’ils fussent sacrilèges ; mais tantôt après il donne une fausse définition de ce sacrilège ; à savoir de parler au déshonneur de Diane. Car comme ainsi soit que toute superstition est profane et polluée ; il s’ensuit que tous hommes qui transfèrent l’honneur du seul Dieu aux idoles, sont sacrilèges. Mais ce qui est ici loué et prisé en ce greffier, c’est sa prudence, voire charnelle, et non point la crainte qu’il eût de Dieu. Car il regardait seulement à ce but, d’éteindre la flamme de la mutinerie ; et pourtant il fait finalement la conclusion : Que si Démétrius a quelque cause ou différend en particulier, il y a les requêtes, et bonne justice ; semblablement, il y a des Proconsuls et Juges. Et quant aux affaires publiques, elles devaient être traitées en une assemblée légitime, à savoir qui ne fut point émue de troubles ; mais qui fut assemblée par ordonnance et édit du Magistrat, et non point accourue à l’appétit forcené d’un homme. Il dit Proconsuls en nombre pluriel, non pas qu’il y en eût plus d’un en Asie ; mais pour ce qu’en lieu des Proconsuls, leurs lieutenants tenaient quelques fois les assises. Il les apaise aussi par crainte ; pour ce qu’ils avaient donné occasion au Proconsul de maltraiter la ville.

19.38

Que si Démétrius et les artisans qui sont avec lui ont quelque plainte à faire contre quelqu’un, on tient des audiences publiques, et il y a des proconsuls ; qu’ils s’appellent en justice les uns les autres.

19.39

Et si vous avez quelque autre question à proposer, on la décidera dans l’assemblée légale.

19.40

Car nous sommes même en danger d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, puisqu’il n’existe aucun motif que nous puissions invoquer pour rendre raison de cet attroupement. Et ayant dit cela, il congédia l’assemblée.

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